La vie apaisée de “l’homme le plus puissant du monde”, et pourquoi cette vie lui convient

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La vie apaisée de “l’homme le plus puissant du monde”, et pourquoi cette vie lui convient


13 avril 2004 — CBS News, relayée notamment par le Guardian d’hier, nous apprend que GW Bush est une sorte de président à mi-temps. En pourcentage, la chose est pratiquement confirmée.


« President George Bush has spent more than 40% of his presidency at one of his three retreats, sparking criticism from Democrats that he is not taking his job seriously at a crucial time in US history.

» Mr Bush was on his 33rd visit to his ranch in Crawford, Texas, at the Easter weekend, where he has spent 233 days or almost eight months since his inauguration, according to a tally by CBS news. Add his 78 visits to Camp David and five to Kennebunkport, Maine, and he has spent all or part of 500 days out of the office while in office. »


Ces précisions et ces accusations contre GW Bush peuvent effectivement être développées et éventuellement présenter quelque intérêt. Ce n’est pas sûr. Par contre, leur intérêt évident, qui n’a aucun besoin d’être mesuré, concerne le personnage du président, le rôle qu’il joue et le poids qu’il a dans son administration.

GW mène une vie paisible et réglée comme du papier à musique. (« Regardless of what is going on in the world Mr Bush is usually in bed by 10pm and wakes at 6am. As governor of Texas he would be in work by 8.30am and out by 5.30pm. In between was a 90-minute to two-hour break for exercise or a nap. ») On sait qu’il ne lit pas les journaux, qu’il s’en tient aux informations de son équipe, y compris les mémos et les briefings de la CIA qu’il ne lit ni n’écoute pas nécessairement d’un oeil/d’une oreille attentive. (« Mr Bush was at his ranch on August 6 2001 as part of a month-long holiday when he received the briefing warning of Osama bin Laden's determination to attack the US, which has become a focal point of the 9/11 commission of inquiry. »)

Et alors ?, devrait-on demander à ce point. A quoi sert-il de s’exclamer à propos des qualités et capacités du Président ? Peut-être le rôle du Président a-t-il décisivement changé avec GW, après une intense préparation de ses prédécesseurs (principalement Reagan et Clinton).

L’essentiel, à notre sens, pourrait plutôt être trouvé dans cette analyse du 8 avril de Steven Thomma, de Knight Ridder Newspapers, qui nous dit :

« Country's widest political division is the gap over religion. » Cette analyse est fascinante, dans ce qu’elle nous montre combien la religion est devenue le facteur essentiel aux USA aujourd’hui, combien la prochaine élection se jouera finalement sur ce terrain.


« The religion gap is fast becoming the country's widest political division. Those who regularly attend religious services vote Republican by a margin of 2-1, and those who don't vote Democratic by the same margin.

» This growing gap helps explain why the country is so divided politically. Born in the culture wars of the 1960s — over abortion, prayer in public schools and women's rights — and deepened by competing visions of morality, it's being reinforced this year by new fights over gay marriage and the Pledge of Allegiance.

(…)

» “The division is growing wider in American politics. It's almost as if the two sides live in parallel universes,” said John Kenneth White, a political scientist at Catholic University in Washington and the author of a book called ‘The Values Divide.’

(…)

» “The outline of politics we see today is much more cultural than economic,” said a Democratic strategist who spoke on condition of anonymity for fear of upsetting the Kerry campaign. “The last time the cultural division was this clear was the 1890s.” »


C’est donc dans ce cadre exceptionnel qu’il faut considérer la présidence GW et la candidature GW. Aujourd’hui, le président représente le chef naturel d’une partie importante de la population US, — non pour ce qu’il fait, nullement à cause de sa politique, de son emploi du temps, de la profonde vacuité de ses réflexions, — mais parce qu’il est perçu spirituellement comme représentant de cette foi, de ces pratiques, de ces conceptions. (« Bush is a Methodist who regularly and publicly attends church. He calls Jesus Christ the most influential philosopher in his life. He invokes his faith when making policy decisions, from limits on abortion and stem-cell research to war. Most notably, he casts the war on terrorism as a struggle between good and evil. ») Demain, 80% de la population pourrait désavouer la guerre en Irak et 75% penser que le président Bush ne fait pas “a good job” à la présidence. GW ne serait pas battu pour autant.

Voilà pourquoi, nos moqueries, nos sarcasmes, nos remarques qui se veulent subtiles ou intellectuelles, tout cela n’importe pas à GW Bush. Il préfère partir se reposer à son ranch texan.