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11 août 2002 — Quelle leçon : Vicente Fox embrasse la main du Pape en s'agenouillant humblement et sa popularité passe de 61% à 71% (sa décision d'accueillir personnellement Jean-Paul II est approuvé par 79% des Mexicains interrogés).
L'attitude de Fox durant la visite du Pape a été remarquée et unanimement approuvée dans la population. Fox s'est rendu à l'aéroport pour accueillir Jean-Paul II. Il lui a baisé la main. Un peu plus tard, il est venu assister à la messe donnée par le Pape pour la canonisation du premier saint indien de l'Église catholique. Selon le Miami Herald du 7 août :
« It was the first time a Mexican president received a pope with such reverence or attended a papal Mass.
» Mexico only recently repealed its harsh anti-religion laws, which were designed to rein in a church that for centuries owned much of Mexico's land and allied itself with foreign invaders and domestic dictators. »
En même temps qu'il adoptait cette attitude vis-à-vis de Jean-Paul II et de l'Église, Fox décidait de renoncer à la construction d'un aéroport près de Mexico City. Décision également très largement approuvée dans les sondages. La construction de l'aéroport avait déclenché des protestations très vives de paysans pauvres, qui étaient menacés de perdre leurs terres, avec des incidents graves. (« That decision [not to build the airport] came weeks after machete-wielding protesters desperate not to lose their land to an airport took more than a dozen hostages and seized a small farming town outside the Mexican capital. »)
Ces deux décisions sont réunies et l'objet de la même interprétation, autant dans l'esprit du public que dans les analyses des commentateurs. Elles correspondent à une affirmation marquée et inattendue d'une tendance populiste chez Fox (l'attitude vis-à-vis de l'Église étant vue comme un geste vers les couches populaires). Elles suivent une détérioration de sa situation politique de Fox, due notamment au fait qu'il n'a pas tenu certaines de ses promesses “populistes” du temps de sa campagne électorale. Deux questions se posent après ces récents développements :
• Fox va-t-il confirmer ces décisions en imprimant un tour plus populiste à sa présidence ? Pour lui, c'est peut-être la seule issue pour éviter des troubles sociaux dans la population.
• Ces gestes pro-catholiques du président vont-ils orienter la politique mexicaine vers une plus grande proximité de l'Église, à un moment où celle-ci accentue son activisme côté populaire au Mexique ? Cette orientation correspondrait, du point de vue religieux et social, à la première orientation, économico-politique.
Dans les deux cas, c'est le développement d'une politique plus distanciée des États-Unis (d'ailleurs perçus comme repliés sur eux-mêmes depuis le 11 septembre), avec les éléments suivantes : accentuation des rapports de Mexico City avec l'émigration mexicaine aux USA, dans un contexte plus confrontationnel avec Washington ; concurrence accentuée de l'Église catholique hispanisée avec la masse protestante états-unienne, aux USA même ; distance nouvelle au niveau économique du système continental (ALENA) dans la mesure où une poussée populiste est évidemment économiquement antagoniste avec les règles du marché libre.