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384On a enfin une déclaration officielle de l’administration Obama sur le statut “officiel” du réseau anti-missiles en Europe (BMDE) dans le cadre de la politique de cette administration. Elle vient de l’adjoint au secrétaire à la défense, William Lynn, le 16 juin 2009 (AFP, via Defense News), devant la commission sénatoriale des forces armées. Cette déclaration marque un très net recul par rapport à la position de l’administration Bush. Le déploiement du système BMDE en Pologne et en Tchéquie n’est plus qu’une “option” parmi d’autres, – “une des options parmi celles qui sont considérées”. (Les autres étant l’abandon pure et simple, la substitution d’un autre système, un arrangement différent avec les Russes, etc.) La chose a été relevée avec préoccupation par quelques sénateurs “faucons” et/ou sensibles au lobbying des pays de l’Est impliqués. Parmi ces sénateurs, John McCain et Lieberman, des classiques de la russophobie d’origine est-européenne et du maximalisme militariste.
«The United States has made no final decision on deploying a controversial missile defense system in central Europe, a senior defense official said June 16, saying it was only “one of the options” under consideration.
» Deputy Defense Secretary William Lynn said the United States is focused on countering threats from Iran's missile program, but indicated it may opt not to deploy missile defenses in Poland and the Czech Republic, which faces strong Russian opposition. “We think there are a number of ways to address that [Iranian] threat, one of the options is to deploy the missiles in Poland and the radar Czech Republic, and we are certainly evaluating that option as well as other possible options.” “We have not made a decision to go forward with that at this point,” he told the Senate Armed Services Committee.
»Sens. John McCain, R-Ariz., and Joe Lieberman, I-Conn., pressed Lynn on whether his remarks signaled a reversal of deals made with the Czech Republic and Poland during the administration of President George W. Bush. Saying he was “troubled” by Lynn's comments, Lieberman said they “sounded much more tentative that I thought our policy was.” McCain said: “From my discussions with the Polish foreign minister and others, their interpretation of our commitment was a lot stronger than that.”»
Il est incontestable que les remarques des deux sénateurs ont toute leur valeur, surtout celle de McCain. Il est incontestable que l’engagement de l’administration Bush et l’accord avec la Pologne n’étaient pas “une option parmi d’autres” mais bien l’option choisie. Ce qui signifie, également d’une façon incontestable, que la déclaration de Lynn représente le premier pas en arrière officiel de l’administration Obama dans cette affaire, et peut-être le premier pas vers l’abandon du BMDE dans sa forme actuelle. (La déclaration de Lynn est même en retrait sur les déclarations d’Obama qui disait qu’on déploierait le BMDE si le système était jugé efficace et économiquement acceptable, mais qui ne mettait pas en cause son principe et, surtout, ne faisait allusion à aucune autre formule.)
Le texte cité évoque également des possibilités d’entente US avec les Russes, éventuellement pour des alternatives à partir de propositions russes déjà anciennes, éventuellement vers une sorte de système commun US-Russie. On voit là, sans aucun doute, le résultat des négociations sur START-II en cours avec la Russie, dans lesquelles le sort du BMDE est inclus, ainsi que le résultat des pressions russes sur les Américains (plus efficaces, semblerait-il, que les pressions polonaises, – ce qui n’est pas, disons, vraiment étonnant).
La déclaration de Lynn ouvre la voie au constat que la probabilité désormais, dans cette affaire, est l’abandon du système BMDE dans sa forme actuelle. Si c’est le cas, la chose devrait rapidement apparaître, avec probablement une option de substitution impliquant les Russes, tout cela dans le cadre d’un nouvel accord SALT-II. La logique serait alors complètement celle de l’équilibre des armements nucléaires durant la Guerre froide; le système anti-missiles, par essence déstabilisateur majeur d’un équilibre des forces nucléaires offensives, ne pourrait être envisagé qu’avec un contrôle conjoint des Russes et des Américains, impliquant que le système ne peut être techniquement utilisé contre l’un des deux signataires du traité.
Mis en ligne le 17 juin 2009 12H02