Le 18 juin (2026) de Mister Z.

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 1957

Le 18 juin (2026) de Mister Z.

• Difficile, on en conviendra, de ne pas parler de l’étonnante rencontre télévisée entre Zelenski et la direction US (bien autant Vance, – excellent en tous points, – que Trump). • D’ailleurs, les derniers mots du président des États-Unis disent tout : « Ce sera une excellente émission de télévision, je peux le dire. » • Que va faire Mister Z. désormais ? Rallier l’Europe où l’on pourrait l’investir comme chef de guerre de l’Union Européenne ? • Certains lui voit un destin gaullien, évidemment avec l’aide des Britanniques qui conservent pieusement leur légendaire perfidie.

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Ce fut un remarquable moment de grande parade, presque héroïque, un formidable théâtre mettant en scène le sort du monde sans trop nous accabler de détails angoissants. Le deus ex machina avait manifestement pris une forte dose de cocaïne mondaine et jappait les mots autant qu’il les mangeait, semblable à la fameuse ‘souris qui rugissait’ mais à l’apex de son épisode maniaque plutôt que particulièrement habile. Le président Trump eut un instant de grave dépression, une sorte d’abattement devant l’incroyable tournure de l’événement où on lui décrivait les USA mieux protégés par l’Ukraine que par le « nice ocean » Atlantique. Pendant ce temps, son vice-président, – l’incontestable vedette, l’esprit-phare de cette rencontre, l’homme de 2028, – tenait Mister Z. à distance et par le col avec la fermeté du verbe et la droiture du regard.

Mister Z. quitta la Maison-Blanche en claquant la porte derrière lui, tandis que les équipes de conseillers se précipitaient sur le fastueux en-cas, ou “déjeuner de travail”, auquel Zelenski n’avait pas touché. La séquence était terminée.

Il est inutile de se précipiter sur les lieux communs de circonstance : oui, il est probable sinon plus que probable, et même sans aucun doute évident pour ne pas dire certain qu’on n’a jamais vu, – dans tous les cas dans l’ère de la radio et de l’image de communication, – une telle scène. Même avec le monstrueux Adolph fascinateur ou l’énigmatiquement sanglant Joseph Vissarionovich Yougachvili, on n’eut jamais rien de pareil, d’aussi baroque, d’aussi grotesque et monstrueux, avec d’incroyables moments de vaudeville-bouffe,  comme si on avait fourré du Labiche au cœur d’une tirade de Corneille.

Voici ce que certains en disent, donc : des exemples plutôt que des exceptions, on le comprend évidemment... Tarik Cyril Amar en a cité quelques-uns :

« “Un échec grandiose” – c’est ce qu’a déclaré le meilleur site d’information ukrainien. C’est ainsi que ‘strana.ua’ a résumé la visite de Vladimir Zelenski, ancien dirigeant de Kiev, à Washington.

» Et tous ceux qui ont assisté à la joute sans retenue entre Zelenski, d’un côté, et le président américain Donald Trump et le vice-président J.D. Vance, de l’autre, ne peuvent être en désaccord. En fait, personne ne tente même de le contester : indépendamment de tout parti pris politique, il y a unanimité dans les médias grand public occidentaux pour dire qu’il s’agit d’une catastrophe historique pour Zelenski et sa version de l’Ukraine.

» “Un désastre” et un “chaos amer” (The Economist) ; un “effondrement” qui “n’aurait pu être pire” (Financial Times) ; une “escalade historique” (Spiegel) ; un “désastre pour l’Ukraine” et une “confrontation spectaculaire” (Le Monde) ; un “reproche” et une “débâcle” pour Zelenski (New York Times) et ainsi de suite… Vous avez compris l’essentiel. »

« Ce sera une excellente émission de télévision »

Pour avoir une bonne vision de l’extraordinaire entretien (RT.com en donne le verbatim et part même à la recherche du ‘cyka blyat’ [sorte de “fils de pute” en russo-ukrainien] chuchoté par Z à l’intention de JD), on peut regarder la vidéo de Pascal, analyste de l’excellent ‘Neutrality Studies Français’ qui donne l’intégralité des sept minutes du segment polémique avec une excellente traduction vocale, des voix différentes traduisant les propos des différents acteurs.

