La Tchéquie de plus en plus incertaine?

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Concernant la question du BMDE, les Polonais ont, ces dernières semaines, fait passer le message insistant, jamais contredit par les Tchèques, selon lequel les Tchèques et eux-mêmes agissent 1) en parfaite coordination et en parfaite information réciproque les uns avec les autres, et 2) selon une analyse du fond du problème qui leur est commune. A partir de là, on peut s’interroger de savoir si la parfaite image d’une Tchéquie particulièrement anxieuse de signer son accord sur les deux bases radar du BMDE avec les USA est vraiment conforme à la réalité. Ce sont les Américains qui ne cessent de nous diffuser cette image idyllique, tandis que les Tchèques, encore enthousiastes pour cette diffusion il y a quelques mois, tendent plutôt aujourd’hui à mettre en évidence toutes les difficultés restantes pour la signature de cet accord.

Pourtant, Condi Rice s’arrête le 8 juillet à Prague, officiellement, selon Washington dans tous les cas, pour signer le susdit accord. Ce sera une journée intéressante. (Il faut noter que, depuis février, la signature de l’accord entre la Tchéquie et les USA, formellement fixée, a été repoussée à deux reprises. Dans tous les cas, l'accord éventuellement signé sera soumis à la ratification du Parlement, ce qui est loin d'être chose acquise.)

En Tchéquie, c’est manifestement le mécontentement populaire anti-BMDE qui est l’obstacle le plus ardu à l’installation des bases. Le mouvement anti-bases, dit “No Bases Initiative”, a pris des proportions et une dimensions tout à fait inattendues. Selon la presse tchèque, ce mouvement populaire est le plus puissant depuis le mouvement populaire anti-communiste (la “révolution de velours”) qui abattit le régime communiste à l’automne 1989.

La présentation officielle de la position du gouvernement dans la perspective d’un échec de l’arrangement avec les USA s’appuie sur une appréciation assez sentimentale, selon Jiri Pehe, un analyste politique tchèque. «The Czech government went for this deal on the presumption that we owe the United States for what it did for us before the fall of communism. But a huge majority of Czechs are against the radar. They don't see why we should accept this at all, and if we do, why we shouldn't ask for something in return from the richest country in the world.» Pour ce qui concerne cet aspect des choses, on suggérera une version un peu plus nuancée, éventuellement moins bucolique, portant sur l’allégeance automatique mais néanmoins pas dénuée d’intérêt des dirigeants de l’Europe de l’Est pour les USA depuis la chute du communisme. Les Polonais sont les premiers à envisager de s'en dégager d’une part à cause de leur enthousiasme initial conduisant à une déception à mesure, d’autre part à cause de l’importance du pays qui peut rechercher des rapprochements différents et manifeste également un sens national beaucoup plus vite excédé par le comportement US. Les dirigeants tchèques actuels sont plutôt à la taille de leur pays. Les citoyens tchèques, par contre, avec un relais possible de la représentation parlementaire, ont une autre idée de leur indépendance et de leur souveraineté.


Mis en ligne le 5 juillet 2008 à 15H21