Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
1536Est-ce la plus violente, la plus efficace des attaques du trio infernal et néanmoins vertueusement antiSystème Snowden-Greenwald-Guardian ? Peut-être bien... Greenwald nous avait promis du “saignant” avec la quatrième livraison majeure des révélations Snowden (on parle des principales : d’abord sur PRISM, ensuite sur l’espionnage et les écoutes durant le G-20 de 2009 à Londres, puis sur le rôle joué par le GCHQ britannique collaborant avec la NSA) : il savait ce qu’il disait. Le Guardian du 11 juillet 2012 au soir détaille les pratiques du géant Microsoft dans sa collaboration avec la NSA. Il est évident que ces pratiques se retrouvent avec les autres géants du domaine (Google, Yahoo, Facebook, etc.). D’autres articles reprennent bien entendu les révélations du Guardian, et l’on peut se reporter notamment à un texte très complet de Russia Today du 12 juillet 2013.
Quelques détails généraux extraits de l’article central du Guardian : «Microsoft has collaborated closely with US intelligence services to allow users' communications to be intercepted, including helping the National Security Agency to circumvent the company's own encryption, according to top-secret documents obtained by the Guardian. The files provided by Edward Snowden illustrate the scale of co-operation between Silicon Valley and the intelligence agencies over the last three years. They also shed new light on the workings of the top-secret Prism program, which was disclosed by the Guardian and the Washington Post last month.
»The documents show that: • Microsoft helped the NSA to circumvent its encryption to address concerns that the agency would be unable to intercept web chats on the new Outlook.com portal; • The agency already had pre-encryption stage access to email on Outlook.com, including Hotmail; • The company worked with the FBI this year to allow the NSA easier access via Prism to its cloud storage service SkyDrive, which now has more than 250 million users worldwide; • Microsoft also worked with the FBI's Data Intercept Unit to "understand" potential issues with a feature in Outlook.com that allows users to create email aliases; • In July last year, nine months after Microsoft bought Skype, the NSA boasted that a new capability had tripled the amount of Skype video calls being collected through Prism; • Material collected through Prism is routinely shared with the FBI and CIA, with one NSA document describing the program as a “team sport”...»
• Les réactions actives à l’accès à l’article du Guardian (édition européenne) sont une marque très significative de l’impact sur le public des révélations Snowden-Greenwald-Guardian. L’article a été mis en ligne le 11 juillet à 20H53 (heure rectifiée), ce qui assurait une lecture importante d’une petite demi-journée aux USA, la lecture importante en Europe commençant ce matin. • A 05H00 ce matin, on comptait 2.276 commentaires, 12.593 recommandations Facebook de l’article par des lecteurs, et 6.596 recommandations Tweeter. • A 09H00, les chiffres respectifs étaient de 2.610, de 17.010 et de 7.302.
• Ces révélations paniquent Microsoft, qui commence à enregistrer des pertes considérables dans le chef des utilisateurs de l’internet. (Même chose pour les autres
Un paragraphe de l’article du Guardian, parmi d’autres, peut être cité pour mettre en évidence cette panique de l’industrie-collabo US : «The latest NSA revelations further expose the tensions between Silicon Valley and the Obama administration. All the major tech firms are lobbying the government to allow them to disclose more fully the extent and nature of their co-operation with the NSA to meet their customers' privacy concerns. Privately, tech executives are at pains to distance themselves from claims of collaboration and teamwork given by the NSA documents, and insist the process is driven by legal compulsion...» Quant à la légalité de cet ensemble et la position des sociétés du corporate power par rapport aux us et coutumes du Système, on peut en avoir une idée avec cette précision de l’ancien officier de la CIA Ray McGovern, cité par Russia Today, qui rappelle combien l’illéfgalité est devenue, de façon élégamment orwellienne, la légalité, avec punition pour ceux qui ne comprennent pas :
«Former CIA officer Ray McGovern expanded further on the subject to RT, remembering the Bush presidency and how unsurprising it is that this sort of breach of rights continues to exist. “If you look at what happened when Bush, Cheney and General Hayden – who was head of the NSA at the time – deliberately violated the law to eavesdrop on Americans without a warrant, did the telecommunications companies cooperate? Verizon, AT&T…All the giants did…the one that didn’t was Quest. And what happened to Quest? Well, the CEO ended up in jail – and he still might be in jail – on some unrelated charges.”»
