Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
569922 février 2020 – Ainsi y a-t-il de ces “moments” où la vérité-de-situation jaillit sans crier gare, sans avertissement, sans que nous ayons à la solliciter par une recherche assidue, parce que, je crois, elle repose et apaise l’esprit. C’était hier, sur Sky News, lorsque le porte-parole de Central Command et de l’opérationInherent Résolve de la “coalition”s’est brusquement écarté, en un foudroyant tête-à-queue sémantique, de la narrative officielle concernant les attaques sur Idlib, en Syrie, pour dénoncer les groupes terroristes qui occupent la ville et tiennent la population dans la terreur.
« Il y a une grande variété de groupes là-bas, – ils sont tous une nuisance, une menace et une menace pour ... des centaines de milliers de civils qui essaient juste de passer l'hiver. »
Je cite ZeroHedge.com, qui illustre cette nouvelle d’une vidéo de 31 secondes montrant le colonel Myles Caggins nous communiquant avec une conviction et une clarté dévastatrice, en un instant remarquable de sincérité, une vérité-de-situation ridiculisant impitoyablement la narrativequi pèse d’une façon si écrasante sur la communicationSystème unanime de la presseSystème du bloc-BAO.Car vous l’avez certes remarqué, depuis une semaine, et sur un mode crescendo arrosé d’un torrent tumultueux de de larmes humanitaristes, l’on dénonce et voue aux gémonies les impitoyables avions russes et les barbares mercenaires du boucher de Damas qui, il faut le dire dropitement, sont en train de terrifier, de martyriser, d’écraser la population civile et innocente d’Idlib, la forçant au mieux à fuir en laissant tout derrière elle, dans le froid glacial de l’hiver syrien.
Mais voici le colonel Caggins, de l’U.S. Army...
« La chaîne britannique Sky News interviewait le porte-parole de la coalition américaine, le colonel Myles Caggins, de l’U.S. Army, dans le cadre de sa couverture des attaques “aveugles” des forces syriennes et russes contre les civils et les “bombardements d'hôpitaux”. Le colonel a brusquement donné une version complètement différente, citant sans aucune ambiguïté les groupes djihadistes dirigeant Idlib comme cause fondamentale de la souffrance des civils dans cette région.
» [Myles] a qualifié Idlib d'“aimant pour les groupes terroristes” qui sont “une nuisance, une menace et un danger” pour des centaines de milliers de civils qui “essaient simplement de survivre à l’hiver”.
» Il a essentiellement identifié “tous les groupes” opérant sur le terrain comme des “terroristes” et une “menace” pour la population locale dans ce commentaire d'une rare franchise :
» “Il y a une grande variété de groupes là-bas, – ils sont tous une nuisance, un piège et une menace pour ... des centaines de milliers de civils qui essaient simplement de survivre à l’hiver.”
» Ses propos sont d’autant plus intéressants qu'ils surviennent à un moment où CNN et d'autres réseaux traditionnels ont “redécouvert” Idlib où, selon eux, “le boucher Assad et la Russie tentent de “massacrer” des enfants et des civils innocents.
» Le même jour, le réseau qui a interviewé le porte-parole de l'Opération Inherent Resolve s’interrogeait à diverses occasions pour savoir “si la communauté internationale en fait assez pour contenir le régime d'Assad”. »
Je n’en resterai pas là, car l’incident est vraiment très caractéristique. Ce n’est pas un mot, une expression échappés par accident, un “dérapage”, un lapsus, – deux, trois ou quatre secondes, – mais bien un discours élaboré et détaillé qui dure 31 secondes... 31 secondes de vérité, par les temps qui courent et du fait du scintillement lumineux de la vérité-de-situation dans ce sombre océan de simulacre, c’est long et cela suppose à la fois quelques phrases élaborées et la pleine conscience de la signification de ce qui est dit. Celui qui parle n’est pas victime d’une simple et inconsciente maladresse de langage ; c’est au moins un lapsus du type révélateur, et même sacrément révélateur pour durer tant de temps.
Cela mérite un commentaire, me semble-t-il, autre qu’une simple confirmation a contrariode l’évidence du simulacre à nouveau activé depuis quelques jours des massacreurs aériens (russes) et des bouchers terrestres (syriens). Ce que dit le colonel Caggins est non seulement une vérité-de-situation par inadvertance, mais également une vérité-de-situation tout court, – rencontre inédite d’un important citoyen américaniste avec la vérité-de-situation, – qui est diffusée par la communication américaniste dans certaines circonstances.
