Le “Aux Armes” de Tulsi

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le “Aux Armes” de Tulsi

15 janvier 2022 – Il y a, dans certains domaines particulièrement significatifs dans le courant de la dynamique de ce que l’on nomme structure crisique, une étrange communauté de destin bidonné entre Biden et Macron... Dieu sait si, par ailleurs, les deux hommes nous paraissent si différents ! Mais, comme instruments du destin disons, je parle du destin le plus terrible conduisant à la catastrophique autodestruction, eh bien pas si différents que cela ces deux-là.

Mardi dernier, le discours d’Atlanta de Biden, vieillard déchaîné et haineux, manifestement atteint dans ses capacités cognitives mais rassemblant ce qui lui en reste pour déverser ce torrent de haines, déchirant, démembrant, dépeçant, disloquant les psychologies et les sentiments unitaires autant que les pratiques solidaires ! Et puis, parallèlement, le célébrissime « j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout », une formule de la sorte d’un “Citoyens, du haut de ces Variants-Véran, quarante siècles d’emmerdeurs vous contemplent”, qu’on pourrait considérer comme la marque de fabrique de ce Jupiter Buonaparte... Qu’est-ce qui les sépare, en vérité ?

« Marions-les, marions-les

» Je crois qu’ils se ressemblent »

Biden affirmant que tous les citoyens qui sont en désaccord avec la politique wokeniste de son administration sont des “terroristes intérieurs”, Macron observant que tous les antivaxx ne méritent plus d’être citoyens puisqu’irresponsables, c’est également de la même veine un peu visqueuse. Peu importe la thème traité, c’est la similitude des jugements qui importe, la forme composée par l’esprit, le côté un petit peu, comment dire ? Pense-t-on aux ‘untermenschen’ de l’oncle Adolf ? “A ce point ?” dis-je, croyez-vous ?

Je nous laisse réfléchir parce que mon intention, à cet endroit de mon tortueux discours, est de poursuivre en me concentrant sur une jeune femme pour laquelle je continue à avoir la plus haute estime. Je parle de Tulsi Gabbard, qui fut députée de l’État de Hawaï à la Chambre des Représentants, et d’une espèce assez rare : vice-présidente du parti démocrate, quittant ce poste en mars 2016 au DNC (Democratic National Committee) pour protester contre la corruption régnant dans ce souk, rejoignant Sanders pour la campagne présidentielle de 2016 où Sanders fut complètement saboté par la susdite direction démocrate, – voyez comme tout s’enchaîne...

Tulsi est une drôle de démocrate, selon les canons pourris du genre : assez sociale mais opposante farouche aux guerres de la “politiqueSystème”, explosant Kamala Harris en exposant sa nullité lors du premier débat des candidats à la désignation démocrate de 2020, dénoncée comme agente de Moscou par Hillary Clinton avec laquelle elle a diablement ferraillée, puis disparaissant dans des circonstances mystérieuses (soutien à Joe Biden !) de la course à la présidence après un épouvantable sabotage, et quittant la Chambre en novembre 2020.

Gabbard a été accusée de tout : agente de Moscou et agente d’Assad, complotiste d’extrême-droite, fausse antiSystème manipulatrice, etc. Rien de tout cela ne m’a jamais vraiment intéressé, sinon l’inconnaissance de ces bavardages. On pouvait la croire, à la fin de 2020, complètement disparue de la scène politique, grillée par les maléfiques incantations en poudre de décoction de bave de crapaud de la Grande Sorcière Clinton, et d’ailleurs si loin de “D.C.-l’hyperfolle”, dans ses îles d’Hawaï revenue. Entretemps, tout de même, elle avait chipé le grade de colonel de l’U.S. Army, dans la Garde Nationale de son État.

Mais peu à peu, tout au long de 2021, il est apparu qu’elle n’avait pas disparue bien qu’elle ne fut plus rien dans le bazar washingtonien. Elle est devenue une référence indépendante de haute tenue de FoxNews, sans avoir aucun lien contractuel avec ce réseau, aussi avec d’autres sites plutôt conservateurs comme le 13 janvier sur ‘RedState.com’, contre la politique-Covid de Biden. (Je me demande bien entendu si le possible retour d’Hillary, qu’on cite de plus en plus comme candidate démocrate pour 2024 [et alors ? elle est plus jeune que Biden !], ne va pas susciter encore plus d’activisme de la part de Gabbard.)

Le décompte fait par recherches sur le site du réseau FoxNews montre qu’elle y est apparue au moins 15 fois dans l’année qui vient de s’écouler ; Tucker Carlson, notamment, aime bien l’interviewer, sur les sujets de la politique extérieure mais aussi celui de la crise interne de l’américanisme (tout en soulignant chaque fois, ironie complice, que “Tulsi Gabbard et moi, nous sommes en désaccord sur plusieurs points”, – puisque Gabbard reste progressiste au niveau social et que Carlson est un conservateur populiste)... Et ainsi, j’en reviens au discours infâme de Biden, que Sean Hannity (FoxNews) a demandé à Gabbard de commenter, hier 14 janvier.

