La vérité est dans le pré (afghan)

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Un rapport fait grand bruit dans les milieux concernés, aux USA, à la lumière de la crise qui frappe les services de renseignement US à la suite de l’attaque contre un camp de la CIA en Afghanistan. Il s’agit de «A Blueprint for Making Intelligence Relevant in Afghanistan», réalisé par trois spécialistes du renseignement militaire, avec comme principal auteur le général Michael T. Flynn, de l’U.S. Army. Flynn n’est rien de moins que l’adjoint pour le renseignement du chef de l’ISAF (la force alliée OTAN-US en Afghanistan), le général McChrystal lui-même, et il fut auparavant directeur pour le renseignement du Joint Chief of Staff au Pentagone. Le rapport est publié en ligne depuis le 3 janvier 2010 sur le site du Center for a New American Security (CNAS), le think tank favori de nombre de membres de l’administration Obama.

Ce que dit la rapport en gros? 1) La situation du renseignement en Afghanistan est catastrophique (après huit ans de mobilisation américaniste, occidentaliste, vertueuse et ainsi de suite, et tout cela, ne l’oublions pas avec des larmes dans la pensée, pour “défendre la liberté” des salons parisiens et des femmes sans foulard); 2) le renseignement, au lieu de s’appuyer sur le secret (le “classified”) qui vous donnera le nom, la description morphologique et le profil psychologique, la généalogie et les habitudes intimes du troisième taliban en partant de la gauche au kilomètre 203 de la route nationale numéro (“classified”) en Afghanistan septentrional, devrait plutôt s’appuyer sur les informations “ouvertes”, les habitudes des gens, leur culture, leurs coutumes, quand a lieu tel mariage, telle cérémonie, etc., pour arriver à un travail utile. Le fil à couper le beurre rance ayant été ainsi redécouvert grâce au budget pharaonique du Pentagone, le site Danger Room traduit pour nous, ce 5 janvier 2009, ce qu’il faut retenir du rapport Flynn.

«American intelligence in Afghanistan is broken, says the top U.S. intelligence officer there.[…] Flynn’s report […] begins with a stunning admission. “Eight years into the war in Afghanistan, the U.S. intelligence community is only marginally relevant to the overall strategy,” the report states. “Having focused the overwhelming majority of its collection efforts and analytical brainpower on insurgent groups, the vast intelligence apparatus is unable to answer fundamental questions about the environment in which U.S. and allied forces operate and the people they seek to persuade.”

»Part of the problem is cultural: The intelligence community tend to focus on information from classified sources: signals intercepts, information from informants, significant activity reports. But it overlooks the vast store of mostly unclassified data — polling data, patrol debriefs, minutes from local shuras, economic statistics — that helps counterinsurgents connect the dots. “This vast and underappreciated body of information, almost all of which is unclassified, admittedly offers few clues about where to find insurgents, but it does provide elements of even greater strategic importance – a map for leveraging popular support and marginalizing the insurgency itself,” the report states.

»Put succinctly, the coalition has plenty of information about the enemy, but is clueless about the terrain it occupies and the communities it engages. “In a recent project ordered by the White House, analysts could barely scrape together enough information to formulate rudimentary assessments of pivotal Afghan districts,” the report states. “It is little wonder, then, that many decision-makers rely more upon newspapers than military intelligence to obtain ‘ground truth.’”

»Flynn’s solution? For starters, have spies start acting more like journalists….»

Quelle conclusion intéressante… Puisque nous-mêmes sommes, au moins en partie, des journalistes, nous sommes un peu comme des espions. Curieuse trouvaille... Non, trouvaille intéressante qui mettra, nous n’en doutons pas une seule seconde, une vaste pagaille dans les habitudes des guerriers américanistes du monde secret qui permet de maîtriser l’avenir du monde, et sans doute une pagaille plus vaste que l’actuelle car il s’agira d’enseigner à des requins d’eau douce de marcher sur la pointe des pieds sur la terre ferme et douce, comme s’ils étaient des gentilles antilopes comme vous et moi. Nous ne manquerons certainement pas de revenir, avec un peu de recul, sur ces intéressantes trouvailles qui rencontrent parfaitement nos conceptions sur l’information et sur la communication.


Mis en ligne le 6 janvier 2009 à 11H58