Pascal donne après son interprétation de cette affaire. Il juge que Zelenski en suscitant ou en acceptant cette étrange “négociation” réalisée comme s’il s’agissait d’une rencontre formelle transformée en émission de télé-réalité, et tout cela devant une presse empressée, est tombé dans un piège tendu par Trump-Vance. Leur but ? Montrer au plus grand public du monde qu’il sont bloqués dans leur tentative d’aller vers un cessez-le-feu à cause de l’entêtement de Zelenski (en évitant de préciser que, de toutes les façons, les Russes refuseraient ce cessez-le-feu puisqu’ils veulent un accord de paix ultra-verrouillé : mais autant ne pas trop les provoquer pour ménager l’avenir).

Sur la fin de la “performance”-TV, Trump le signifie nettement à Zelenski, en évoquant le blocage si “les attitudes” (celle de l’Ukraine) ne changent pas.  :

Trump : « Mais vous voyez, je pense que c'est bien que le peuple américain voie ce qui se passe. Je pense que c'est très important. C'est pourquoi j'ai continué à faire ça si longtemps. Vous devez être reconnaissants, vous n'avez pas les cartes en main. »

Zelenski : « Je suis reconnaissant. »

Trump : « Vous êtes enterrés là-bas. Des gens meurent. Vous manquez de soldats. Écoutez, vous manquez de soldats. Ce serait une sacrée bonne nouvelle... »

Zelenski : « S'il vous plaît, Monsieur le Président... »

Trump : « Alors vous nous dites : “Je ne veux pas de cessez-le-feu, je ne veux pas de cessez-le-feu, je veux y aller et je voulais ça.” Écoutez, si vous pouviez obtenir un cessez-le-feu tout de suite, je vous le dis, vous l'accepteriez, pour que les balles cessent de voler et que vous, les hommes, cessiez de vous faire tuer. »

Zelenski : « Bien sûr, nous voulons arrêter la guerre... »

Trump : « Mais vous dites que vous ne voulez pas de cessez-le-feu. Je veux un cessez-le-feu. »

Zelenski : « Mais je vous ai dit : où sont les garanties ? »

Trump : « Parce que vous obtenez un cessez-le-feu plus rapidement qu'un accord. »

Zelenski : « Demandez à nos gens ce qu'ils pensent du cessez-le-feu. Peu vous importe ce qu'ils disent ? »

Trump : « Ce n'était pas avec moi. C'était avec un type nommé Biden, qui n'était pas une personne intelligente. C'était avec Obama. Excusez-moi. C'était avec Obama, qui vous a donné des bâches et je vous ai donné des Javelins [systèmes antichars portables]. Oui, je vous ai donné les Javelins pour détruire tous ces chars. Obama vous a donné des bâches. En fait, la déclaration dit qu'Obama a donné des bâches et Trump a donné des Javelins. Vous devez être plus reconnaissant parce que laissez-moi vous dire que vous n'avez pas les cartes. Avec nous, vous avez les cartes, mais sans nous, vous n'avez aucune carte... Ce sera un accord difficile à conclure car les attitudes doivent changer. »

Journaliste : « Et si la Russie rompt le cessez-le-feu ? »

Trump : « Et si quelque chose se passe ? Et si la bombe tombait sur votre tête maintenant ? OK ? Et s’ils l’avaient brisée ? Je ne sais pas. Ils l’ont brisée avec Biden parce qu’ils ne le respectaient pas. Ils ne respectaient pas Obama. Ils me respectent.

Laissez-moi vous dire, Poutine a traversé beaucoup d’épreuves avec moi. Il a traversé une fausse chasse aux sorcières quand ils l’ont utilisé avec la Russie. La Russie, la Russie, la Russie ! [allusion au ‘Russiagate’] [...] Il a peut-être rompu les accords avec Obama et Bush et il a peut-être rompu les accords avec Biden. Il l’a fait. Peut-être, peut-être pas. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais il ne l’a pas rompu avec moi. Il [Poutine] veut conclure un accord. Je ne sais pas si vous, Zelenski, pouvez conclure un accord. »

Trump [directement à Zelenski] : « Le problème, c’est que je vous ai donné le pouvoir d’être un dur à cuire, et je ne pense pas que vous le seriez sans les États-Unis. Et votre peuple est très courageux. Mais soit vous allez conclure un accord, soit nous nous retirerons. Et si nous nous retirons, vous vous battrez. Je ne pense pas que ce sera joli, mais vous vous battrez.

