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5473La situation de Boeing ne s’améliore pas du tout quatre mois après la seconde catastrophe touchant le 737MAX, suivie par une décision de très nombreux pays et de très nombreuses compagnies aériennes d’interdire de vol l’avion jusqu’à ce que soit corrigée la défaillance technique repérée dans le chef de dispositif de changement de vol automatique dont les pilotes n’avaient pas été instruits et sur lequel ils ne pouvaient pas agir. Depuis, d’autres problèmes sont apparus et l’organisme national le plus favorable à Boeing, la FAA fédérale des USA qui gèrent la certification des avions, ne prévoit pas la levée de l’interdiction avant octobre au mieux. Même cette date est très incertaine, du fait que ces nouveaux problèmes ont été mis à jour entretemps, indiquant une baisse sensible de la qualité de travail de Boeing en vue de renforcer ses profits. La question de la confiance de ses clients dans la qualité du travail de Boeing est aujourd’hui centrale, sinon décisive.
Les chiffres ci-dessous indiquent que la production de Boeing est très fortement en baisse par rapport à 2018, et pour la première fois en huit ans Airbus a dépassé son rival US. La première annulation de commande a été annoncée lundi, venue de Flyadeal, une compagnie aérienne constituée sur des investissements saoudiens ; elle porte sur 50 737MAX et $5,9 milliards. Flyadeal a conjointement annoncé qu’il passait une commande équivalente à Airbus pour pouvoir continuer ses opérations. Le fait que le premier client de Boeing à annuler sa commande soit financé par l’Arabie est ressenti comme un événement très important et inquiétant. Politiquement, Boeing pouvait espérer que l’Arabie, très proche des USA, le soutiendrait dans cette période difficile. On peut même se demander si Trump, qui a beaucoup misé sur ses liens avec l’Arabie, n’a pas laissé tomber Boeing en n’insistant pas auprès des Saoudiens pour qu’ils n’annulent pas la commande.
Il est désormais du domaine du possible que la catastrophe du 737MAX affecte l’équilibre de l’entreprise et hypothèque son avenir. Les propos du journaliste David Lindorff que nous rapportions en avril 2019 sont d’actualité et peuvent conduire à l’hypothèse de faire un lien entre la démission du secrétaire à la défense sur le point d’être confirmé, Patrick Shanahan, et la situation de Boeing : « ...laquelle mise en cause [de Shanahan] conduit à la situation de Boeing dont Shanahan a été l’un des principaux directeurs pendant trente ans, et cette situation se caractérisant par l’affaire du 737Max qui est bien loin d’être terminée, et à propos de laquelle Lindorff ne mâche pas ses mots : « Cela pourrait tuer Boeing. »
D’ores et déjà, deux pistes de réflexions, ou de rumeurs, se diffusent : la première porte sur les possibilité d’intervention du gouvernement fédéral dans certaines circonstances, si Boeing rencontrait de réelles difficultés d’équilibre financier. (On rappelle le précédent de Lockheed avec son triréacteur Tristar subissant les effets catastrophiques du développement du moteur Rolls Royce RB211, et sauvé par une intervention fédérale au début des années 1970.) La seconde porte sur l’attitude du Pentagone, dont Boeing est un important fournisseur, et qui pourrait vouloir sinon exiger, à un certain moment si la crise s’aggrave, de mettre la production militaire de la firme à l’abri, éventuellement en détachant les deux départements (civil et militaire).
Ci-dessous, quelques notes de RT.com sur la situation très préoccupante de Boeing.
« L'avionneur américain Boeing a fait état d'une baisse de 37% des livraisons pour le premier semestre de l'année en raison de l'immobilisation prolongée de ses 737MAX, son avion le plus vendu jusqu’aux deux catastrophes d’octobre 2018 et de mars 2019.
» La compagnie a livré 239 avions de janvier à juin, comparativement à 378 avions à réaction à la même période en 2018. Les livraisons pour le deuxième trimestre de 2019 ont diminué de 54 % par rapport à la même période l'an dernier, pour s'établir à 90 appareils.
» Selon les analystes, les livraisons en année pleine de l'entreprise devraient accuser un retard par rapport à son concurrent européen Airbus pour la première fois en huit ans.
» Airbus a annoncé mardi 389 livraisons au cours des six premiers mois de l'année, en hausse de 28% par rapport à la même période en 2018. Le constructeur d'avions rival a également enregistré 213 commandes, soit environ le double de ce que Boeing a déclaré.
» Très peu de compagnies aériennes ont continué faire confiance au 737 MAX de Boeing, après les accidents en Indonésie et en Éthiopie, qui ont fait 346 victimes. [Outre les ordres d’immobilisation par nombre d’autorités nationales], l’avion a été immobilisé par un grand nombre de compagnies aériennes internationales depuis mars.
» Lundi, le transporteur budgétaire saoudien Flyadeal a annulé une commande de 50 Boeing 737 Max d’une valeur de 5,9 milliards de dollars en faveur d'un accord avec Airbus. Elle est devenue la première compagnie aérienne à annuler officiellement sa commande depuis l’interdiction, de vol du MAX. »