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951L’autre jour, sur TF1, Jean Luc Mélenchon s’est déclaré candidat à la présidentielle de 2017. Il suivait Marine le Pen de quelques jours. C’est une tragédie. Une tragédie pour lui et pour tous ceux qui apprécient les incontestables qualités de l’homme politique et du penseur de la politique. Convaincu que la gauche est morte, que l’extrême droite est en pleine expansion, que seule la voie électorale est légitime, il n’avait pas d’autre choix. Ou plutôt, convaincu que seule l’adhésion d’une majorité de citoyen à ses idées est la voie obligée de sa conception de la démocratie, il ne peut la réaliser que si une majorité de citoyens lui confie les rênes du pouvoir. Est-ce sérieux?
Beaucoup de penseurs, de politologues, voire d’hommes politiques reconnaissent en privé que JLM est le seul à avoir des idées novatrices qui tiennent compte des besoins réels de notre époque et de notre pays et surtout qu’il est le seul à avoir suffisamment de caractère pour en superviser l’application en France et en imposer la justesse aux partenaires Européens s’il venait à être responsable du gouvernement de la France. Aucun autre politicien, de quelque bord qu’il soit, n’a jamais présenté un programme aussi complet et aussi raisonnable que le sien. Il l’a exposé dans plusieurs de ses livres auxquels le lecteur peut se reporter. Il faut l’entendre dans sa conférence d’octobre 2015 à Science Po Aix en Provence, ou celle de Lille quatre ans auparavant ou sur ses interventions dans le cadre de la défense nationale pour savoir qu’il est à peu près le seul à penser dans la sphère politique, le seul à avoir une vision historique de notre pays, à maitriser les domaines aussi bien de l’économie, de la politique que de la géopolitique. Eh bien, malgré tous ces incontestables talents qui mériteraient qu’il soit élu, il ne le sera évidemment jamais. Il est très probable que son score en 2017 ne dépassera pas celui de 2012. Et même si par une chance extraordinaire ou un talent d’orateur multiplié il le dépassait, disons jusqu’à 15%, qu’en fera-t-il de ces 15% au deuxième tour? Les donnera-t-il à Hollande si Hollande est en tête? Ça serait une trahison. Les donnera-t-il à Juppé-Sarko si Marine le Pen était au second tour ? Ça serait une folie. Invitera-t-il à l’abstention? Ce n’est pas dans le caractère de l’homme. Il est donc coincé et le sait. Ceux qui seraient allés voter en sa faveur ne pourraient recevoir de lui aucune consigne, même pas celle du bulletin nul. Reste le pire: les Français très déçus du second choix que le second tour leur propose sont très mécontents, beaucoup ne se dérangent pas, restent chez eux. D’autres qui ont voté le Pen au premier tour n’osent pas confirmer car ils sentent qu’elle n’est pas à la hauteur. Bref, Juppé-Sarko est élu mais avec une faible fraction du corps électoral, disons 35 à 40%. Marine le Pen est battue mais triomphe avec quelque chose comme 30 à 35% des suffrages exprimés. Resteraient 30/40% d’abstentionnistes, de blancs et nuls. Que signifierait cette élection? Qui pourrait être légitime à gouverner le pays avec un tiers du corps électoral ?
Mélenchon a sans doute imaginé ce cas de figure. Je le suspecte même d’y avoir longuement réfléchi puisqu’il prend le risque calculé de se présenter non comme représentant d’un parti ou d’un rassemblement de partis mais comme un homme providentiel indépendant des partis, suivant ainsi la trace de qui vous savez. Si bien que lui, l’homme politique qui se réclame en toute circonstance de la démocratie citoyenne, de l’engagement conscient non pour un homme mais pour un programme, se présente comme l’homme providentiel, le sauveur, certes avec un programme mais qu’il sera le seul à défendre. Que feront le front de gauche, le parti de gauche? Que feront les communistes, ces hommes dévoués qui assumèrent pour une très large part l’organisation de la campagne de 2012 ? Mystère. S’il avait fallu un évènement imprévu à cette course absurde vers l’Elysée, c’est réussi. L’homme parviendra-t-il à brouiller les cartes en tirant sur tout ce qui bouge? Les foules se presseront-elles à ses meetings comme elles le firent en 2011 et 2012? Et si oui, quelles seront ces foules? Les mêmes que celles d’autrefois, c'est-à-dire des « hommes de gauche », des déçus du parti socialiste, des bobos avec bac + 6 ou 7 ? Mystère. Aura-t-il dans sa poche un groupe d’homme le soutenant secrètement dans sa démarche et préparant ses meetings? Trouvera-t-il un financement spécial qui lui assurera une campagne crédible? Mystère de mystère. En tout cas Mélenchon sera l’électron libre de la campagne, le seul qui la rendra intéressante et tragique.
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