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941La démission de l’amiral Fallon a-t-elle aussi une dimension politique liée directement aux événements politiques en cours aux USA, précisément l’élection présidentielle? Il s’agit là de pures spéculations, mais avec une élection présidentielle qui est plus que jamais une énigme la spéculation est désormais un sport autorisé, majoritairement pratiqué et même unanimement recommandé. La question impliquée par une spéculation politique concernant Fallon est de savoir si l’amiral démissionnaire du poste prestigieux de commandant en chef de Central Command, après un parcours extrêmement polémique et applaudi par beaucoup, ne serait pas sollicité et/ou tenté de tenir un rôle politique dans les mois qui viennent.
Ici et là, d’une façon complètement informelle, apparaissent des hypothèses qui relèvent de cette sorte de spéculation, comme celle d’un lecteur du Dallas Morning News le 11 mars : «Admiral Fallon might make an excellent Vice President for Barack Obama.»
… Ou encore, d’une façon plus générale, plus hypothétique mais présentant néanmoins une ligne de pensée qui doit avoir d’ores et déjà effleuré plus d’un esprit pour ne pas dire plus, cette réflexion de William Pfaff, terminant son article du 13 mars consacré à la démission de Fallon :
«In America, officers are not hanged from meat-hooks for insubordination, especially when they are polite about it. They are offered jobs in investment groups or industry. They may be invited to go into politics, even presidential politics. One wonders if President Bush told John McCain about his intentions, before making a martyr of Admiral Fallon.
»However in America it is extremely rare for any official, least of all a serving senior professional military officer, to assume a public position that is in conflict, on a crucial issue, with the administration in power. Douglas MacArthur did it, and Harry Truman dismissed him.
»MacArthur, possibly to his own surprise, was not then made the Republican nominee for the presidency in 1952. He went instead to his alma mater, the military academy at West Point, which he had himself had once commanded, and as cadets sobbed, he told the assembled classes that old soldiers “just fade away.” It will be interesting to see if this is also true of admirals.»
Fallon a certainement des connexions politiques qui peuvent jouer dans le sens de l’hypothèse évoquée. Il constituerait une précieuse recrue s’il s’engageait politiquement avec Obama, pour quelque poste que ce soit, ou simplement comme un soutien de prestige. Son passé d’officier prestigieux aux plus importants commandements, allié à ses affirmations politiques et stratégiques adversaires de la politique radicale de Bush, renforceraient Obama en lui donnant une garantie de grande responsabilité en matière de sécurité nationale.
Surtout, Fallon s’est déjà manifesté par la filière Chuck Hagel, en octobre dernier. Hagel est l’une des rares personnalités républicaines de poids à avoir une opinion hostile à la guerre en Irak et à toute tentative guerrière contre l’Iran. On sait Obama tenté par un rapprochement des républicains modérés et adversaires de la politique belliciste de Bush, notamment et précisément de Chuck Hagel lui-même. Cette façon d’apprécier la démission de Fallon pourrait entretenir la version d’une “démission calculée”, par provocation contrôlée (l’article de Esquire), pour “sortir du rang” avec tous les honneurs considérables de s’être opposé à la politique de Bush et l’auréole de martyr dont parle William Pfaff.
(Cette hypothèse n'empêche évidemment pas d'autres éléments d'avoir joué, notamment le fait même des relations exécrables avec la direction politique à la Maison-Blanche et le fait qui en découle que divers groupes cherchaient à se débarrasser de Fallon. Mais cela était évident dès avant l'article d'Esquire et, dans ce cadre, s'il n'y a pas une explication complémentaire, l'article apparaît comme une démarche incompréhensible de la part de l'amiral.)
Mis en ligne le 15 mars 2008 à 18H10