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1256L’attaque terroriste venue du Sinaï contre Israël, arrêtée après que les attaquants aient tué 16 garde-frontières égyptiens, constitue un pas supplémentaire dans la tension dans le Sinaï à la frontière entre l’Égypte et Israël. Il s’agissait d’une attaque puissante, très bien organisée, déterminée, avec pour but de provoquer des pertes importantes en Israël. Les forces israéliennes avaient des informations sur cette attaque mais n’ont pas effectué d’attaque préventive, qui aurait été en territoire égyptien, de crainte de provoquer un incident majeur avec l’Égypte. Certaines des informations ont été passées aux Égyptiens, mais ceux-ci n’ont guère pris de mesure. Les Egyptiens sont moyennement intéressés par la collaboration avec Israël et ils ne contrôlent pas la situation dans cette région en train de devenir une zone de situation idéale pour le développement du terrorisme contre Israël en même temps que toutes les activités qui sont désormais liées au terrorisme (trafic divers, crime organisé, etc.).
«I hope this will be a wake-up call for Egypt regarding the necessity to be sharp and efficient on their side», a dit le mlinistre Barak après l’attaque. Un journaliste israélien, Yakov Katz, avance l’opinion que les Égyptiens vont réagir, comme le président Morsi l’a annoncé (Morsi «is going to have to deal with this. Up until now he could pretend this wasn't a big problem. But this could be a turning point. Is [the government] going to take control or allow [the région] to remain a safe haven for al-Qaida and global jihad types?»). Dans son article du 6 août 2012 du Guardian, Harriet Sherwood explique cette évidence bien connue que, même si les Egyptiens s’engageaient dans le Sinaï, l’habitude irrépressible des Israéliens, au niveau de la sécurité, est de ne pas faire confiance aux autres pour assurer cette sécurité. Cela implique un dilemme majeur avec l’Egypte, qu’Israël veut à tout prix ménager.
«But this is a delicate situation. Since Israel and Egypt signed a peace treaty in 1979, Sinai has been a demilitarised zone, with tight restrictions on troops on the ground. Israel is unlikely to take steps which could threaten the treaty's durability, especially in the context of its concerns over the post-revolution government's commitment to the accord. “Israel has strategic interests in keeping the peace treaty. This is why we're not attacking on Egyptian soil and instead conveying alerts we have to the Egyptian authorities in the hope they will deal with it,” Harel said.
»The repercussions of Israeli action across the border would be significant, Katz said. “The end of the peace treaty, demonstrations throughout Egypt, our ambassador being kicked out of Cairo? Israel's ability to respond is very limited”… […]
»But some are urging a robust response. According to Alex Fishman, the defence analyst for Israel's biggest-selling newspaper, Yedioth Ahronoth, the time for direct action is drawing closer. “The political leadership in Israel … is being respectful of Egyptian honour, afraid to sneeze next to them or demand, heaven forbid, that they do anything,” he wrote. “There will be no choice: Israel is approaching the point at which it will have to deal with Sinai on its own, with everything this entails, including how it will affect the relationship with Egypt. Otherwise there will be a bloodbath here in a style we have not seen before.”»
Les données du problème ne sont pas nouvelles, depuis la chute de Moubarak. Il fallait les rappeler, pour noter égaiement qu’elles se sont notablement aggravées depuis un an (voir le 22 août 2011). Le Sinaï est devenu un terrain d’opération majeur des terroristes. Surtout, le Sinaï s’inscrit désormais dans un grand courant de déstabilisation, dans ce que nous désignons comme une “deuxième chaîne crisique” (voir ce 6 août 2012) dont l’origine est la crise syrienne. Les Égyptiens font porter la responsabilité de l’attaque sur des éléments dissidents de la zone de Gaza et les Israëliens parlent plus vaguement mais plus largement des “salafistes du Sinaï” avec al Qaïda, ce qui nous rapprochent de l’environnement de la crise syrienne. DEBKAFiles a une troisième explication (le 6 août 2012) : l’Iran indirectement mais fort logiquement, à partir de la crise syrienne.
