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448931 décembre 2023 (16H35) – Je reprends quelques petites gâteries du Russe Martyanov du 29 décembre, juste une revue de détail elle-même reprise d’un canard londonien ; je ne sais lequel et, voyez-vous, entre ‘The Daily Express’ et ‘The Times of London’ de Londres, je n’ai même pas cherché. Il s’agit du colonel à la retraite, British Army Retired, Richard Kemp, qui a également son site. Manifestement, les quatre textes cités proviennent d’une rubrique régulière du susdit officier de Sa Majesté, qu’il doit alimenter dans un des canards cités ou non-cotés. Ce qui est drôle, c’est que le rude Martyanov a eu l’esprit de citer trois/quatre “28 du mois...” de l’année 2023 (comme nous disons “lee 19 courant...”), comme variabilité inconstante et modulatoire du suivi commentarisé de la situation ukraino-ukrainienne.
Je vous les donne dans l’ordre chronologique qui vous permet de vous remémorer l’aventure haletante du suivi communicationnel occidental de la “contre-offensive” de Zelenski-sur-Dniepr. A chaque fois, il y a le titre, avec l’humeur du colonel, et le sous-titre vous donnant un aperçu de la situation.
• Ceci d’abord, en février dernier, où l’on voit que le colonel se découvre “surpris” d’avoir eu tellement raison d’annoncer le tout-prochain effondrement russe, mais recommande tout de même de continuer à poursuivre notre effort de soutien si vraiment nous voulons permettre à Zelenski d’anéantir totalement les forces russes, – donc du 28 février 2023 :
« A total Russian collapse is surprisingly close (“Un effondrement russe total apparaît est d’une surprenante proximité”).
» Ukraine can retake Crimean and bring about the total implosion of Putin’s forces, but only with our support (“L’Ukraine peut reprendre la Crimée et susciter l’implosion totale des forces de Poutine, mais seulement avec notre complet soutien) »
• Quelques mois après que la Crimée eût été reprise et les forces de Poutine eussent totalement implosé grâce à la constance de notre soutien, nous découvrons, – mais cette fois notre surprise est discrète car nous savons nous tenir,– que le nommé Poutine est à nouveau totalement terrifié. Devinez par quoi, ah ah ah ? Pendant ce temps-là, les Russes attaquent et, vraiment, ça nous regonfle à fond le moral ukrainien. Donc, du 28 mai 2023 :
« Piutin is terrified of Ukraine’s counteroffensive (“Poutine est terrifié par la contreoffensive ukrainienne”).
» [Russian] Airstrikes on Kyev were an attempt to undermine morale. Instead, they will have strengthened it. (“Les attaques aériennes [russes] sur Kiev ont été une tentative d’affaiblir le moral. A la place, ils l’ont renforcé.”). »
• Quelques semaines plus tard, nous pouvons mesurer les effets de l’opération annoncée et nous laissons à votre imagination, dans quel état de décomposition se trouve le sentiment de terrorisation éprouvé par V.V. Poutine. Donc, du 28 juillet 2023, diriez-vous ? Je le croyais, mais non, oups, Martianov a été inattentif, – du 3 juillet 2023, mais on fera comme si et, grâce à une généralisation audacieuse, on continuera à parler de cette idée du “28 du mois...” :
« Russia’s time has almost run out (“La Russie est à bout de soiuffle”)
» Ukraine’s offensive disappoints, but the Kremlin’strategy of wearing down Kyiv is no longer tenable (“L’offensive ukrainienne désappointe mais la stratégie du Kremlin de t enir Kiev à distance n’est plus tenable très longtemps”).
• Enfin, dernières nouvelles, toutes fraîches, d’il y a deux jours, qui rend compte du bilan évident de cette année triomphale, suivie obus par obus par le colonel Kemp-Holmes, une loupe à la main, pour ne rien perdre de la bataille et nous tenir loyalement informés. Par conséquent, du 28 décembre 2023 :
« Ukraine is losing , but the UK must stand by it (“L’Ukraine est en train de perdre mais le UK doit se tenir à ses côtés”).
