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682Le ministre des affaires étrangères de Russie, Sergei Lavrov, apparaît de plus en plus comme un homme-clef dans la crise iranienne. D’une façon plus générale, le diplomate russe est en train de s’imposer comme un grand ministre des affaires étrangères, dans un environnement marqué par la médiocrité standard, quoique parfois avec des touches exotiques, de ses collègues occidentaux.
L’article de l’ancien diplomate indien M. K. Bhadrakumar, publié aujourd’hui sur atimes.com, est révélateur à cet égard. Bhadrakumar, devenu collaborateur régulier de atimes.com, est un ancien diplomate indien (27 ans de carrière, dont les postes d’ambassadeur en Ouzbekistan et en Turquie [1998-2001]). Manifestement, Bhadrakumar connaît bien Lavrov, qu’il a côtoyé à l’ONU, et il semble avoir la plus grande estime pour lui.
Après avoir signalé et détaillé une longue interview de Lavrov, Bhadrakumar écrit ceci :
« At the same time, Lavrov exposes as grandstanding many of the statements emanating from the administration of US President George W Bush about the talks offer. Moscow, it emerges, was not consulted on the matter, and is not party to any tacit agreement on imposing sanctions on Iran, despite Washington's spin to this effect. In other words, an increasingly isolated United States finds itself with very little room left to maneuver, let alone impose its will on an increasingly multipolar world.
» Lavrov comes in the great tradition of Russia's distinguished diplomats. Especially given his profound experience in multilateral diplomacy, with a distinguished spell of a few decades at the United Nations, there is none among world statsmen who is in a better position to take an overview of the criss-crossing tendencies and shadows falling on the Iran nuclear issue. »
Lavrov est manifestement l’homme qui mène le plus nettement et avec le plus d’autorité les rapports entre les cinq puissances (les trois pays européens, la Chine et la Russie) et les USA, — car la crise iranienne porte plus sur ces rapports-là que sur les rapports des six avec l’Iran. C’est lui qui, le 12 mai, a durement coincé Condy Rice en lui exposant son sentiment sur la politique US (voir l’article du Telegraph repris sur notre site) ; son intervention a accéléré la modification de la position US. C’est lui qui, dans l’interview rapportée comme dans le commentaire de Bhadrakumar, remet les choses au point à propos du changement de politique de Washington dans la crise iranienne : les Américains ont pris seuls cette décision parce qu’ils se trouvaient dans une impasse (« In a sharp observation, Lavrov described Washington's decision in the above circumstances as “a victory of common sense” born out of a realization that “exclusively unilateral demands do not work” in the Iran nuclear issue ») et il n’existe aucun engagement pour d’éventuelles sanctions en cas de capotage de l’actuelle phase.
Mis en ligne le 7 juin 2006 à 13H04