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1614Nous avons toujours eu une grande estime pour Tom Engelhardt et son site Tomgram. Il est l’un des rares commentateurs dissidents, sur l’internet, que nous avons toujours suivi sans jamais voir décroître notre intérêt pour ses écrits depuis que nous l’avons découvert, sans doute autour de 2001 et de 9/11. Son approche des actuelle sélections présidentielles, avec son cortège de surprise, et bien entendu Donald Trump en tête, – approche qu’on peut apprécier au travers des commentateurs extérieurs qui figurent régulièrement sur son site mais qu’il présente lui-même d’une introduction, – ne nous a pas, par contre, enthousiasmé. Ainsi de l’article d’Andrew Bacevich du 1er mars, que nous avions mentionné le 3 mars plus pour les commentaires négatifs qu’il avait suscités que pour ses arguments anti-Trump. Il arrive que les plus proches connaissent des divergences d’analyse.
Par conséquent et en toute logique, c’est avec d’autant plus d’intérêt, sinon de satisfaction (on verra) que nous accueillons l’article d’Engelhardt lui-même, ce 28 mars précisément, où déjà les deux titres (celui de son introduction et celui de l’article lui-même) nous disent tout de l’argument central, qui rejoint par certains aspects notre analyse et nous débarrasse de l’attaque critique du seul Trump qu’on lisait, par exemple, chez Bacevich : « Engelhardt, Donald Trump n’est pas le seul responsable », et « L’entrée sur un territoire inconnu à Washington – S’agit-il d’un Nouveau-Monde américain ? » il s’agit d’un article complexe par rapport à ce que nous savons et aux thèses que nous suivons : Engelhardt reste anti-Trump pour des raisons idéologiques, parce qu’il y voit un prétendant-dictateur, et pourtant cette conviction ne le satisfait plus alors qu’il constate que le système de l’américanisme (le pouvoir, ses acteurs, ses composants, ses actes) est d’ores et déjà “trumpien” selon ce que lui-même entend par là... D’où, on le conçoit aisément, la complexité du propos et la perplexité de l’auteur.
Tout le texte de Engelhardt est parcouru du même constat : ce qui se passe est sans précédent. A cela, nous n’avons rien à redire, sauf à susurrer que l’apparition d’un canidat que la gauche désigne comme un “faciste” n’est certanement pas suffisant, loin de là, pour justifier l'argument que la situation est “sans précédent” « Prenez cette affirmation de la part d’un vieux type de 71 ans qui a passé des décennies à observer attentivement le fonctionnement de notre vie politique, écrit Engelhardt : il ne s’agit en aucune façon d’une élection de la sorte que tous nos livres d’histoire nous ont appris qu’elle forme un processus absolument crucial de la démocratie américaine… »
Prenons le cas le plus extrême selon Engelhardt, qui est bien entendu celui de Donald Trump, le cas le plus cauchemardesque selon lui et la plupart des libéraux (progressistes) dont il est lui-même (dissident plutôt de gauche), – Donald Trump comme un nouvel Adolf Hitler, un nouveau Benito Mussolini ou une sorte de ces démagogues extrêmes à-la-Juan-Peron. Il semble qu’on puisse justifier ces comparaisons par le fait que ce qui arrive dans notre monde est si extrême qu’il est nécessaire d’aller aux références les plus extrêmes ; puis Engelhardt précise aussitôt : « mais il s’agit encore [cette rédérence] de quelque chose que nous connaissons. Il s’agit de quelque chose que nous avons déjà rencontré, quelque chose qui a un sens grâce au passé... » Ce qu'Engelhardt veut dire, c'est qu'au fond, comparer Trump à Hitler c’est, d’une façon paradoxale se rassurer parce que la référence existe, qu’elle a existé, tout horrible et épouvantable qu’elle soit pour ces braves consciences démocratiques et progressistes. Et puis vient la question qui tue : “Mais si [cette référence] n’était pas justifiée ?”
