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318912 avril 2021 – Le fameux volcan de La Soufrière est entré dans une violente éruption depuis le milieu de la semaine dernière, avec d’autres épisodes de cette éruption possiblement à venir. (Le volcan en est à sa sixième éruption : 1718, 1812, 1814, 1902/03, 1979 et 2021.) A cette occasion dramatique est apparu, dans tous les cas dans les premières réactions, le cas extrêmement polémique et volatile du choix des personnes vaccinées-Covid comme devant être sauvegardées en priorité, au détriment éventuellement et évidemment des non-vaccinées.
Je m’y attarde en m’en tenant aux premiers éléments de l’affaire qui ont mis en évidence les réactions immédiates des divers groupes d’intérêts et des diverses autorités dans ce genre d’incidents. Il s’agit d’une indication sérieuse. Cette sorte d’incidents devrait alors, et bien entendu, se renouveler dans les mois et les années qui viennent, puisque l’“époque covidienne” est faite comme on s’en convainc de plus en plus pour durer.
ZeroHedge.com a aussitôt privilégié cet aspect du compte-rendu de la catastrophe volcanique. Effectivement, son importance théorique, comme une sorte de jurisprudence d’une tendance autoritaire pouvant aller dans certains esprits jusqu’à l’appréciation au terme de sa logique d’une tendance génocidaire, ne peut être écartée dans les éléments d’un jugement qu’on peut porter. Il s’agit d’une mesure qui entre dans une catégorie de contrainte nouvelle, dans le contexte de tension et de contestation extrême autour de la pandémie Covid et des vaccinations ; cette catégorie pouvant, dans le vocabulaire de nos société si promptes à s’afficher dans la défense des droits, des libertés, des intégrités diverses, être nommée “ségrégation vaccinale” dans le cadre de la “crise sanitaire”.
« Seules les personnes vaccinées peuvent évacuer l’île sur des bateaux de croisière après l’éruption, vendredi, du volcan La Soufrière sur l’île de Saint-Vincent, dans les Caraïbes orientales. Cela crée une société “à deux vitesses” où les personnes vaccinées auraient déjà quitté l’île sur des bateaux de croisière tandis que les personnes non vaccinées étoufferaient sous l’amas des cendres volcaniques.
» Et juste comme ça, en un claquement de doigt [sous les cendres brûlantes du volcan], la jurisprudence catastrophique du “laisser-passer vaccinal-Covid” a été établie [...] sous la sinistre clarté de l’urgence d’une situation de vie ou de mort.
» Comme le confirme le tweet de CBS, nous sommes entrée dans la théorie du “Brave New World’, opérationnalisée dans un scénario de cauchemar...
» “Les bateaux de croisière évacuent maintenant les gens de l'île, – mais seulement ceux qui ont été vaccinés contre le COVID-19. pic.twitter.com/oPBCDHhSpa — CBS Evening News (@CBSEveningNews) April 9, 2021” »
Cette nouvelle a été confirmée ensuite par des déclarations officielles, peut-être un peu rapides et sans en mesurer tous les effets, notamment du premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
« Le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, a déclaré lors d’une conférence de presse samedi que seules les personnes vaccinées pourraient être évacuées sur les navires de croisière.
» “Le médecin en chef serait chargé d'identifier les personnes déjà vaccinées afin que nous puissions les faire monter sur les navires”, a déclaré M. Gonsalves aux journalistes.
»Les règles de vaccination de M. Gonsalves semblent avoir été appliquées par les nations insulaires de la Barbade, de la Grenade, d'Antigua et de Sainte-Lucie. Ces pays n’acceptent que les réfugiés entièrement vaccinés. »
Le site Spoutnik-français donne des indications allant dans le même sens, mais d’une façon moins affirmative, d’une façon générale pour les événements et lorsqu’il s’agit des sociétés privées qui assurent l’évacuation par mer. Cette affaire est évidemment abordée par ces sociétés de croisière de luxe avec prudence en fonction des intérêts en jeu, mais peut-être avec un peu moins de cette prudence ou sur un autre plan lorsqu’il s’agit des vies en jeu ; ce mélange et ce croisement de la situation avec des intérêts commerciaux liés à des industries de luxe d’une part, et avec la pauvreté d’une partie de la population (les non-vaccinés dans tous les cas), rend encore plus sordide et éventuellement plus significative cette affaire. Il nous faut tenir compte également du fait, qui rend le cas encore plus complexe et éventuellement encore plus sordide puisque nous sommes dans ce domaine, que l’île vient à peine, – une question de jours, – de recevoir du matériel de vaccination.
On cite Spoutnik-français :
« En effet, CBS News annonçait le même jour que “seuls les vaccinés contre le Covid” étaient autorisés à monter à bord des navires de croisière participant à l’opération de sauvetage. Il s’agit d’embarcations de deux compagnies de croisière, Royal Caribbean International et Celebrity Cruises, lesquelles ne formulent cependant pas, dans leur communiqué ad hoc, de restrictions concernant les éventuels passagers. Elles indiquent simplement que “toutes les précautions seront prises pour protéger la santé et la sécurité de l'équipage et des passagers qui montent à bord de nos navires”. La vidéo de CBS News a tout de même suscité une vague d’indignation face à cette “discrimination” [éventuellement sanitaire].
