La TV américaine a “annulé” la guerre d’Irak comme on annule une émission

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La guerre en Irak continue, pour l'instant (juste un instant) en arrière-plan du chaos général qui a envahi notre planète. Le site RAW Story signale, le 29 juillet, une chronique du New York Times de Frank Rich, se penchant sur le problème de la publicité faite à cette guerre sur les canaux des télévisions nationales. Deux paragraphes du texte de Rich sont cités :

« As America fell into the quagmire of Vietnam, the comedian Milton Berle joked that the fastest way to end the war would be to put it on the last-place network, ABC, where it was certain to be canceled. Berle's gallows humor lives on in the quagmire in Iraq. Americans want this war canceled too, and first- and last-place networks alike are more than happy to oblige.

» CNN will surely remind us on Sunday that it is Day 19 of the Israel-Hezbollah war — now branded as Crisis in the Middle East — but you won't catch anyone saying it's Day 1,229 of the war in Iraq. On the Big Three networks' evening newscasts, the time devoted to Iraq has fallen 60 percent between 2003 and this spring, as clocked by the television monitor, the Tyndall Report. On Thursday, Brian Williams of NBC read aloud a ‘shame on you’ e-mail complaint from the parents of two military sons anguished that his broadcast had so little news about the war. »

RAW Story estime que, si cette guerre n’est pas montrée aux Américains, c’est parce qu’elle n’a pas un sens très compréhensible (pourquoi les Américains sont-ils en Irak ? Question sans réponse précise). RAW Story écrit encore : « That the latest American plan for victory is to reposition our forces by putting more of them in the crossfire of Baghdad's civil war is tantamount to treating our troops as if they were deck chairs on the Titanic. Even if the networks led with the story every night, what Americans would have the stomach to watch? »

L’épisode nous confirme dans l’idée que la perception du monde des Américains dépend quasi-exclusivement des médias télévisés, dans un sens créateur beaucoup plus que dans un sens d’influence. Ce qu’on nous décrit, dans le sens d’une tentative presque rationalisée, est moins un acte de propagande (cacher le sens d’un événement, le déformer, l’orienter, etc.) qu’un acte de négation d’un événement, — ce qui implique la démarche de création en négatif. Il s’agit d’une tentative se rapprochant beaucoup plus du virtualisme et en aucun cas d’une démarche de propagande.

Le principe qui est derrière cette démarche, de la part de ceux qui l’ont naturellement suivie, est que la réalité historique du monde dépend de la seule communication que les êtres humains (c’est-à-dire les américanistes) en font, — et le terme de “communication” pris dans son sens technique, moderne. Il s’agit d’une référence implicite à la dynamique collective qu’a suivie l’Amérique dès ses origines (voir sur ce site notre texte originel sur “l’empire de l’information” et un complément sur le sujet).


Mis en ligne le 1er août 2006 à 10H49