« Mais si ce n’était pas justifié ? D’une certaine façon, la chose la plus effrayante, la plus évidente à de notre monde américain aujourd’hui, c’est que, – même si présence écrasante de Donald Trump nous retient le plus souvent de le dire, – que nous sommes entrés sur un territoire inconnu et que, dans de telles circonstances, les analogies [avec le passé] n’ont surtout comme effet que de nous empêcher d’avoir une véritable appréciation de la nouvelle réalité. Mon impression, finalement, est que Donald Trump est seulement le signe le plus évident de la chose [que nous sommes entrés sur un territoire inconnu], l’illustration qu’on ne peut pas manquer... »
Là-dessus, Engelhardt énumère les différents faits, les actions, les décisions, les paralysies, les situations abracadabrantesques, les violations sans nombre de la Constitution, les “guerres“ menées à distance contre des adversaires dont nul ne sait rien, l’espionnage électronique sans fin et comme sans but de tous les citoyens, les paralysies innombrables de ce gouvernement dont on vient d’énumérer tous les actes “normalement” illégaux ou “légalement illégaux“ si l’on veut pousser jusqu’à l’oxymore absurde, et qualifiés de “décisifs”, et qui ne parvient à rien de décisif, et s’enferre, et s’embourbe dans de multiples impasses, et ainsi de suite.. Engelhardt développe l’exemple du Congrès, “paralysé” depuis des années dans ses luttes contre les présidents et enfermés dans une “polarisation” dont nul ne comprend le sens, sinon de l’expliquer par les complications opposant les partis : « Mais [peut-être] que si les Républicains perdaient le contrôle à la fois de la Chambre et du Sénat, nous serions tout de même dans une situation similaire à celle où nous sommes, que nous qualifions de “paralysie”. Peut-être que dans la nouvelle réalité américaine, le Congrès est devenu une sorte de musée de n’importe-quoi, glorifié, bouffé par les lobbies, couverts d’argent et sans la moindre utilité...»
Ainsi Engelhardt évolue-t-il insensiblement vers une contradiction totale, qu’il relève lui-même pour s’interroger. Il continue à assumer que Trump présente effectivement les caractères d’un dirigeant de type “autoritaire“ sinon “fasciste” mais en même temps reconnaît que la structure actuelle du système de l’américanisme est quasiment autoritaire et fasciste, ou “trumpiste” si l’on veut aller symboliquement au bout de la contradiction. Dès lors, pourquoi l’establishment s’oppose-t-il comme il le fait à Trump ? Et pourquoi l’opposition “démocratique”, ou se disant telle, s’attache-elle au seul Trump alors que la candidate favorite de l'establishment est manifestement Clinton, ce qui signifierait que c’est Clinton qui est la mieux adaptée à la structure fasciste/trumpiste déjà en place, non ? Engelhardt n’a pas de réponse à toutes ces questions posées ou implicites. (Notre réponse à nous est beaucoup plus simple, y compris que le silence de certains ; elle est que l’identification de Trump comme “fasciste” est prématurée au mieux, et de toutes les façons complètement arbitraire et hors de propos puisque le vrai problème est le Système, avec ses structures qui ridiculisent toutes les diabolisations type-trumpiste. Trump, on ne sait précisément ni ce qu’il est ni ce qu’il veut, ni qu’il entend faire s’il était élu comme lui-même le laisse entendre parfois [disant à partir de l’axe populiste qu’il suit, – qui n’a rien de “fasciste” aux USA : “je verrais bien ce que je ferais en fonction de la situation que je trouverais à la Maison-Blanche] ; pour certains, il le montre notamment en matière de politique étrangère [voir McCain : « Je n’y comprend rien, aussi il m’est difficile d’en penser quelque chose. Il semble changer d’orientation jour après jour. »].)
Engelhardt termine donc son analyse sur les mêmes incertitudes, multipliées par le fruit infécond de la réflexion : « Est-ce que j’y comprends quelque chose ? Pas une seconde...
» [...N]ombreux restant choqués qu’un candidat en tête pour la présidence est un démagogue avec un côté autoritaire très visible... Toutes ces étiquettes sont collées sur Donald Trump mais le nouveau système américain qui est sorti de sa chrysalide ces dernières années a justement toutes ces tendances. Aussi faut-il se garder de blâmer entièrement Donald Trump. Il serait moins un choc pour ce pays qu’une continuation de ce [que ce pays est devenu]. Après tout, le monde-triompien-en-formation lui a ouvert la voie.
» Qui sait ? Peut-être sommes-nous en train d’assister à l’itération d’une très vieille histoire : une version du XXIème siècle du destin éternel des grandes puissances impériales, peut-être la plus grande de toutes, – la seule superpuissance”, – emportée dans la naufrage de son déclin. C’est un destin que l’humanité a rencontré souvent dans le cours de sa longue histoire. Mais même si nous pensons qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, le contexte de tout ceci, avec tout ce qui arrive dans le monde, est si nouveau qu’on peut croire que c’est absolument étranger à tout ce qui est arrivé pendant les milliers d’années de l’expérience humaine. Comme l’indiquent les derniers indices de température, nous sommes, pour la première fois, sur une planète en déclin. Il s’agit bien d’une terra incognoita, n’est-ce pas ? »
On comprend l’extrême perplexité angoissée de Engelhardt mais on lui fera le reproche de baser sa réflexion essentielle et complètement justifiée (terra incognita) sur un axiome de départ qui est effectivement complètement arbitraire : prétendre savoir qui est Trump au point de dire que le système de l’américanisme en place est entièrement trumpiste et, en quelque sorte, l’a précédé. Car l’on en revient à la question déjà posée, comme dans un cercle vicieux : pourquoi cet acharnement du Système contre Trump si Trump va comme un gant au Système ? On pourrait certes évoquer des manœuvres tordues et d’une habileté qui laisseraient Machiavel coi et sans plume, et nous-même nous reposant sur l’épuisant jugement du “pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?”.