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui l’on se trouve au cœur du sujet pour ce qui est de l’aspect pratique le plus acclamé du Système : le corporate power, c’est-à-dire le cerveau du capitalisme, avec l’argent brassé qui en est le sang, avec l’ardeur monopolistique qui en est l’obsession, avec au bout du compte la collaboration aveugle et soumise avec le Système qui en est le comportement fondamental. Mais voilà, avec le grain de sable nommé Snowden, tout commence à changer. Ce qu’on a vu, ce qui se passe en ce moment constitue une menace directe contrer l’architecture corporate contrôlant le réseau globalisé de communication de l’internet. La tendance a de fortes chances de très vite ressembler à une boule de neige. Les plaintes civiles commencent à fleurir partout, annonçant un déluge légaliste contre les collabos et leurs maîtres. (Cela, y compris, et même avec une remarquable célérité, en France [même le Guardian s’y intéresse, ce 11 juillet 2013], mais bien entendu de la part de groupements civils et civiques, et nullement d’un gouvernement qui a perdu toute légitimité et toute souveraineté et se trouve paralysé à l’image de son président-poire.)
Dans ce courant d’une puissance extraordinaire qu’a déclenché la crise Snowden, et sous les coups répétés des révélations successives qui impliquent de plus en plus un public globalisé via le statut désormais en procès universel de l’internet, c’est effectivement l’architecture des “géants collabos” qui est en cause. (Il s’agit essentiellement des “sept de PRISM”, comme on les surnomme, et comme nous le signalions le 11 juin 2013 : «[S]ur les neuf compagnies contactées par la NSA, deux, dont Twitter, ont refusé de “coopérer”. Les sept autres (Google, Facebook, Microsoft, Apple, Yahoo, AOL, Paltalk) n’ont guère fait de difficultés, allant parfois au-devant des demandes du gouvernement. (Le WSJ rappelle ces déclarations de Assange il y a deux ans, suivies de la réaction de Facebook qui prend une couleur particulière à la lumière des révélations sur PRISM : “Two years ago, Julian Assange, the editor in chief of Wikileaks, called Facebook an ‘appalling’ spy machine during a media interview, adding that he believed the social network, Google and Yahoo had ‘built-in interfaces for U.S intelligence.’ In a comment at the time, a Facebook spokesman said, ‘There has never been a time we have been pressured to turn over data.’”») Actuellement est en train d’apparaître l’existence de facto, depuis un certain nombre d’années, d’une “bulle de la collaboration” de l’architecture de gestion de l’internet avec la NSA. Une bulle, c’est bien connu, c’est fait pour crever. Si la crise Snowden continue et si elle se répand et continue à influer comme elle est en train de faire sur le comportement des utilisateurs de l’internet, sur les actions civiques et juridiques, sur les réactions de créations d’alternatives, c’est toute cette architecture qui va se trouver concrètement, financièrement menacée, – peut-être, avec une belle crise financière à la clef. “Too big to fall” ? On verra bien.
... En attendant, les “services” ont, en Russie, pris la mesure de la crise (notamment le FSO chargé des communications du Kremlin, et notamment de Poutine). Première décision : le retour à la machine à écrire, difficile à écouter et à transcrire en mégabits par la NSA, avec un budget de $15.000 pour achat immédiat de ces bonnes vieilles choses. (Voir le Daily Telegraph du 11 juillet 2013, suivi par le Guardian, ce même 11 juillet 2013.) Là aussi, l’équation du Système surpuissance-autodestruction est respectée, avec autodestruction du Progrès...
Mis en ligne le 12 juillet 2013 à 09H42