La victoire de combat pour Hillary et le sort de la campagne

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La victoire de Hillary Clinton dans le Nevada ne règle rien, nous confie-t-on. D’ailleurs, elle est fort mince (51% contre 45% à Obama) et elle rapporte moins de délégués à la première qu’au second. Michael Tomasky, dans The Guardian du 19 janvier, résume la chose par ce mot, qui fait son titre: «Winning ugly.»

En effet, la bataille fut rude. Les démocrates ne se firent pas de cadeaux entre eux, et Bill Clinton, éventuel futur “First Gentleman”, ne fut pas le dernier dans cette activité.

«[Hillary] Clinton may also have paid a price by dint of the fact that this was a dirty, bitter race. Obama didn't completely wrap himself in glory, and he probably erred in praising Ronald Reagan and calling the Republican Party the party of “ideas” in recent American history. But the Clinton campaign twisted those words and a lot more.

»I don't know who on this planet has the stature to go face-to-face with Bill Clinton and look him in the eye and tell him he behaved in a discreditable fashion. His wife? His buddy Vernon Jordan? Whoever it is, someone had better stop him. He campaigned against a fellow Democrat no differently than if Obama had been Newt Gingrich. The Clinton campaign may conclude that, numerically and on balance, Bill helped. But, trust me, to the thousands of committed progressives who supported him when he really needed it, who went to the mat for him at his moment of (largely self-inflicted) crisis but who now happen to be supporting someone other than his wife, he's done himself a tremendous amount of damage.

»The final price of victory is the splintering of base Democratic voters. African Americans solidified behind Obama, 79-18%. Hispanics, behind Clinton, 64-23%. Young voters went heavily for Obama. Old voters heavily for Clinton. These divisions threaten to flower into schisms. There will be plenty of time to put the pieces back together. But if Clinton becomes the nominee and black voters feel that Obama was treated unfairly ... well, let's imagine that black voter turnout in November is down by 10% in Pennsylvania, Michigan and Ohio. That could mean the difference between victory and defeat in those three states.»

Il est vrai que, de son côté, Obama a prêté le flanc à la critique en faisant des compliments aux mannes de Reagan. Certes, cette démarche correspondait à sa volonté de confirmer le candidat unitaire qu’il avait voulu paraître dans l’Ohio. Le résultat dans le Nevada fait encore un peu plus justice de cette ambition.

La primaire du Nevada a dissipé définitivement pour les démocrates les vapeurs triomphales du début de la campagne, essentiellement sur l’éventualité d’une grande candidature d’union qui donnerait un élan unificateur à ce même parti démocrate et, espérait-on, au pays. Aujourd’hui, les présidentielles sont entrées dans une bataille longue, âpre et sans merci. L’aspect remarquable de la situation est que le parti qui semble être le mieux à même pour succéder à l’ère de division et d’affrontement qu’est le mandat Bush est désormais menacé lui-même de graves divisions. Le vote des Noirs dans le Nevada a montré que les divisions raciales renaissaient au sein du parti démocrate à l’occasion d’une candidature qui devrait consacrer l’oubli des différences raciales (79% – et même 83% au dernier comptage – des démocrates noirs du Nevada ont voté pour Obama; cela peut difficilement être perçu comme un simple choix politique).

Le parti démocrate, donné grand favori, semble en marche vers une bataille fratricide qui va l’affaiblir face à un parti républicain discrédité, qui se renforcera à cette occasion mais d’une façon relative, par simple évolution des rapports relatifs. Les deux partis principaux présentent donc des faiblesse marquantes pour cette campagne. Les antagonismes vont être exacerbés. C’est exactement la situation que craignaient les vieux “sages” de l’establishment, qui envisageaient une candidature indépendante (Bloomberg), qui crurent à Obama le temps d’une primaire et qui sont ramenés à leurs angoisses initiales. C’est aussi la situation d’où peuvent surgir des initiatives extérieures intéressantes, comme une vraie candidature indépendante en-dehors du système.


Mis en ligne le 22 janvier 2008 à 06H45