L'“axe” du Sud

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L'“axe” du Sud


1er novembre 2002 — Des signes montrent que la droite radicale républicaine/ reaganienne américaine est en train de développer une puissante offensive contre le président brésilien nouvellement élu, en englobant le président Chavez du Venezuela, et, en troisième position dans le même élan, l'“usual suspect” du continent, l'inusable Fidel Castro. Le chiffre est bon : à trois, cela fait un nouvel “axe du mal”, et l'accusation acquiert aussitôt un indiscutable crédit. A la pointe de la bataille, on trouve Constantine C. Menges, senior fellow au Hudson Institut, ancien assistant special pour les affaires de sécurité nationale (sans doute au NSC) durant la présidence Reagan ; on trouve également l'Institute of World Politics, également farci d'anciens de l'équipe Reagan.

Menges a déjà effectué plusieurs interventions sur le thème de l'“axe du diable”, version Sud. Le site NewsMax.com, lui-même très à droite, rapporte l'une des récentes interventions de Menges, le 30 octobre. (On trouve dans cette intervention, également, une attaque indirecte de la CIA qui cadre parfaitement avec la politique générale développée par cette tendance politique et consistant à tenter de discréditer et de marginaliser au maximum la CIA ; cette attaque est nbotamment menée par Rumsfeld au Pentagone,.)


« The election of leftist Lula da Silva as president of Brazil “represents the largest intelligence failure since the end of World War II,” says Constantine C. Menges. [...] Menges’ condemnation, delivered at a seminar Tuesday at the Institute of World Politics, included a warning that, left unfettered, Lula would swiftly cement "a powerful axis of evil right in the Western Hemisphere” that will hold iron sway over 300 million people in several countries.

» If that is allowed to happen, Menges told the standing-room-only audience, “George W. Bush will have lost South America.” The looming new axis would include Cuba’s Fidel Castro, Venezuela’s Hugo Chavez and now Brazil’s Lula da Silva. Lula, a friend of Castro’s for 30 years, will start out slowly, says Menges, putting on a bright face until he consolidates power over the giant country’s secret police and military, while securing what he wants in the way of aid from the International Monetary Fund. Then, watch out, advises Menges, who notes that already – shortly after his election – Lula has started "sporting a little red star in his lapel.” »


Un aspect important de cette nouvelle “offensive”, dans le but de la rendre plus crédible, c'est l'option nucléaire. Menges laisse entendre qu'il faudrait envisager l'hypothèse selon laquelle le nouveau président brésilien est intéressé par les armes nucléaires, orientation qui donnerait tout son lustre effectivement à l'expression d'“axe du diable”. NewsMax.com apporte des précisions sur cette question :


« Perhaps the most unsettling aspect of the new power in Brazil is the specter of another nuclear arms race just south of the U.S. In a statement Sept. 13, 2002 statement, da Silva said that Brazil’s compliance with the Nuclear Nonproliferation Treaty “would make sense only if all countries that already have [nuclear] weapons also gave them up.” Lula, then a presidential candidate, added, “If someone asks me to disarm and keep a slingshot and he comes at me with a cannon, what good does that do?” He concluded his remarks by stating, ”All of us developing countries are left holding a slingshot while they have atomic bombs.”

» Menges said that Lula’s emergence in Brazil and all that portends to our security as a nation is a perfect example of U.S. intelligence “missing the big picture.” Menges recalled warning the Clinton administration in June 1998 about the steady rise of the autocratic Hugo Chavez in Venezuela. “I was told that there was no chance that Chavez would win. Later I was told his "election is inevitable."” »


Cette offensive de mobilisation a toutes les chances, comme d'autres précédemment, d'entrer dans le cadre washingtonien du débat sur les menaces, d'autant qu'elle y trouvera de puissants relais au sein de l'administration, comme l'adjoint au secrétaire d'État pour l'Amérique Latine Otto Reich, ancien activiste anti-castriste d'extrême-droite. L'Amérique Latine est un point de fixation important de la mythologie de la menace washingtonienne, historiquement peut-être plus encore que l'Irak et la zone moyenne-orientale. Son installation sur la scène washingtonienne comme menace est possible, d'autant que le support symbolique trouvé (un nouvel “axe du mal” au coeur du continent) est un excellent argument de promotion. Le piétinement de la guerre contre l'Irak devrait faciliter cette irruption.

Une telle possibilité est évidemment une source de confusion supplémentaire et correspond à l'évolution actuelle de l'administration GW. En raison des avatars rencontrés dans la préparation du conflit irakien, l'administration GW présente une unité et une cohésion de plus en plus fragile et sa dialectique sur la menace devient plus confuse ; l'irruption d'un nouvel “axe du mal” n'arrangerait pas l'affaire.