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2648Certes, il n’y a rien de nouveau dans ce que nous allons vous conter rapidement, mais il est toujours excellent pour le moral d’aller sur le terrain constater que le Progrès-en-marche-arrière poursuit sa route à une fort belle allure. Il s’agit du F-35B, la version du JSF pour le Marine Corps avec sa propre narrative car les trois utilisateurs US ont chacun leur narrative-JSF ; donc, le F-35B des Marines va entrer en service cet été (vous avez bien lu : en service, malgré tout ce que des jaloux de dedefensa.org peuvent écrire de si mauvaise plume). Il va remplacer le A-10 Thunderbolt II datant des années 1970, ce vieux clou qui ne vaut plus un clou... Ainsi vogue la narrative. Maintenant voyons de quel JSF/F-35B il s’agit. (Voir Military.com du 15 avril 2015).
Michael Gilmore, directeur des tests opérationnels et des évaluations au Pentagone, est venu témoigner le 15 avril devant la commission des forces armées de la Chambre pour commenter la Bonne Nouvelle... Maintenant, c’est sûr bon sang, on sait de quel bois se chauffe le JSF ; et c’est sûr bon sang, ça va chauffer ... Gilmore a énuméré les capacités du F-35B qu’on a immédiatement placées par rapport à celles du A-10 dont on a vu que le F-35B doit le remplacer dans la mission fondamentale du Marine Corps de l’appui rapproché des troupes au sol, ou close air support (entre parenthèses, les caractéristiques du A-10) :
• Temps de présence au-dessus du champ de bataille pour l’intervention armée, 30 minutes (90 minutes pour le A-10).
• Impossibilité d’intervention de nuit à cause de l’absence du système de visée nocturne prévu, qui n’est pas au point et dépend du nouvel ensemble électronique (système de visée nocturne sur le A-10).
• L’armement autorisé maximal consiste en deux bombes air-sol à courte portée de même modèle, deux missiles air-air à moyenne portée (pour le A-10, huit points d’emport sous les ailes pour toute une variété de bombes, de missiles air-sol et air-air, avec tous les mélanges possibles, et surtout un énorme canon de 30mm GAU-8/A type Gatling Gun à tir ultra-rapide de 4000 coups/minute).
• On peut ajouter les multiples capacités du A-10 dont est totalement dépourvu le F-35B, sans espoir de jamais pouvoir les acquérir puisque dépendant de sa structure et de sa configuration aérodynamique : très grande manœuvrabilité, notamment pour les évolutions à basse vitesse lors de l’intervention sur le champ de bataille et par conséquent possibilité de très basse vitesse pour les interventions les plus précises ; blindage en titane permettant d’encaisser et de survivre à de nombreux impacts ; deux moteurs très éloignés l’un de l’autre, ce qui permet de continuer à voler même si l’un des moteurs est atteint (un seul moteur pour le JSF), etc.
• Gilmore n’a pas laissé place à un grand optimisme quant à l’amélioration des caractéristiques “améliorables” du F-35B. Tout dépend de l’ensemble-système électronique général (l’actuel est le Block-2B), lui-même dépendant d’un nombre sans fin de lignes de code dans une occurrence où plus l’on passe à un modèle amélioré, plus la complexité grandit, plus les difficultés et les limitations nouvelles surgissent et s’ajoutent. Là aussi, au niveau de l’électronique, il s’agit du “Progrès-en-marche-arrière”.
La députée Martha McSally, fraîchement élue (en 2014) à la Chambre, dans le groupe des républicains, dans l’USAF jusqu’en 2010 (au grade de colonel), a été l’une des premières femmes à avoir volé en combat aérien (en 1995) et la première femme à avoir commandé un escadron de l’USAF (en 2005), et tout cela volant à bord d’un A-10 dont elle est une spécialiste. Elle assistait à la déposition de Gilmore. Elle a fait ce commentaire après la description des multiples qualités du F-35B : “Ce que vous venez de décrire me fait penser au prédécesseur du A-10 plutôt qu’au successeur du A-10”.
Gilmore a souri jaune, lui-même ayant déjà montré qu’il était un fervent critique du JSF, et l’un de ceux qui, au Pentagone, juge que le programme aurait du être abandonné. La députée démocrate Loretta Sanchez a justement fait remarquer qu’il y avait de nombreuses voix pour réclamer l’abandon du programme, mais qu’il était tard, vraiment beaucoup trop tard : “nous avons dépassé le point de décision d’abandon, le point de non-retour, il ne nous reste plus qu’à faire en sorte que ce programme marche”... Bonne chance, Loretta.
En attendant, l’USAF se bat depuis des années, et tous azimuts depuis trois ans pour liquider ses A-10, cette fucking shit qui vaut entre dix et cinquante F-35B pour une mission classique d’appui rapproché au sol. Le A-10 vole encore bien, il a été régulièrement modernisé, il est l’avion le plus efficace dans ces missions d’appui rapproché dont les conflits actuels regorgent, il faut donc s’en débarrasser au plus vite. Rien ne doit arrêter a marche du progrès-Système, place au JSF.
Mise en ligne le 18 avril 2015 à 15H32
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