» “INSANE: ‘Cruise ships are evacuating people from the island, but only those vaccinated against covid.’ What in the hell pic.twitter.com/FuKq3IU1i7 — Drew Hernandez (@DrewHLive) April 10, 2021”
[…]
» Il est à noter que Saint-Vincent n’avait reçu le premier lot de vaccins anti-Covid que deux jours avant l’éruption, comme l’a annoncé sur son site l’Organisation panaméricaine de la Santé. Depuis le début de l’épidémie, en mars 2020, le pays a enregistré 1.766 cas et 10 décès dus au coronavirus. »
On s’arrêtera ici pour les détails divers et les prolongements, sinon l’évolution de cette affaire. On devrait voir rapidement certaines mesures de communication pour effacer l’impression malheureuse sinon désastreuse donnée par les premières annonces que seules les personnes vaccinées, dans un lieu où les vaccins viennent à peine d’arriver et où la pandémie a été extrêmement faible, seraient évacuées par mer. On ne manquera pas également de mettre en évidence qu’il existe d’autres moyens d’évacuation (par terre, vers la zone de l’île la plus éloignée du volcan)... Bref, on s’emploiera à noyer le poisson avec le plus d’efficacité possible.
Il reste le cas lui-même, qui existe, dans la mesure où il a existé au moins pendant quelques heures, ou quelques jours, et qu’il perdurera sans doute d’une façon dissimulée, – je pense que cette hypothèse peut être avancée avec beaucoup d’insistance. Je crois qu’il faut aborder cette “crise de la ségrégation vaccinale” dans la catastrophe de l’éruption avec la plus grande mesure possible, pour ne pas tomber dans l’emportement de l’activité complotiste, d’une intensité absolument extraordinaire dans cette super-crise de la Covid.
Par ailleurs, cette intensité complotiste est elle-même une indication de l’ambiguïté et de la vulnérabilité de cette crise à toutes les hypothèses et accusations. Dans ce cas, le “complotisme” est à la fois un excès parfois grotesque et souvent saoulant ; et à l’inverse, il est une mesure réelle du caractère extrêmement suspect de cette crise. J’ajouterais que d’une part la durée de la super-crise Covid, et ses perspectives presque “infinies” pour certains, dans tous les cas perspectives très longues, sans aucun doute à décompter en années ; et d’autre part les réactions chaotiques et désordonnées, sans coordination, des diverses autorités dans les divers lieux, avec les diverses interférences politiques, font de la Covid, désormais, une pièce maîtresse de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES).
Pour mon compte, le point principal à souligner est que le désordre qui est le caractère principal de la GCES se retrouve complètement dans la perception de la pandémie, dans la lutte contre elle, dans la critique de cette lutte, dans les soupçons divers qui se développent continuellement. La Covid est une crise extraordinairement bien “adaptée” à la Grande Crise qui nous affecte ; cela nous convainc qu'elle en est à la fois le signe, la production et l’identification ; cela nous suggère qu'elle est là pour durer.
C’est dans ce cadre qu’il faut, pour ce que j’en crois, apprécier l’épisode de départ de l’éruption de La Soufrière. Évidemment, toute une catégorie des plus pauvres souffre infiniment dans ce genre d’événement. On peut rappeler l’ouragan Maria, qui a frappé Porto-Rico en 2019, qui a provoqué des dégâts inouïs, une crise sans précédent, tout cela incroyablement dissimulé parce que Porto-Rico, territoire rattaché aux USA mais sans statut d’État bien entendu, est traité par les USA comme une sous-réserve d’Indiens du temps de leur liquidation. Personne ou presque n’a dit mot de Porto-Rico dévasté, et notamment aux USA où l’affaire fut absolument dissimulée comme ne présentant aucun intérêt, y compris pour les démocrates bien trop occupés à dénoncer les ignominies passés des USA auprès des descendants des victimes de ces ignominies, qui, eux, votent aux USA, au contraire des Portoricains. Le drame de La Soufrière aurait pu se passer un peu de cette façon, – mais là, non, c’est une autre époque et une autre forme de l’événement et cela ne se passera pas comme ça...
Cet incident en marge de l’éruption de La Soufrière, quelle que soit son issue, constitue sans aucun doute un signe avant-coureur de situations qui vont se multiplier, autour de la question de la vaccination qui a d’ores et déjà une dimension polémique et crisique planétaire. Il opérationnalise les nombreuses thèses, théories et accusations lancées contre les autorités diverses, par nombre de groupes et de partisans des thèses de complots aussi divers.
Il y a fort à croire que plus on tentera soit un retour à une sorte de “normale”, si on l’envisage, soit une sorte de régulation globale, ce type d’incident se multipliera effectivement. Les interférences des activités capitalistes, notamment celles du tourisme, dans des situations inattendues ou de tension violente constituent un facteur considérable de désordre à cet égard. Quelles que soient les suites, quelle que soit la diffusion de ces incidents au moins du début de l’évacuation, mon sentiment est qu’on doit le considérer d’ores et déjà comme une répétition générale, ou comme un “modèle” d’incidents à venir, et d’une façon générale de la déstabilisation qui va s’installer d’une façon durable, hors des seules considérations sanitaires qui ont dominé jusqu’ici.