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2931• Les résultats des votes dans deux lander allemands (Thuringe et Saxe) constituent l’amorce d’une véritable révolution politique dans le sens du grand courant populiste antiSystème. • Deux partis, radicalement opposés selon les classements classiques (extrême-droite et extrême-gauche) mais très proches sur les grands problèmes de politique extérieure (Ukraine, immigration) s’affirment avec une force surprenante : l’AfD avec plus de 30% et le BSW de Sarah Wagenknecht, qui n’existait pas en 2023, avec 12%-15% des voix. • Une catastrophe bénéfique.
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Certes, on s’en doute : en fait de catastrophe, nous ne parlons ni de Nordstream-2, ni de l’aide à l’Ukraine, ni du naufrage qui se fait dans l’ordre et la discipline de la puissance économico-industrielle allemande, ni même, – que du contraire !, – du formidable alignement de l’Allemagne sur Washington. Toutes ces choses assez banales sont dans l’ordre de la digne et juste évolution des choses.
Non, il s’agit, en fait de catastrophe, des résultats électoraux dans les Lander de Thuringe et de Saxe. Des événements électoraux “historiques” s’y sont produits. Ils ne sont pas faits pour réjouir les cœurs conformistes alignés sur l’alignement-Système et selon les consignes de l’américanisme globaliste. Il s’agit des résultats de deux partis dites-“extrêmes”, c’est-à-dire ayant une politique sacrilège sur les deux domaines-clef (pour le Système) de l’immigration et de l’aide à l’Ukraine (et de la rupture avec la Russie) : l’AfD de droite antiSystème puisque ayant des politiques contre le Système sur l’immigration et l’Ukraine, et le tout-récent (depuis janvier) BSW de Sahra Wagenknecht de gauche antiSystème pour les mêmes raisons.
« Selon les résultats préliminaires officiels, l'AfD a remporté 32,8 % des voix lors des élections législatives de dimanche dans le Land de Thuringe, dans l'est de l'Allemagne. Le parti conservateur de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) devrait arriver en deuxième position, avec 23,6 % des voix.
» Les deux partis sont également au coude à coude dans le Land voisin de Saxe, selon les sondages de sortie des urnes, la CDU et l'AfD obtenant respectivement 32 % et 31,5 % des voix.
» Aucun des membres de la coalition au pouvoir en Allemagne – le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier Olaf Scholz, le Parti libéral-démocrate (FDP) et les Verts – n’a réussi à se hisser parmi les trois premiers dans aucun des deux Länder. La troisième place en Thuringe et en Saxe revient au nouveau parti de gauche Sahra Wagenknecht (BSW). Bien qu’ils soient situés aux extrémités opposées du spectre politique, BSW et AfD réclament tous deux un contrôle plus strict de l’immigration et la fin du soutien de Berlin à l’Ukraine dans le contexte de son conflit avec la Russie. »
Il est évident à nos yeux que les résultats qui comptent, historiques ou pas, sont ceux de l’AfD et du BSW, qui marquent leur extrême popularité et la belle façon dont ils répondent à l’attente du public.
Ces deux partis (AfD et BSW) sont qualifiés tous deux d’“extrême-droite”, appellation absurde pour le BSW mais correspondant aux codes du Système pour désigner les antiSystème. Mercouris signalait dans son programme du 1er septembre sur Macron, et donc accessoirement, le cas du journaliste anglais John Capner, éditeur de ‘Index to censorship’, homme de gauche référencé et qui porte beau cette étiquette, qui lance dans ‘The Guardian’ une attaque féroce contre Sarah Wagenknecht en la dénonçant comme “d’extrême-droite”. Mélenchon et LFI n’ayant pas encore été dénoncés comme “extrême-droite”, on peut en déduire que le Système s’arrange parfaitement de ses pitreries provocatrices et totalement accessoires qui achèvent de marquer la dégénérescence de cet homme politique qui a perdu toute substance au profit de l’apparence du spectacle.
On comprend que, dans les circonstances actuelles, seules comptent les positions sur les deux thèmes (immigration et Ukraine) qui sont les deux principales préoccupations du Système favorisant la politique globaliste de déconstructuration. Le reste (les politiques intérieures et économiques classiques) n’a qu’une importance mineure, puisque totalement contraintes par les règlements et autres moyens d’intervention et de pression de l’UE. Cette appréciation concerne donc bien l’AfD et le BSW, avec une mention particulière pour la personnalité extrêmement brillante et séduisante de Sarah Wagenknecht qui a créé il y a quelques mois un parti qui peut aujourd’hui prétendre à être le troisième d’Allemagne et le seul représentant de la gauche. Sarah Wagenknecht en Allemagne est exactement tout ce que Mélenchon pourrait être et n’est pas en France.
Bien entendu, il n’est pas question pour l’un ou l’autre débris des partis traditionnels de former une coalition avec l’AfD, et peut-être même avec le BSW sauf à avaler quelques couleuvres. C’est-à-dire que ces deux partis antiSystème n’ont aucune chance d’exercer le pouvoir d’une façon constructive et, selon l’expression consacrée et si trompeuse, “d’appliquer leur programme”.
Mais ce n’est ni leur intérêt ni ne devrait être réellement leur but. Leur intérêt et leur but devraient être, pour l’instant, de développer à leur avantage un double inversé de la “stratégie de la tension” célèbre en Italie dans les années 1970. Il s’agit de maintenir une pression extrême sur le pouvoir et sur le Système pour entretenir chez eux la peur d’une évolution catastrophique qui achèverait de les priver du pouvoir et de ses privilèges, et chez l’électeur la perception de la possibilité d’une alternative puissante au pouvoir en place
Ces partis antiSystème (ou “populistes”), ont montré leur efficacité en dehors du pouvoir, comme menace contre lui, et leur inefficacité dès qu’ils parviennent au pouvoir où ils cèdent sur l’essentiel (Meloni en Italie), – avec comme l’exception qui confirme la règle la Hongrie de Viktor Orban. Leurs résultats généraux sont exceptionnels : 1ère ou 2èmeplace pour l’AfD selon les lander, 3ème ou 4ème avec autour de 15% en moyenne pour le BSW, un parti qui n’existait pas il y a un an. Malgré cette puissance mais aussi grâce à elle, ils doivent se tenir littéralement “en embuscade” en attendant un événement global déstabilisateur qui leur permettrait d’accéder au pouvoir dans des conditions plus favorables où ils pourraient accélérer la destruction du Système (par exemple, cet événement pourrait être chronologiquement fort proche et venir des États-Unis avec le résultat qu’on imagine aux élections présidentielles).
Nous parlons ici selon une logique globale et hors de toute tactique politique qui les sépare radicalement sur des points de politique intérieure. Nous parlons des grands domaines d’action que sont la politique extérieure et l’immigration où ils tendent à se rejoindre, et qui constituent aujourd’hui la pierre angulaire de l’activité allemande (comme tout autre pays européen) dans le cadre européen, éventuellement hors-UE et hors-OTAN. Cela suppose des évolutions radicales et révolutionnaires qui sont parfaitement envisageables lorsqu’on voit l’évolution depuis 12 mois-18 mois de la situation politique, – en Allemagne et ailleurs.
Mis en ligne lr 2 décembre 2024 à 17H00