Vous n’avez pas les cartes en main. Une fois que nous aurons signé cet accord, vous serez dans une bien meilleure position. Mais vous vous ne montrez aucune reconnaissance, et ce n’est pas une bonne chose. Je vais être honnête, ce n’est pas une bonne chose. »

Et là-dessus réapparaît, triomphant, avec sa dernière phrase,, l’homme du show télévisé plutôt qu’une sorte d’Hitler réincarné... :

« Bon, je pense que nous en avons assez dit. Qu'en pensez-vous ? Ce sera une excellente émission de télévision, je peux le dire. »

18 juin 2026, “Ici Radio-Londres”

Tout de même, il ne faut pas se décourager. Certains jugent que Zelinski n’a pas fait seulement que glisser sur de la cocaïne répandue par mégarde devant lui pour tomber, tête la première, dans le trou du piège trumpiste. Le politologue russe Mikhail Pavlov donne une version plus sophistiquée : en  fait, Zelenski s’est suicidé (tout le monde est d’accord), mais pour mieux renaître... En 2026, lorsque Trump aura été réduit par ses erreurs, et grâce au soutien des Britanniques qui restent les inaltérables boutefeus et producteurs de haine antirusse dans cette affaire (cette donnée-là est loin d’être fausse).

Donc, il y a “Plan B”, élaboré en décembre 2024 par Zelenski et les Britanniques, selon Mikhail Pavlov. Il commence par cet avertissement expliquant qu’il n’est nullement surpris par ce qui s’est passé, et qu’en qualifiant ce segment d’« excellente émission de télévision », Trump est plus proche de la vérité qu’il ne le croit :

« Pavlov pense qu'en fait, il n'y a rien de surprenant dans ce qui s'est passé. Le politologue a rappelé que Zelenski est avant tout un acteur, un maître du genre conversationnel, et non un politicien. »

Pavlov affirme que Zelenski et les gens de son cabinet sont en constant contact avec les Britanniques depuis décembre 2024, parce qu’alors, même avant l’investiture du président et ses premières déclarations, Zelenski avait admis que rien ne serait possible avec lui.

« Avec les Britanniques, un ensemble de mesures a été élaboré. Le 4 décembre, [le chef de cabinet de Z.] Ermak a rencontré le vice-président américain Jay D. Vance à Washington, puis il s'est envolé directement pour Londres. Formellement, il a assisté à un événement au ministère des Affaires étrangères de là-bas. Mais, en fait, il a rencontré un conseiller à la sécurité. Et ils ont discuté du “Plan B”, dit le politologue.

» Le “Plan B” est le suivant. Il est peu probable que Zelenski attende le résultat des urnes. Peut-être qu'il démissionnera, ou autre chose : il y a des options. Mais l'histoire concerne précisément la 26e année du millénaire, avec les élections au Congrès des États-Unis. Comme le croient Zelenski et ses partisans, la majorité du Congrès va changer et Trump sera beaucoup plus faible.

» D’autre part, on suppose que quel que soit le gouvernement qui viendra en Ukraine, il aura d'énormes problèmes. Le pays est détruit, tout comme l'économie. Par conséquent, tout gouvernement fera faillite.

» Et l'idée est que Zelenski se rende à Londres, y formant, relativement parlant, encore une fois, selon les modèles britanniques, un cabinet fantôme de ministres. Et il commencera à critiquer tout ce qui se passe en Ukraine, pour y revenir triomphalement. »

On comprend qu’il faut vivre d’espoir et que Zelenski reste malgré tout la meilleure carte, ou plutôt la seule carte des antiTrump en Ukraine et contre les Russes. Ce jugement contredit celui de Trump qui affirme à Zelenski n’a aucune carte en main. (“Si, moi !”, a pensé Zelenski en insultant tout bas JD Vance.)

L’idée d’un Trump perdant ses moyens d’action en 2026 est du pur archéo-globalisme, se référant aux rythmes de la politique US du temps de la stabilité du Système et du ‘DeepState’. Parvenir à faire des plans pour le 18 juin 2026 (la date est choisie, cela est sûr, c’est même ce choix qui précipitera le déclin de Trump) est une idée très-lunatique de la part des globalistes en déroute.C’est aussi une grande démonstration de la finesse politique des Européens qui ont unanimement soutenu Mister Z.

Pour nous, c’est une évidence, la seule certitude nous est venu du maître en réalisation des séries télévisées qu’est le président Trump :

« Ce fut une excellente émission de télévision »


Mis en ligne le 1Er mars 2025 à 17H50