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28 septembre 2003 — GW est bien seul ces jours-ci à Washington. Il l’ignore encore mais quelqu’un finira bien par le sortir de sa bulle pour l’en aviser. Ou bien non, peut-être, — on verra.
Reste, et c’est le sujet de cette semaine sans doute, que l’évolution des forces et des opportunités, aujourd’hui à Washington, est de quitter le bateau qui pourrait bien se mettre à couler, et de “tirer sur le pianiste”. Plus personne ne s’étonne d’événements pourtant extraordinaires. L’achat d’une pleine page du New York Times pour demander la démission de Rumsfeld est un de ces événements extraordinaires ; cette publication annonce le départ d’un action nationale, organisée par le mouvement MoveOn.Org, pour obtenir la tête du secrétaire à la défense en attendant mieux. N’essayons pas de mesurer les chances d’une telle initiative, contentons-nous d’observer qu’elle existe, au milieu d’une multitude d’autres déclarations, prises de position, etc. Le calvaire de GW a commencé.
Jim Lobe, dans une chronique publiée hier, résume une semaine qui restera sans doute comme marquante dans la chute désormais inexorable de l’administration GW Bush (quelle que soit l’issue de cette chute, qui est une autre question). Il commence son article par une image météorologique à l’image de ces temps tumultueux, comme si la crise des hommes répondait à la crise climatique dont ils sont en grande partie responsables.
« As the Washington, DC, area recovers from effects of Hurricane Isabel, US President George W Bush keeps trying to divert the potential “perfect storm” forming from the combination of the constant stream of bad news coming out of the Middle East and growing domestic discontent over the war and occupation in Iraq.
» That storm is likely to gain even more force when the public has a chance to absorb this past week's events, which mostly slid under the media radar as Isabel approached the capital. »
L’ampleur du désastre est perceptible dans l’accueil qui est systématiquement fait désormais à toutes les prestations du gouvernement.
• Le discours de GW Bush aux Nations-Unies a été aussi mal accueilli à Washington qu’il l’a été dans les couloirs des Nations-Unies. Aucun réflexe de solidarité avec le président de la part de l’establishment, même lorsque le président est placé face aux critiques internationales.
• Les auditions au Congrès sont devenues d’extraordinaires séances de critique de l’action du gouvernement. Même un homme comme Rumsfeld, dont on connaît l’abattage et la puissance de persuasion, est obligé d’écouter une avalanche de critiques lorsqu’il se rend au Congrès pour expliquer à quoi vont servir les $87 milliards que l’administration demande aux parlementaires pour l’Irak. Les journalistes sont aujourd’hui capables de publier des reportages sur ces auditions en ne reprenant pratiquement que les seules attaques des parlementaires contre le gouvernement.
L’administration GW Bush poursuit donc son destin, non pas vers un gouvernement autoritaire comme on l’avait craint, et malgré des mesures sans précédent à cet égard, mais vers un gouvernement de plus en plus plongé dans le désordre, et de plus en plus affaibli devant les pressions des divers pouvoirs washingtoniens. La violence du débat qui s’installe à Washington est mesurée par l’intervention du sénateur Edward Kennedy, du 18 septembre, dont la dureté a créé un véritable choc : « In an interview with The Associated Press Thursday, Kennedy said the case for going to war against Iraq was a fraud “made up in Texas” to give Republicans a political boost and the money for the war is being used to bribe foreign leaders to send troops. »
La crise internationale quitte le théâtre des opérations en Irak pour le théâtre pré-électoral de Washington, au coeur de l’“hyper-puissance” qui voulait être un empire. C’est là, désormais, que vont s’exacerber les tensions, dans un establishment américain qui est en train de perdre les derniers vestiges d’unité de son attitude patriotique post-9/11. Ce nouvel épisode de la crise va au moins durer jusqu’au début novembre 2004, et peut-être au-delà.