«Neither Israel nor Egypt has mentioned a third option, which in the view of DEBKAfile’s counter-terror analysts is the most sinister of them all, namely that Iran’s proxy in the enclave, the Palestinian Jihad Islami, which operates under the command of the Al Qods Brigades operations center in Beirut, was told to muster al Qaeda jihadists in Sinai for the coordinated attacks. Iranian officers posted in Beirut would then have orchestrated the combined operation, bringing to bear their long experience of setting up terrorist campaigns against Western and Arab targets – Saudi Arabia in 2003 and 2004; Iraq up to the present day and Afghanistan, against US and NATO forces.
»If that is what happened, it would be the first time Tehran has harnessed al Qaeda to lash out out against Egyptian and Israeli military targets as a riposte for the presence of al Qaeda fighters in the revolt against Bashar Assad. Just a few hours earlier, Iran’s Parliament Speaker Ali Larijani declared: “The fire that has been ignited in Syria will take the fearful (Israelis) with it.” That was also the first time Tehran had explicitly threatened that the Syrian conflict would spill over into Israel.»
Ainsi la boucle est-elle bouclée pour ce qui est du cycle d’expansion du terrorisme, c’est-à-dire de l’action normale et logique des forces islamistes, ou djihadistes, à partir de la crise syrienne qui agit comme régénérateur de cette dynamique. L’interprétation israélienne officielle (“salafiste du Sinaï”, ou al Qaïda dans le Sinaï) en est évidemment fort proche, et tout cela revient à parler de la même chose dans des termes un peu différents ; et tout cela revient à observer, ou confirmer que la crise syrienne agit évidemment, dans le chef de l’opposition soutenue par le bloc BAO avec le Qatar et l’Arabie, comme un catalyseur de la relance de la dynamique dite al Qaïda. L’automaticité presque linéaire du processus d’enchaînement est parfaite. Que les Iraniens jouent éventuellement le rôle de relais pour orienter et alimenter les attaques, quoi de plus normal de la part d’un pays qui est directement soumis à une agression internationale totalement illégale depuis sept ans, qui rejoint aujourd’hui des conditions qu’on peut assimiler à un état de guerre, également d’origine internationale et également illégale.
Rien dans tout cela pour surprendre, rien pour susciter une réflexion particulièrement originale. De même, sans surprise ni originalité, rien, non plus, ne sera fait, en matière de coordination et de synthèse d’analyse, du côté du bloc BAO et des autres. Le soutien à l’“opposition” syrienne continuera à être total, et total sinon totalitaire pour lui-même (le bloc BAO & consorts) le discours de soutien et d’alimentation de la “révolte du peuple syrien” fabriquée avec les moyens et les acteurs qu’on sait, par ce même bloc BAO & consorts. Aucun espoir ne peut être entretenu que l’intelligence du bloc américaniste-occidentaliste puisse transgresser les cloisonnements et les interdits de communication et d’analyse établis dans son propre camp et de son propre chef, entre les différentes crises et leurs connexions. La catastrophe continue, dirait-on, “selon le plan prévu”, sans qu’il faille s’en étonner et sans qu’il faille nécessairement, au bout du compte, le déplorer.
Aucun arrangement sérieux n’est possible entre l’Égypte et Israël, qui satisfasse les deux parties, avec leurs préoccupations d’un soutien populaire intérieur qui est nécessairement anti-israélien (l’Égypte) et leurs préoccupations obsessionnelles de la sécurité (Israël). L’Égypte nouvelle détermine sa politique dans la rue, qui est violemment antiaméricaniste et anti-israélienne ; Israël détermine sa politique selon les critères d’une position offensive et agressive constante qui se trouve de plus en plus contrainte à la défensive sur tous les fronts. (Signe logique à cet égard, dans Russia Today ce 7 août 2012, rapportant que les Frères Musulmans, la parti du président égyptien, font porter la responsabilité tactique de l'attentat sur le Mossad israélien, accusé de vouloir déstabiliser Morsi.) Entre les deux, al Qaïda & compagnie jouent sur du velours, et toutes les forces intéressées à un tel développement, dont les Syriens et les Iraniens, y concourrent le plus possible. Nul ne peut rater la logique de la situation et l’on ne peut que s’exclamer presque d’admiration devant la détermination sans faille du Système de conduire la politique générale dans le sens qu’on lui voit, qui est celui du désordre général d’une situation qu’il avait lui-même suscitée à son avantage et qu’il d’emploie donc à détruire méthodiquement.
Mis en ligne le 7 août 2012 à 05H50