La stratégie anti-JSF de Boeing se développe

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Boeing a présenté des perspectives de développement de son projet dit Silent Eagle (le F-15SE, – un F-15 doté de capacités furtives et autres nouveautés). La nouvelle est présentée par Stephen Trimble, de Flight International, le 3 juin 2009.

«Boeing is seeking risk-sharing partners to develop a new version of the F-15E Strike Eagle that adds stealth characteristics and a new electronic warfare suite to the multi-role fighter. The risk-sharing deals would shorten the timeline to develop the renamed F-15 Silent Eagle, which possibly would lower its estimated $100 million cost, Chris Chadwick, president of the military aircraft division, said on 3 June at a media roundtable hosted by Boeing.»

Les mêmes sources de Boeing placent nettement le développement du F-15SE comme un effort de concurrence du JSF, en affirmant que les capacités de cette version du F-15 sont largement équivalentes à celles du même JSF pour un prix moindre et une cellule largement confirmée. La chose est violemment contestée par le général des Marines Heinz, qui dirige le JSF Program Office (JPO) du Pentagone, que le même Trimble a rencontré.

«The F-15SE is aimed at challenging the F-35 on the foreign market, with Boeing targeting existing F-15 operators Israel, Korea, Japan and Saudi Arabia for potential sales.

»Israel has launched a foreign military sales case to buy up to 50 F-35s, but the discussions have reportedly dragged out over price and technology access issues. “The reason Israel has slowed down on the JSF is because of the price,” said Chadwick, speaking to reporters during a media roundtable hosted by Boeing. “The worse time you can buy a fighter is during the initial stages because the capability comes along later and the learning comes along later,” he said.

»The F-15SE also remains in discussions with the US government about export release, Chadwick said. Boeing claims that the F-15SE's frontal aspect radar cross section will match the international release standard for the F-35.

»However, both Lockheed and JSF programme officials dismiss that statement. “What [Boeing] is talking about makes no sense,” Brig Gen David Heinz, the F-35 programme executive, said at a 2 June press conference. Heinz said the F-35 sold overseas will not have a reduced stealth profile compared to US jets, and that the F-35's stealth characteristics are inherently superior to the F-15.»

Trimble a également parlé de la stratégie générale de Boeing contre le JSF, selon ce qui est informellement autorisé ou pas par le Pentagone, semble-t-il… Echange avec la présidente de la division avions militaires chez Boeing, Chris Chadwick, puis avec l’un ou l’autre porte-parole de Boeing (toujours le 3 juin 2009, dans Flight International)…

«…Boeing's internal policy bans “marketing” the F/A-18 or F-15 to Tier 1 and Tier 2 JSF partners (UK, Italy and the Netherlands), but it is “providing information” to those countries. I asked Boeing later to explain the difference. “For the purposes of this discussion, you can take ‘marketing’ to mean proactively soliciting decision makers in new markets, with intent to create an opportunity for our aircraft,” a spokesman said. “By ‘providing information’ we mean that we are responding to an unsolicited request (formal or informal) for information about our products/systems.”»

C’est tout un dispositif Boeing qui est en train de se mettre en place, pour une contestation structurée du JSF. La description de la façon dont Boeing entend ne pas interférer sur les marchés JSF des principaux pays coopérants du programme (Hollande, Italie et UK) est ambiguë, voire caricaturale (ne pas proposer d’informations sur les offres Boeing aux gouvernements de ces trois pays mais les leur en fournir s’ils les demandent). Cela semble signifier qu’il y a des instructions ou des recommandations du Pentagone mais qu’elles sont passablement incertaines ou mal définies; il se pourrait qu’il y ait certaines interférences contradictoires à cet égard au sein de la communauté de sécurité nationale à Washington.

Le JPO espérait que le gouvernement interdirait toute concurrence de Boeing sur des marchés d’ores et déjà prospectés, sinon “annexés” par le JSF, et sa réaction aux premières indications selon lesquelles Boeing envisageait de transgresser cette “règle” avait été furieuse. Il semblerait donc qu’il n’y ait aucune autorité décisive pour trancher ce cas du monopole complet pour les USA du JSF pour les marchés considérés. Le résultat est qu’effectivement Boeing joue complètement son propre jeu tout en respectant l’apparence de certaines règles, tant avec le F/A-18 Hornet (concurrent effectif au Danemark et en Australie contre le JSF) qu’avec le F-15 modernisé (F-15SE). Cette situation ajoute au désordre régnant dans l’environnement du JSF et, en général, sur le front de l’exportation des avions de combat où les USA prétendent exercer une domination absolue. Cette domination absolue est exercée à partir d’un outil totalement pourrie, le JSF, pour lequel on a verrouillé initialement la situation mais dont l’évolution rend, peu à peu, cette domination de moins en moins supportable, et donc de moins absolue.

Bien entendu et comme on le sait, d’autres concurrents du JSF, non-US ceux-là, commencent à figurer dans les diverses compétitions en cours ou comme alternative. Le dernier cas est celui du Canada. Le même Flight International du 3 juin 2009 signale que la société suédoise SAAB relance son attaque contre la décision norvégienne en faveur du JSF, en Norvège où la contestation intérieure anti-JSF se développe.


Mis en ligne le 5 juin 2009 à 07H16