Tout de même, si une Clinton convient si bien au Système, – ce qui est le cas, sans qu’il soit nécessaire de voir chez elle la moindre tendance “fasciste”, – ce serait de l’ordre du blasphème ! – et alors qu’elle est impitoyablement opposée à Trump, c’est peut-être qu’il faut songer, au moins, à ne porter aucun jugement décisif sur Trump, sinon le constat simple (simplicité contre complication) que le Système le hait absolument et que son irruption (avec celle de Sanders, sans aucun doute même si Sanders condamne Trump) a mis le feu aux poudres de quelque chose qui renvoie aux vieilleries usées les classements idéologiques qui avaient une certaine signification dans les années 1930. Quelqu’un que le Système hait à ce point ne peut être absolument mauvais, et surtout il est décisivement utile parce qu’il est, selon la loi des contraires, absolument antiSystème dans la circonstance actuelle.
Autrement dit, la partie se joue au-delà des candidats et de leurs possibles/prétendus/incompréhensibles programmes, et au-dessus. La terra incognita ne se trouve pas dans leurs diverses agitations électorales ni dans leurs personnalités, mais bien dans l’ébranlement du Système que tout cela provoque... Voici donc l’article de Engelhardt du 28 mars, que l’on lira également pour le luxe de détails qu’il donne sur la situation présente autant que sur la situation du “régime” en place à Washington.
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The other week, feeling sick, I spent a day on my couch with the TV on and was reminded of an odd fact of American life. More than seven months before Election Day, you can watch the 2016 campaign for the presidency at any moment of your choosing, and that’s been true since at least late last year. There is essentially never a time when some network or news channel isn’t reporting on, discussing, debating, analyzing, speculating about, or simply drooling over some aspect of the primary campaign, of Hillary, Bernie, Ted, and above all -- a million times above all -- The Donald (from the violence at his rallies to the size of his hands). In case you’re young and think this is more or less the American norm, it isn’t. Or wasn’t.
Truly, there is something new under the sun. Of course, in 1994 with O.J. Simpson’s white Ford Bronco chase (95 million viewers!), the 24/7 media event arrived full blown in American life and something changed when it came to the way we focused on our world and the media focused on us. But you can be sure of one thing: never in the history of television, or any other form of media, has a single figure garnered the amount of attention -- hour after hour, day after day, week after week -- as Donald Trump. If he’s the O.J. Simpson of twenty-first-century American politics and his run for the presidency is the eternal white Ford Bronco chase of our moment, then we’re in a truly strange world.
Or let me put it another way: this is not an election. I know the word “election” is being used every five seconds and somewhere along the line significant numbers of Americans (particularly, this season, Republicans) continue to enter voting booths or in the case of primary caucuses, school gyms and the like, to choose among various candidates, so it’s all still election-like. But take my word for it as a 71-year-old guy who’s been watching our politics for decades: this is not an election of the kind the textbooks once taught us was so crucial to American democracy. If, however, you’re sitting there waiting for me to tell you what it is, take a breath and don’t be too disappointed. I have no idea, though it’s certainly part bread-and-circuses spectacle, part celebrity obsession, and part media money machine.
Actually, before we go further, let me hedge my bets on the idea that Donald Trump is a twenty-first-century O.J. Simpson. It’s certainly a reasonable enough comparison, but I’ve begun to wonder about the usefulness of just about any comparison in our present situation. Even the most nightmarish of them -- Donald Trump is Adolf Hitler, Benito Mussolini, or any past extreme demagogue of your choice -- may actually prove to be covert gestures of consolation, reassurance, and comfort. Yes, what’s happening in our world is increasngly extreme and could hardly be weirder, we seem to have the urge to say, but it’s still recognizable. It’s something we’ve encountered before, something we’ve made sense of in the past and, in the process, overcome.
