La théologie orwellienne de l’UE, ou le consensus selon Lady Ashton

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A la fin du mois, une conférence doit être tenue sous l’égide de l’AIEA, sur la question de l’établissement d’une “zone dénucléarisée” au Moyen-Orient. L’UE a reçu une communication de la Ligue Arabe avec un projet de résolution qui, bien entendu, implique l’examen des faits nucléaires de la région, dont celui d’Israël dont tout le monde connaît le statut connu mais non-dit-à-haute-voix de vraie et seule puissance nucléaire, et de puissance nucléaire extrêmement respectable (100-200 têtes nucléaires avec des moyens très sophistiqués de porter et de tirer ces charges sur l’objectif). L’UE concocte sa réponse et, selon des sources proches des milieux européens, la chose n’est pas triste.

@PAYANT Les services de Lady Ashton dispose d’un document plus ou moins réalisé à partir de diverses réunions internes, dont certainement avec la participation de délégués de certains Etats-membres. Le document serait actuellement en consultation par divers Etats membres et il est très probable qu’il constituera la réponse de l'UE à la Ligue Arabe si aucune objection majeure n’est faite.

Ce document est un cas extraordinaire de “théologie orwellienne” basée sur la mystique centrale du consensus occidentaliste-américaniste, qui paraît donc à lui seul (le consensus) devoir représenter la Sainte Trinité de cette théologie. Le document dit en substance que la prise en considération du cas Israël-puissance nucléaire compromettrait «l’approche consensuelle», qui est présentée évidemment comme une nécessité fondamentale de la démarche. Le document explique, certes comme une évidence mais qu’il est tout de même utile de rappeler, que l’absence de cette “approche consensuelle” «ne contribuerait pas positivement à l’établissement d’une zone dénucléarisée». En d’autres termes, pour avoir le plus de chance de parvenir à une “zone dénucléarisée”, il importe de ne pas soulever la question du seul Etat actuellement nucléarisé de la dite zone. On obtiendrait ainsi une zone dénucléarisée comprenant le seul Etat nucléarisée de la zone, avec tous ses armements conservés en l’état, et par conséquent effectivement proclamée zone dénucléarisée.

Il nous paraît assez inutile et excessif de nous exclamer, criant au complot sioniste, à l’alignement sur ceci et sur cela. Un complot aussi cousu de fil blanc laisse tout de même interloqué à propos de la capacité intellectuelle de nos comploteurs, qui font plutôt figure de robots. Ils auraient pu nous inventer une manœuvre habile quelconque, par exemple parler d’une “zone dénucléarisée” du Moyen-Orient ne comprenant pas Israël parce qu’Israël participe au concours Eurovision de la chanson et ne peut par conséquent être tenu pour un pays de la région/zone, – enfin, quelque chose qui fasse sérieux dans les séminaires… Nous en sommes plutôt au constat assez amusé, finalement, d’une “diplomatie” européenne réduite au degré de vide absolu qui caractérise l’entropie, et extrêmement visible à cet égard. Cela renvoie à l’image de l’Europe elle-même, en un reflet fidèle et particulièrement expressif, avec autant de vivacité que l’œil d’un veau assoupi.

L’alignement sur les USA (c’est cela, le consensus dont parle Dame Ashton) est tout aussi systématique et tout aussi illusoire, puisqu’on ne sait précisément de quels USA l’on parle, puisque dans cette affaire il y a nettement plusieurs tendances dans la direction US, – avec un département d’Etat très incliné à défendre les privilèges d’Israël par tous les moyens, et un Obama qui s’accroche à l’une des rares idées de son mandat qui est la marche vers la dénucléarisation (discours de Prague). Aujourd’hui, Obama fait profil bas pour tenter de rallier l’électorat juif aux démocrates en novembre prochain ; mais il pourrait retrouver son allant aussitôt après (il ne lui restera alors que la politique extérieure pour avoir une politique qui lui soit propre, puisqu’il sera paralysé à l’intérieur) et remettre sur la table l’idée que la dénucléarisation ne devrait pas épargner Israël. Dame Ashton en sera quitte pour plaider une nouvelle approche de la nécessaire “approche consensuelle”, en attendant la suite… «Va jouer avec cette poussière.»


Mis en ligne le 14 septembre 2010 à 14H27

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