» Facing wars in Europe and the Middle East, does the West have the will to back the ride side? (“Face aux guerres en Europe et au Moyen-Orient, l’Ouest a-t-il la volonté de soutenir le bon côté ?”). »
Vous sentez bien l’étrangeté de la démarche, le caractère énigmatique de la piste suivie, la puissance discrète de la logique en action dans l’art opératoire du colonel, stylo bille au ceinturon et feuille blanche dans l’objectif ? Il a le courage incroyable, aussi admirable que le puissant Achille, ce demi-dieu, de ne jamais se retourner dans sa marche offensive et héroïque, de ne surtout pas perdre une minute donnée par les dieux pour relire les incroyables conneries précédemment écrites. Il fonce, il roule, il emporte tout sur son passage. Sous ses doigts habiles s’anime un spectacle féérique où demain n’a aucun rapport avec hier et où aujourd’hui n’a pas de temps à perdre avec les évènements en cours du temps-présent.
Je suis admiratif qu’une nation à l’impériale puissance qui nous a donné Drake et Nelson, Wellington et Montgomery, puisse tenir son rang en continuant à produire des Kemp capables de manœuvrer d’une façon aussi déconcertante, toujours sur l’offensive de surprise, utilisant mieux que les ploucs de Moscou la maskirovska, entre les colonnes du ‘Times of London’ et les lignes de défense couardes des mercenaires sans foi ni loi de Poutine.
Finalement, je crois que le colonel Kemp s’en fiche comme de sa première badine, pourvu qu’il tienne bien droit son cul et son dos devant Sa Majesté Charles III qu’il saluera de cette façon mécanique des officiers britanniques de l’armée des Indes d’avant-Modi, en tenant d’une main ferme son clavier automatique pour ordinateur de type UK-47. Finalement, je crois que j’ai tort de m’en faire pour le colonel Kemp, ou de prétendre me moquer de lui. Dans l’univers-en-cours, c’est lui qui tient le bon bout, pas moi.
...Seulement, moi j’ai “un truc extra”, qui fait pas nécessairement “Crac boum hue” mais qui tient son chemin avec une constance qui ne cesse de m’étonner.
Cette époque maudite et diabolique est aussi fascinante et enrichissante pour la façon dont elle sait parfaitement, tout en satisfaisant ses maîtres-chanteurs qui manient la force et qu’il faut tenir à distance, satisfaire également les passagers clandestins, les avatars imprévus, les dissidents inattendus ; car “maudite et diabolique”, cette époque est aussi Janus que possible, et elle n’oublie jamais d’étendre son assurance tous-risques aux plus incomparables et scandaleuses vérités-de-situation. Car l’on ne sait jamais, comme disait le célèbre Général de Gaulle,
« Tout peut, un jour, arriver, même ceci qu’un acte conforme à l’honneur et à l’honnêteté apparaisse, en fin de compte, comme un bon placement politique [ou “métapolitique”, proposerais-je modestement]. »
Lorsque le colonel Kemp, comme tous les ploucs de son acabit, montera au Ciel de l’Olympe où je me trouverais déjà (Kemp était encore un gamin pipi-au-lit que j’écrivais mes premiers articles), je l’accueillerais avec un miroir et lui poserais simplement cette question, sur les conseils de ce vieux Zeus, le presque-sans-âge, qui en a vu défiler tant et tant de cette sorte de l’homo erectus déguisé en cette sorte de l’homo deus, – et qui sait si bien, Zeus, les manier et les glacer d’un éclair de feu dont il est le maître :
“Regarde-toi bien, ton visage et son caractère, ton regard avec sa droiture, la fermeté de tes lèvres... Que dis-tu de toi ? Es-tu prêt toujours à te supporter pour l’éternité ?”
J’ignore encore, certes, si Kemp aura trouvé en lui la grâce de s’aviser qu’en même temps que l’on traîne cette lourde charge d’affliction et de désolation, une Grande Voix puise choisir de se faire entendre pour nous dire, comme l’on chante aux oreilles enchantées aux finesses du monde :
« Vous ne le savez pas, vous autres, mais tout au bout du désespoir il y a une blanche clairière où l’on est presque heureux. »
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