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956Le traitement de l’information réalisé par l’Agence France Presse est de plus en plus surprenant. Son absence de neutralité sur le conflit syrien était explicable, puisqu’elle suivait (ou précédait) la politique étrangère française. Suivant cette logique, l’Afp joue parfois un rôle de propagandiste en fournissant volontairement des données parcellaires.
Mais, la totale confiance accordée durant les premiers mois à « l’OSDH » semble démontrer une constante plus forte. L’Afp ne donne plus de renseignements, mais fait de l’information. Le renseignement est une analyse effectuée à partir de la confrontation de sources opposées, tandis que l’information est un parti pris montrant la représentation faite par un camp.
Parmi les exemples récents, le plus surprenant est l’annonce le 4 décembre de la capture d’un drone états-unien par l’Iran. Puisqu’il s’agit d’une information émanant d’un adversaire qui rapporte une victoire sur un allié, les guillemets et les critiques auraient dû être de mises. Or, dans la seconde partie de la dépêche (voir ci-dessous), le conditionnel et les guillemets n’existent plus.
« L’annonce de la capture du ScanEagle intervient un an jour pour jour après celle de l’interception spectaculaire le 4 décembre 2011 d’un gros drone d’observation à longue portée et haute altitude RQ-170 Sentinel, qui effectuait une mission d’espionnage au-dessus de l’est de l’Iran.
»Les forces iraniennes étaient parvenues à prendre le contrôle de cet appareil ultra-secret pesant plusieurs tonnes et à le faire atterrir en douceur dans un désert du pays.
»Beaucoup plus petit et moins sophistiqué, le ScanEagle, d’une envergure de 3 mètres, est un drone d’observation tactique possédant un rayon d’action d’une centaine de kilomètres seulement mais capable de voler durant une vingtaine d’heures, selon son fabricant Boeing. Il est utilisé par la marine américine depuis 2005.
»La capture du drone intervient après plusieurs mises en garde de Téhéran qui a accusé ces dernières semaines les États-Unis d’avoir multiplié les violations de son espace aérien au-dessus du Golfe.
»Des avions de combat iraniens avaient ouvert le feu le 1er novembre sur un drone MQ1 accusé par Téhéran d’avoir survolé la région côtière de Bouchehr, où se trouve notamment le terminal pétrolier de Kharg et la seule centrale nucléaire iranienne.
»L’appareil n’avait pas été endommagé, et Washington avait affirmé que l’incident s‘était produit dans l’espace aérien international.
»Téhéran a accusé les États-Unis d’avoir violé à huit reprises en octobre son espace aérien avec des drones, et a officiellement protesté auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.
»
»Un drone d’observation de construction iranienne utilisé par le Hezbollah libanais a ainsi pu survoler début octobre le territoire israélien pendant une demi-heure avant d‘être détruit par l’aviation israélienne.
»L’Iran, qui dit disposer également de drones bombardiers, a affirmé par ailleurs avoir pu percer les secrets du RQ-170 capturé et avoir commencé à préparer des répliques de cet appareil furtif.»
Quel est le but de cette manœuvre montrant l’Iran disposant d’une capacité militaire impressionnante ? Une des explications serait que cette dépêche viserait à empêcher une intervention française en Syrie, par peur que les Syriens aient eu accès à ce savoir iranien. Si c’était le cas, l’Afp retrouverait alors son rôle de propagandiste.
Mais, le jour même, une nouvelle dépêche nuance toutes les affirmations de la précédente, en s’appuyant sur le point de vue états-unien. La précédente dépêche s’expliquerait donc soit par la mise en place d’une stratégie de courte durée, soit par le fait que le règne de l’information-spectacle fait perdre tout esprit critique. La solution préférable pour l’Afp serait que son site ait été piraté par des pro-Iraniens…
Ismaël Malamati
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