Il existe des phases, dans le tourbillon crisique qu’est la “politique” (?) US dans la région, où effectivement les forces US affrontent les terroristes islamistes et sont alors fondées en toute “bonne foi” de dénoncer le traitement que ces groupes infligent aux civil. Puis, le tourbillon tourbillonnant comme c’est sa fonction, suivent d’autres moments où les forces US changent de bord(s) pour soutenir les terroristes qu’ils subventionnent et passent à la narrative grimées d’une façon impudente en faussaire vérité-de-situation, où les “groupes terroristes” deviennent des “résistants héroïques” luttant contre le boucher de Damas, et protégeant héroïquement la populations des massacreurs aériens et des bouchers terrestres.
(... C’est très souvent le cas car il y a beaucoup de “bords” dans la région pour la “politique” US, et cela tourbillonne d’autant ; par exemple, pour marier symbole et “politique”, on peut et même l’on doit considérer que le Pentagone a au moins cinq “bords, ce qui permet de multiples manœuvres tourbillonnantes, et d’autant de changements multiples de camps multiples. De même pour les pays engagés d’ailleurs : il y a quatre-cinq mois, les Turcs étaient les plus grands traîtres qui se soient jamais trouvés au sein de l’OTAN. Aujourd’hui l’OTAN est prête, sous les ordres du général-en-chef Trump et à condition qu’on ne prenne pas trop de risque, à soutenir un Erdogan lui-même tourbillonnant de toute la puissance de ses tweets, de ses discours, et des communiqués du colonel Caggins quand il ne se trompe pas de page.)
On comprend alors que le brave colonel Caggins, de l’U.S. Army, se prennent les pieds dans le tapis et saupoudre son communiqué de quelques-unes des poussières-de-situation qu’on avait remisées en-dessous, et se croit brusquement menant la vraie-de-vraie Guerre contre la Terreur, contre les vrais-de-vrais terroristes. Ainsi son erreur n’en est-elle pas vraiment une : à quelques semaines ou mois près, pour l’un ou l’autre commandement ou agence US, ce qu’il a dit aurait été l’exacte vérité-de-situation, épousée pour l’occasion par la tourbillonnante “politique” de “D.C.-la-folle”. Le désordre de ces 31 secondes du colonel Caggins renvoient évidemment au désordre de “D.C.-la-folle”.
Quant à moi, j’ajoute pour mon compte qu’il y a aussi le poids de la dissimulation et de la perversion de la narrative et du simulacre, parfois trop lourd à porter. La psychologie, soumise à la terrible tension du mensonge, titube sous le faix, perd parfois le sens de ces obligations et oublie de piloter la perception comme il importe. Alors, sans y penser ni le vouloir, on revient un instant à la vérité-de-situation, dont on sait bien sans en avoir conscience qu’elle ridiculise ce qu’on a obligation de communiquer, qu’elle pulvérise cette charge indigne et misérable. On se débarrasse un instant de ce poids écrasant qui pervertit l’esprit, de l’inversion qu’impose le mensonge du simulacre, – le temps de respirer un grand courant d’air frais et harmonieux. C’est ce qui est arrivé au colonel Caggins, et on le comprend, et je lui pardonne. C’est pourquoi j’écrivais plus haut, en introduction, que la vérité-de-situation, qui permet de retrouver la réalité du monde, “repose et apaise l’esprit”.
C’est la grande faiblesse du Système, qu’il ne peut écarter parce que c’est sa nature même, d’ainsi imposer à ses troupes la constance de l’inversion et du simulacre, cette tension inhumaine et infâme ainsi portée par leurs psychologies. Même quand le tortueux simulacre conduit à un instant rencontrer la vérité-de-situation, le Système continue à clamer que c’est un simulacre. Inconsciemment, Caggins, qui a l’air d’un brave homme, en plus Africain-Américain, s’est inconsciemment autorisé à prendre en toute liberté un peu de cet air frais et harmonieux qui ne soit pas imposée, et donc pervertie, par les méandres du Système. C’est un instant de libération, et je crois qu’ils sont nombreux à penser tout au fond de leur subconscient qu’ils pourraient, qu’ils devraient un jour échapper à la malédiction, sous peine d’y succomber.
Encore un effort, colonel Caggins.