Cela donne ceci :

« “Je pense qu'il y a tant de gens à travers le pays, ceux qui ont voté pour Joe Biden, ceux qui n'ont pas voté pour Joe Biden, qui avaient de grands espoirs qu’il tienne sa promesse, qu’il soit le président de tous les Américains, en montrant du respect pour ceux qui sont d'accord avec lui ou pas. Et malheureusement, c’est le contraire qui se produit. Non seulement il n’a pas tenu cette promesse, mais il fait littéralement tout le contraire, entraînant rapidement notre pays dans la mauvaise direction, nous déchirant, jetant de l’huile sur le feu de la division. Et c’est juste... Je veux dire, cela me fait vraiment me demander comment nous allons pouvoir passer trois années de plus de cette calamité en espérant en sortir avec la possibilité d’être en mesure de se réunir à nouveau en tant qu’Américains, en tant que les États-Unis d'Amérique. [...]

» Ce que je vois, c’est que les gens luttent et vous pouvez comprendre combien les gens sont frustrés et même en colère du fait que notre gouvernement les laisse tomber. Et l’une des choses les plus inquiétantes que je vois sortir dans cette administration, c'est que le président Joe Biden a demandé à son procureur général de poursuivre tant d’Américains comme des “terroristes intérieurs” parce qu'ils sont, “anti-autorité”. Et ce qui est extrêmement dangereux dans tout cela, Sean, c’est que le président des États-Unis est l'autorité ici en Amérique. Et donc, si notre président poursuit des Américains parce qu’ils sont “anti-autorité”, ce qu’ils disent en vérité c’est que vous êtes un ennemi de l’État si vous êtes contre le président ou ses politiques. C’est l’essence même de l'autoritarisme, et c’est le message qui est reçu par les gens chez eux, dans leurs propres foyers : si vous me prenez pour cible parce que je suis contre votre politique en tant que président, il y aura des conséquences pour moi... Et alors,  que doivent faire les gens ? La fermer ? Reculer et rentrer dans les rangs ? Cela est inacceptable dans notre démocratie et l’on ne doit en aucun cas laisser cette chose se développer. »

On admettra que cela pourrait aussi bien être un discours concernant Macron, et d’ailleurs que les circonstances et les situations entourant les deux interventions citées en tête ont une grande proximité. Je suis absolument incliné à penser que le Système, tel qu’il évolue dans sa pente catastrophique, favorise, par des chemins et des circonstances labyrinthiques, l’arrivée au pouvoir de personnages tous dotés d’une solide psychopathie. Cela a déjà été évoqué pour Macron et cela pourrait aisément l’être également pour Biden, qui peut selon une bonne souplesse de jugement être identifié comme psychopathe à la lumière de sa démence sénile qui le conduit à se concentrer sur quelques obsessions de plus en plus autoritaires et haineuses, et de n’en plus démordre, comme si cela lui donnait un répit de la décadence de sa santé. La haine conserve.

Stanislas Berton, personnage hautement toxique et à décommander par tous les moyens par les perroquets du Système, donc personnage intéressant qui cite Joseph de Maistre entre autres crimes d’époque, parle d’une “pathocratie”, « quand les gouvernements sont contrôlés par des psychopathes, au sens clinique du terme ». On voit cela dans son interview du 14 janvier, par André Bercoff sur ‘Sud-Radio’, à propos de son livre qui vient d’être publié, « L’homme et la Cité », tome-II.

L’un des lecteurs-commentateurs de l’interview offre une définition du psychopathe qu’on peut ajouter à celle que j’évoquais dans le cas de notre ‘commandatore’ de l’Élysée.

« Les psychopathes sont des planificateurs et ils manquent d’empathie. Les personnes qui ont cette  personnalité sont incapable de créer des liens émotionnels. Ils sont plutôt charmeurs de premier abord, ce qui leur permet de manipuler et de tromper les autres. Ils sont souvent bien éduqués, intelligents et ont généralement un travail stable et une bonne place dans la société. Si ces personnes commettent un crime ou un délit, elles le planifieront soigneusement et sauront garder leurs émotions sous contrôle. Ce sont des personnes froides et calculatrices, ce qui les différencies des sociopathes. »

Ainsi enrichissons-nous notre carnet de bord dans cette longue croisière à laquelle nous convoquent les forces qui nous dominent. En d’autres mots, il vaut mieux savoir de qui il s’agit quand nous parlons de ce personnel-Système, et ainsi les paroles de Tulsi Gabbard ont-elles bien plus de poids.

Cette jeune femme est démocrate, et elle l’est tout à fait d’un point de vue social, donc “de gauche”  comme l’on dit, ou encore mieux progressiste ; et colonel (colonelle ?) de surcroît et à ses moments perdus, un must pour les féministes. Pourtant, voilà que son intervention, telle que retranscrite plus haut, sonne à la façon d’un discours que les perroquets de la basse-cour devraient décrire, en craquant et en croaillant à bec que veux-tu, comme déplorables épluchures d’immondice nauséabond d’extrême-droite et ainsi de suite. Bon signe.

Mais il faut bien s’entendre, sachant ce que ces gens dont nous parlons se révèlent être, nullement “le roi est nu” mais “le roi est froidement fou”, et le roi “défenseur du bien public” devenu rien de moins que “l’ami du Mal”. Les signes s’amoncellent, qui nous disent dans quelle transition catastrophique nous nous trouvons, avec de plus en plus rassemblés, des dirigeants dont la conviction est celle de la déconstruction, de la destruction, de l’entropisation, et tout cela en vérité comme des psychopathes transgenrés en zombies et en robots, sourires multiples aux lèvres. L’intervention de Gabbard (« Cela est inacceptable dans notre démocratie et l’on ne doit en aucun cas laisser cette chose se développer ») sonne bel et bien comme un “Appel aux armes”, une exhortation à la résistance décidée et décisive. L’appel vient d’une progressiste et il sonne comme un avertissement.