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998Le jour où nous exposions la tendance principale que nous percevons du candidat Ron Paul, comme celle d’un antifédéraliste nécessairement conduit dans des temps extrêmes à envisager le cas de la “Nullification” qui est la porte ouverte à la sécession des États de l'Union aux USA (voir le 17 janvier 2012), le Guardian, sur son DataBlog, abordait une sujet de communication et d'information intéressant (le même 17 janvier 2012, par conséquent).
Le Guardian signalait la mise en place, sur le site Urban Mapping (un site d’“information cartographique”, disons), d’une “carte de la sécession” visualisant tous les mouvements sécessionnistes US et le résultat cartographique si leurs revendications étaient rencontrées, avec les informations allant avec. On y trouve la “carte de la sécession”, accompagné de ce texte de présentation :
«Secessionist Movements and National Indicators, – Select a secessionist region on the map or on the left under Movement Descriptions to learn more about the movement’s history. Then select an indicator from the People, Economy or Public Health tabs to see how these US movements stack up statistically against each other and the rest of the world.»
Le texte du Guardian dit notamment ceci.... (Et l'on observera aussitôt qu'il ne manque pas de citer, comme deux exemples, des mouvements et des hypothèses de sécession avec des caractéristiques statistiques choisis plus pour ridiculiser le mouvement que pour en faire une présentation équilibrée et conceptuelle, cette démarche selon un réflexe-Système standard) :
«The map […] looks at 30 or so historic and recent US secessionist movements and examines what would happen if each had become an independent state. […] What would their GDP be or their literacy rate, life expectancy or teen pregnancy figures? Interestingly, the map also compares them to other actual countries.
»So, the Third Palmetto Republic, which calls for the independence of South Carolina would see a country which has a lower voter turnout than the Democratic Republic of Congo (although to be fair, higher than Washington DC); lower adult literacy than Kenya, Libya, Swaziland or Saudi Arabia; and a GDP per head of $32,505 - compared to the UK's $36,099.
»Then there's the area of Nicajack - a proposed neutral state in Eastern Tennessee and Northern Alabama during the US Civil War - which now has a lower life expectancy for men than Albania (but just beats Vietnam and Uruguay).»
Il y a des idées, des concepts, des perceptions qui existent et se développent spontanément, sans nécessaire manigance humaine ou une quelconque planification. Ce sont, en utilisant par analogie l’expression empruntée à la chanson populaire, des idées “whose the times have come”. La sécession est de celles-là, particulièrement aux USA ; elle l’est d’autant plus qu’elle paraît ridicule, démodée, folklorique, à l’“esprit du temps” qui est, lui, mécaniquement réglé par le Système…
Il est effectivement intéressant de lire un jugement implicite et indirect du mouvement de sécession, au travers des exemples “innocemment” choisis par le Guardian, – et qui le sont peut-être d'ailleurs, “innocents”, comme une sorte de réflexe-Système inconscient lié au conformisme de l'esprit, – où telle ou telle hypothèse de sécession nous conduit à des situations hypothétiques de parties des USA comparables, selon des données statistiques variables, au Congo, au Swaziland ou à l’Albanie… (En passant, indirectement mais de manière bien révélatrice, – autant pour la répartition équitable de l’American Dream et le succès selon les activités de la modernité des USA as a whole.) Il est par ailleurs évident que ces commentateurs-Système sont absolument impuissants à juger un fait ou une idée selon d’autres références que les statistiques économiques et assimilées à l'économisme, du système économique et financier qu’ils défendent et dont ils dépendent, qui est une mécanique dont l’orientation et le dessein sont ceux de la plus complète entropisation du monde, – ou le monde réduit à sa propre entropie.
Le système de communication étant le Janus qu’on sait, il nous expose donc que ces idées ridiculisées par l’une de ses faces (le Guardian), selon “l’esprit du temps”, sont effectivement dans “l’air du temps” comme le montre la mise en ligne de cette “carte de la sécession” aux USA. Ainsi sommes-nous dans un temps où “l’air du temps” s’oppose à “l’esprit du temps” ; “l’air du temps” est ce qui nous presse, ce qui nous vient de l’extérieur du Système, qui est la résistance et l’émeute antiSystème par tous les moyens, et par des forces qui nous sont familières et d’autres qui nous sont inconnues, et évidemment supérieures ; “l’esprit du temps”, c’est, pour le temps courant qui est le plus obsessionnellement totalitaire qu’on ait connu dans l’histoire du monde, celui du Système, c’est-à-dire à la fois l’esprit de l’entropie et l’esprit du “Rien” («L’énorme poids du rien», disait le comte Joseph). (On observera, bien entendu, que l’idée de sécession, notamment au travers de ce qu’on appelle les “néo-sécessionnistes”, est explicitée d’une façon plus ouverte et plus attachée à la compréhension du phénomène, lorsqu’elle est abordée par un esprit tel que celui du “dissident” US Chris Hedges, – voir nos textes des 26 avril 2010 et 27 avril 2010.)
Nous l’avons dit tant de fois et nous le répétons : l’idée de sécession est, aux USA, vertueuse, parce que c’est une idée que le Système exècre, parce que c’est une idée attentatoire à sa surpuissance, parce que c’est une idée antiSystème. Bienvenue à la “carte du sécessionnisme”, quelles que soient les intentions que ses concepteurs y aient mis, et bien aise qu’elle soit signalée comme une nouveauté, une de “ces idées dont le temps est venu”.
Mis en ligne le 18 janvier 2012 à 05H01
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