L’Amérique a un nouvel ennemi: le paganisme

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D’abord, observons que la nouvelle a touché un nerf sensible, qu’elle a soulevé une protestation très caractéristique, – si l’on s’en tient aux “moyens du bord” pour ce qui concerne Internet. Lorsque le site ThinkProgress met en ligne cette petite nouvelle qui nous paraîtrait bien dérisoire, il est 04H30 PM (Eastern Time, USA), le 6 juin 2009. Moins de douze heures plus tard, à 04H00 AM le 7 juin 2009, il y avait 621 commentaires sur le site.

Il s’agit du rapport très court d’une réunion tenue en Virginie par trois ténors de la droite chrétienne US, Newt Gingrich, Mick Huckabee (candidat aux primaires républicaines en 2008) et l’ancien colonel des Marines Oliver North. Le thème était “Rediscovering God in America”. Les choses mises en accusation étaient l’avortement, le mariage entre homosexuels, l’altération “anti-chrétienne” des livres scolaires et, d’une façon générale, tout ce qui tend à “retirer Dieu” de la vie publique aux USA. Les trois orateurs ont insisté sur l’idée, qui a fortement choqué les lecteurs de ThinkProgress, que l’appartenance à la religion chrétienne est le principal fondement de la citoyenneté américaine.

«… GINGRICH: “I am not a citizen of the world. I am a citizen of the United States because only in the United States does citizenship start with our creator. [...] I think this is one of the most critical moments in American history. We are living in a period where we are surrounded by paganism.

»Huckabee also equated America’s victory against the British in the Revolutionary War with the right-wing’s success in the Proposition 8 fight in California as being miracles “from God’s hand.”»

(Un lecteur, angels81, auteur du commentaire n°58, a eu l’esprit d’observer à propos de la remarque d’Huckabee sur la victoire durant la Guerre d’Indépendance (Revolutionnary War): «Truth be told, if there was a miracle in the Revolution, it was the French not God.»… Un autre, miholo, auteur du commentaire n°620, n’est pas piqué des vers…: «Newt! He'd better pray there isn't a hell.I had Newt's daughters, Jackie Sue and Kathy, with me. We were all supposed to meet back at this professor's house. It was a milk-and-cookies kind of shakedown thing, buck up the troops. I was cutting across the yard to go up the driveway. There was a car there. As I got to the car, I saw Newt in the passenger seat and one of the guys' wives with her head in his lap going up and down. Newt kind of turned and gave me his little-boy smile. Fortunately, Jackie Sue and Kathy were a lot younger and shorter then.»)

La surenchère idéologico-religieuse semble devenue un jeu absolument courant aux USA, sans qu’il soit nécessaire de lui trouver un sens ni de lui chercher un avenir. Il s’agit d’une attitude réflexe plus qu’autre chose, correspondant évidemment au désarroi des républicains extrémistes après l’épisode GW Bush, devant une évolution de l’administration Obama dont ils craignent sans aucun doute qu’elle aille dans un sens désastreux pour leur propre orientation, mais qu’ils n’arrivent pas à fixer dans une critique constructive.

On pense notamment, et principalement, à l’évolution de la politique israélienne d’Obama, qui ne suscite aucune opposition efficace bien que l’impression grandissante soit qu’elle comporte des éléments de très grands changements. Pour la droite évangéliste chrétienne, très proche des thèses israéliennes depuis 9/11, c’est une situation délicate. Cette droite attendait Armageddon avec l’invasion de l’Irak, elle n’a rien eu de semblable. L’Iran, qui semblait une solution de remplacement, pose aujourd’hui un problème délicat avec une politique US qui tend à élargir la question dans la problématique plus large de la non-prolifération où Israël se trouve brusquement impliquée. Les questions de politique extérieure se nuancent et les leaders de cette droite extrémistes, à la fois tacticiens de l’extrémisme et ne reculant devant aucune rhétorique hystérique, se replient sur le domaine intérieur. L’assassinat du docteur Tiller permet effectivement de ranimer cette sorte de rhétorique. Selon les circonstances, ces positions disons tactiquement apocalyptiques des Gingrich et Huckabee n’ont aucune importance ou peuvent déboucher sur une tension nouvelle. C’est du marketing extrémiste, avec les possibilités habituelles du marketing.


Mis en ligne le 8 juin 2009 à 16H23