But what if that’s not true? In some ways, the most frightening, least acceptable thing to say about our American world right now -- even if Donald Trump’s overwhelming presence all but begs us to say it -- is that we’ve entered uncharted territory and, under the circumstances, comparisons might actually impair our ability to come to grips with our new reality. My own suspicion: Donald Trump is only the most obvious instance of this, the example no one can miss.
In these first years of the twenty-first century, we may be witnessing a new world being born inside the hollowed-out shell of the American system. As yet, though we live with this reality every day, we evidently just can’t bear to recognize it for what it might be. When we survey the landscape, what we tend to focus on is that shell -- the usual elections (in somewhat heightened form), the usual governmental bodies (a little tarnished) with the usual governmental powers (a little diminished or redistributed), including the usual checks and balances (a little out of whack), and the same old Constitution (much praised in its absence), and yes, we know that none of this is working particularly well, or sometimes at all, but it still feels comfortable to view what we have as a reduced, shabbier, and more dysfunctional version of the known.
Perhaps, however, it’s increasingly a version of the unknown. We say, for instance, that Congress is “paralyzed,” and that little can be done in a country where politics has become so “polarized,” and we wait for something to shake us loose from that “paralysis,” to return us to a Washington closer to what we remember and recognize. But maybe this is it. Maybe even if the Republicans somehow lost control of the House of Representatives and the Senate, we would still be in a situation something like what we’re now labeling paralysis. Maybe in our new American reality, Congress is actually some kind of glorified, well-lobbied, and well-financed version of a peanut gallery.
Of course, I don’t want to deny that much of what is “new” in our world has a long history. The present yawning inequality gap between the 1% and ordinary Americans first began to widen in the 1970s and -- as Thomas Frank explains so brilliantly in his new book, Listen, Liberal -- was already a powerful and much-discussed reality in the early 1990s, when Bill Clinton ran for president. Yes, that gap is now more like an abyss and looks ever more permanently embedded in the American system, but it has a genuine history, as for instance do 1% elections and the rise and self-organization of the “billionaire class,” even if no one, until this second, imagined that government of the billionaires, by the billionaires, and for the billionaires might devolve into government of the billionaire, by the billionaire, and for the billionaire -- that is, just one of them.
Indeed, much of our shape-shifting world can be written about as a set of comparisons and in terms of historical reference points. Inequality has a history. The military-industrial complex and the all-volunteer military, like the warrior corporation, weren’t born yesterday; neither was our state of perpetual war, nor the national security state that now looms over Washington, nor its surveilling urge, the desire to know far too much about the private lives of Americans. (A little bow of remembrance to FBI Director J. Edgar Hoover is in order here.)
And yet, true as all that may be, Washington increasingly seems like a new land, sporting something like a new system in the midst of our much-described polarized and paralyzed politics. The national security state doesn’t seem faintly paralyzed or polarized to me. Nor does the Pentagon. On certain days when I catch the news, I can’t believe how strange and yet humdrum this uncharted new territory is. Remind me, for instance, where in the Constitution the Founding Fathers wrote about that national security state? And yet there it is in all its glory, all its powers, an ever more independent force in our nation’s capital. In what way, for instance, did those men of the revolutionary era prepare the ground for the Pentagon to loose its spy drones from our distant war zones over the United States? And yet, so it has. And no one even seems disturbed by the development. The news, barely noticed or noted, was instantly absorbed into what's becoming the new normal.
Let me mention here the almost random piece of news that recently made me wonder just what planet I was actually on. And I know you won’t believe it, but it had absolutely nothing to do with Donald Trump.
Given the carnage of America’s wars and conflicts across the Greater Middle East and Africa, which I’ve been following closely these last years, I’m unsure why this particular moment even got to me. Best guess? Maybe that, of all the once-obscure places -- from Afghanistan to Yemen to Libya -- in which the U.S. has been fighting recently, Somalia, where this particular little slaughter took place, seems to me like the most obscure of all. Yes, I’ve been half-attending to events there from the 1993 Blackhawk Down moment to the disastrous U.S.-backed Ethiopian invasion of 2006 to the hardly less disastrous invasion of that country by Kenyan and other African forces. Still, Somalia?
Recently, U.S. Reaper drones and manned aircraft launched a set of strikes against what the Pentagon claimed was a graduation ceremony for "low-level" foot soldiers in the Somali terror group al-Shabab. It was proudly announced that more than 150 Somalis had died in this attack. In a country where, in recent years, U.S. drones and special ops forces had carried out a modest number of strikes against individual al-Shabab leaders, this might be thought of as a distinct escalation of Washington’s endless low-level conflict there (with a raid involving U.S. special ops forces following soon after).
