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496630 juin 2019 – Dans notre époque si étrange, les mots, les phrases, les analyses, les recherches acharnées des vérités-de-situation, le système de la communication sont plus que jamais les armes des hommes plongés dans cette ultime bataille de notre-Armageddon postmoderniste. Le “lynchage médiatique”, qui passe par les mots et le système de la communication, est une pratique courante de la guerre d’aujourd’hui. L’internet est, pour nous les combattants, un fantastique champ de bataille où vous savez pourquoi vous vous battez. Nous savons tous, d’une façon ou d’une autre, avec des mots différents, des perceptions dissemblables, nous savons tous que nous menons la bataille suprême face au Système.
Je parle pour ceux qui savent. Pour ceux-là, il y a dans ces quelques jours, dans un instant ou pour un moment, une grande tristesse qui passe son chemin et qu’il faut éprouver dans toute sa force. Je ne connaissais pas Justin Raimondo et il m’étonnerait beaucoup qu’il ait jamais entendu parler de moi. Mais, comme moi, comme nous, comme vous qui nous lisez, c’était un guerrier engagé dans cette guerre, et sa mort est une triste nouvelle. Elle n’est nullement une surprise puisqu’il avait informé ses lecteurs de son état (un cancer de la gorge), mais pour moi c’est comme s’il était mort au combat. Il lutta héroïquement durant ces derniers mois, donnant épisodiquement un texte à sa chronique d’Antiwar.com dont il était le co-fondateur.
Nous y sommes avec ce point que je veux mettre particulièrement en avant, en citant Antiwar.com. Ce site, qui portait la marque de Raimondo et de ses engagements fondamentaux qui m’ont toujours parus dignes d’éloge, – libertarien, non-interventionniste, historiquement de la veine des isolationnistes qui est le seul dessein qui aurait pu donner à l’Amérique un destin digne de ses ambitions, et puis aussi cette position de combattant pour la cause des homosexuels (dont il était) dénonçant les groupes officiels LGTBQ complètement gangrenés par le Système et son Corporate Power. Je dois beaucoup à Antiwar.com, qui fut manifestement une des premières sources d’information et d’opinion indépendante et dégagée des contraintes de l’information officielle, durant le conflit du Kosovo . Ce fut le premier engagement majeur de la guerre de la communication entrée dans sa phase fondamentale où le Système lui-même lançait toutes ses forces de dissimulation et de simulacre. Ce fut « La première guerre virtualiste » du 10 septembre 1999 (voir aussi le 25 mars 2019, un autre texte sur ce conflit). (*)
Pour dedefensa & eurostratégie (la Lettre d’Analyse) et les premiers balbutiements de dedefensa.org(créé en 1998), ce courant d’information dont Antiwar.com fut l’un des fleurons et resta le plus constant fut un extraordinaire courant libérateur ; nous ne nous en doutions pas encore, mais en vingt ans nous avons pu mesurer la puissance de l’instrument que le système mit imprudemment à notre disposition...
Le 10 juillet 1999, nous écrivions un article sur « Notre Samisdat globalisé » (voir aussi le 25 mars 2019), d’où nous extrayons ceci :
« • Antiwar.com établi en 1995 au moment de l'engagement américain en Bosnie, avait alors connu un succès d'estime; succès renouvelé à l'occasion de l'une ou l'autre crise irakienne. Avec la guerre du Kosovo, le succès de Antiwar.com a été considérable, avec 1.000 entrées quotidiennes à la mi-avril, passant à plus de 5.000 au début mai. Surtout, Antiwar.com s'est trouvé au cœur de la tentative d'organisation du mouvement “anti-guerre” rassemblant des progressistes et des conservateurs aux États-Unis. [...]
» Internet est une information débarrassée des chaînes du “médiatisme”, mélange de conformisme et d'un moralisme développé pour dissimuler ce conformisme. C'est le refus de l'unanimisme qui s'impose désormais comme la vertu fondamentale de la presse générale, “libre-officielle”, qui a troqué la liberté pour la vertu (ce qui importe effectivement dans le développement de l'information/Internet pendant la guerre, c'est la diversité des opinions existante derrière la position générale anti-guerre qui s'exprima, plus que cette position anti-guerre elle-même; il s'agissait effectivement d'une situation de pluralité et d'une demande de liberté). La presse générale a choisi la vertu, et qui plus est la vertu officielle, Internet a recueilli la liberté. Ce n'est pas une vertu (sic) propre à Internet; c'est une nécessité : la liberté, abandonnée sur le bord du chemin, devait être recueillie par une âme compatissante. Ce fut Internet. Certains en concluraient qu'Internet a une âme ... »
Voilà... Salut à un frère d’arme de vingt ans que j’ai reconnu sans l’avoir jamais connu, qui ne me connaissait certainement pas, et à qui dedefensa.org doit une certaine reconnaissance.
(*) Vous lisez dans Frédéric Nietzsche au Kosovo combien cette guerre m’a marqué, comment elle fut livré bien plus à Bruxelles qu’en ex-Yougoslavie, de quelle façon le métier de journaliste commença à prendre ce virage tragique débauchant sur une glissade sans fin dans la servilité.
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