L’anti-américanisme, c’est comme un sparadrap

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… Nous voulons parler de l’image du sparadrap du capitaine Haddock, dont on n’arrive pas à se débarrasser, qui revient se coller à un autre doigt après que vous l'ayez détaché du premier. Exemple du nouveau Premier ministre-élu (dimanche dernier) du Canada, le conservateur Stephen Harper. Il avait fortement critiqué ses adversaires libéraux qui surenchérissaient dans l’anti-américanisme, affirmant qu'on pouvait en revenir à l'entente traditionnelle Canada-USA. On en avait déduit qu’enfin Harper était le Premier ministre canadien idéal qu’on attendait, c’est-à-dire convenable parce que garde à vous/pro-US.

Pour la suite on verra mais ça commence plutôt mal. Trois jours après avoir été élu, Harper a eu un sévère accrochage avec l’ambassadeur US à propos de l’intention du Canada de déployer des brise-glaces et divers postes d’observation dans le fameux “passage du Nord” qui pourrait se dégager en eaux libres avec la fonte des glaces due au réchauffement climatique. Les USA (mais aussi la Russie, la Norvège et le Danemark) jugent que le Canada n’a pas le droit d’envisager d’intervenir comme il le fait car il s’agit d’une zone internationale. Le Canada dit que non, et Harper a réaffirmé la chose.

Les réclamations US ne sont pas vraiment habiles face à un élu de trois jours, comme pour rappeler qui est aux ordres de qui, — mais il n’y a vraiment rien pour étonner, de la part de Washington, dans cette sorte d’intervention. L’ambassadeur Wilkins a donc été mal reçu par Harper, qui a eu cette phrase qui n’augure rien de bon pour la vertu canadienne: « It is the Canadian people we get our mandate from, not the ambassador of the United States. »

On peut trouver quelques mots d’explication sur BBC.News du 27 janvier.


Mis en ligne le 28 janvier 2006 à 10H06