Now, let me try to put this in some personal context. Since I was a kid, I’ve always liked globes and maps. I have a reasonable sense of where most countries on this planet are. Still, Somalia? I have to stop and give that one some thought to truly locate it on a mental map of eastern Africa. Most Americans? Honestly, I doubt they’d have a clue. So the other day, when this news came out, I stopped a moment to take it in. If accurate, we killed 150 more or less nobodies (except to those who knew them) and maybe even a top leader or two in a country most Americans couldn’t locate on a map.
I mean, don’t you find that just a little odd, no matter how horrible the organization they were preparing to fight for? 150 Somalis? Blam!
Remind me: On just what basis was this modest massacre carried out? After all, the U.S. isn’t at war with Somalia or with al-Shabab. Of course, Congress no longer plays any real role in decisions about American war making. It no longer declares war on any group or country we fight. (Paralysis!) War is now purely a matter of executive power or, in reality, the collective power of the national security state and the White House. The essential explanation offered for the Somali strike, for instance, is that the U.S. had a small set of advisers stationed with African Union forces in that country and it was just faintly possible that those guerrilla graduates might soon prepare to attack some of those forces (and hence U.S. military personnel). It seems that if the U.S. puts advisers in place anywhere on the planet -- and any day of any year they are now in scores of countries -- that’s excuse enough to validate acts of war based on the “imminent” threat of their attack.
Or just think of it this way: a new, informal constitution is being written in these years in Washington. No need for a convention or a new bill of rights. It’s a constitution focused on the use of power, especially military power, and it’s being written in blood.
These days, our government (the unparalyzed one) acts regularly on the basis of that informal constitution-in-the-making, committing Somalia-like acts across significant swathes of the planet. In these years, we’ve been marrying the latest in wonder technology, our Hellfire-missile-armed drones, to executive power and slaughtering people we don’t much like in majority Muslim countries with a certain alacrity. By now, it’s simply accepted that any commander-in-chief is also our assassin-in-chief, and that all of this is part of a wartime-that-isn’t-wartime system, spreading the principle of chaos and dissolution to whole areas of the planet, leaving failed states and terror movements in its wake.
When was it, by the way, that “the people” agreed that the president could appoint himself assassin-in-chief, muster his legal beagles to write new “law” that covered any future acts of his (including the killing of American citizens), and year after year dispatch what essentially is his own private fleet of killer drones to knock off thousands of people across the Greater Middle East and parts of Africa? Weirdly enough, after almost 14 years of this sort of behavior, with ample evidence that such strikes don’t suppress the movements Washington loathes (and often only fan the flames of resentment and revenge that help them spread), neither the current president and his top officials, nor any of the candidates for his office have the slightest intention of ever grounding those drones.
And when exactly did the people say that, within the country’s vast standing military, which now garrisons much of the planet, a force of nearly 70,000 Special Operations personnel should be birthed, or that it should conduct covert missions globally, essentially accountable only to the president (if him)? And what I find strangest of all is that few in our world find such developments strange at all.
In some way, all of this could be said to work. At the very least, it is a functioning new system-in-the-making that we have yet to truly come to grips with, just as we haven’t come to grips with a national security state that surveils the world in a way that even science fiction writers (no less totalitarian rulers) of a previous era could never have imagined, or the strange version of media overkill that we still call an election. All of this is by now both old news and mind-bogglingly new.
Do I understand it? Not for a second.
This is not war as we knew it, nor government as we once understood it, nor are these elections as we once imagined them, nor is this democracy as it used to be conceived of, nor is this journalism of a kind ever taught in a journalism school. This is the definition of uncharted territory. It’s a genuine American terra incognita and yet in some fashion that unknown landscape is already part of our sense of ourselves and our world. In this “election” season, many remain shocked that a leading candidate for the presidency is a demagogue with a visible authoritarian side and what looks like an autocratic bent. All such labels are pinned on Donald Trump, but the new American system that’s been emerging from its chrysalis in these years already has just those tendencies. So don’t blame it all on Donald Trump. He should be far less of a shock to this country than he continues to be. After all, a Trumpian world-in-formation has paved the way for him.
Who knows? Perhaps what we’re watching is the new iteration of a very old story: a twenty-first-century version of an ancient tale of a great imperial power, perhaps the greatest ever -- the “lone superpower” -- sinking into decline. It’s a tale humanity has experienced often enough in the course of our long history. But lest you think once again that there’s nothing new under the sun, the context for all of this, for everything now happening in our world, is so new as to be quite literally outside of thousands of years of human experience. As the latest heat records indicate, we are, for the first time, on a planet in decline. And if that isn’t uncharted territory, what is?
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