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368Lors de la rencontre Merkel-Bush, à l’occasion du début de la présidence UE de l’Allemagne, les thèmes mentionnés plus haut n’ont qu’à peine effleuré un sujet potentiel de désaccord fondamental entre l’UE et les USA, — “potentiel” parce que ce sujet ne s’est sans doute pas encore signalé aux esprits des dirigeants (ni, à plus forte raison, à ceux de leurs bureaucraties). Le même article de l’IHT observe à propos de l’attitude des deux parties à l’égard de la crise climatique (un des sujets importants pour les Allemands, au sein du G8 qu’ils président cette année) :
«Merkel urged Bush to do more to fight climate change, another priority of the European Union; he repeated earlier assurances that the United States would press for the rapid development of new, less-polluting technologies, rather than sharply cutting emissions.»
Le désaccord UE-USA, au niveau des directions nationales et institutionnelles, est complet sur le sujet. Mais il est bien loin d’avoir fait sortir toutes ses potentialités, qui impliquent des possibilités marquées de très rapidement aggraver ce désaccord, éventuellement jusqu’à un affrontement de conceptions.
La question commence à apparaître avec le cas Exxon, que nous évoquions hier. Il s’agit du cas où le secteur privé se trouve en contravention avec les orientations de lutte contre la crise climatique ou développe un activisme hostile à cette lutte, comme Exxon. Que vont faire les pouvoirs publics, les gouvernements, les institutions? Si la crise climatique devient une crise de survie de l’espèce, va-t-on laisser se poursuivre des actions type-Exxon et d’autres alimentant la crise climatique au nom du libre-échange et du non-interventionnisme?
Européens et Américains vont être très vite confrontés à ce problème et devront fixer leurs attitudes, d’autant plus vite que la crise va vite. Il est possible, très probable pour certains d’entre eux, que les pays européens, quoi qu’en pensent les institutions comme la Commission (follement engagée dans un libéralisme idéologique sans frein), vont être poussés à revenir à un interventionnisme régulateur, voire autoritaire pour imposer des attitudes strictes vis-à-vis des réductions d’émission de gaz. Pour les Américains, cette idée est un anathème par rapport à leurs conceptions, — dans tous les cas au niveau du pouvoir fédéral (certains Etats ont un comportement complètement différent, comme la Californie par exemple, qui veut réduire de 80% ses émissions de CO2 d’ici 2050).
Cette question-là est un sujet majeur de crise transatlantique, si le gouvernement fédéral US reste prisonnier des lobbies et soutiens financiers des grands trusts du domaine (pétroliers et autres). On n’en parle pas pour l’instant. On en parlera très vite.
Mis en page le 5 janvier 2007 à 06H03