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1810«Ils envoient leur conscience au bordel et tiennent leur contenance en règle», disait fameusement Michel Eyquem de Montaigne, – cela, tout de même, pour nous couvrir de l’accusation de l’emploi d’un mot un peu trop leste. Cela donnerait pour notre compte, pour décrire la situation générale : “Ils envoient la vérité au bordel et tiennent leur contenance en narrative”. La différence, dans tous les cas, est au moins dans la dimension de la chose : avec nous, le bordel est globalisé.
La conjonction des événements, c’est-à-dire des crises essentiellement suscitées par l’activisme en tous sens du bloc BAO, réserve nécessairement des surprises révélatrices et, somme toute, plus réjouissantes que désagréables. On veut dire par là que les automatismes des contradictions internes sont toujours réjouissants quand ils forment une part essentielle de la description de la situation. Ainsi en est-il et en sera-t-il de plus en plus dans la situation des relations internationales marquées, d’une part, par l’existence de plus en plus prégnante et contraignante d’une infrastructure crisique, d’autre part, par une politique-Système dénuée de toute orientation principielle, ne répondant qu’à des impératifs déstructurants-dissolvants complètement détachés de considérations de cohérence et de logique constructive, et par conséquent en constant état d’antagonisme avec les différentes crises de l’infrastructure crisique, les unes après les autres ou plusieurs en même temps, les nouvelles après les vétéranes et bientôt avec les vétéranes entrées dans une nouvelle phase éruptive après les nouvelles.
Ces “surprises révélatrices” qu’on signale plus haut sont, elles, complètement dans la logique de situations ainsi conduits à des occurrences complètement contradictoires et antagonistes. On en trouve désormais tous les jours, et même plus encore... Le même jour, on en trouve la manifestation majeure dans deux circonstances, c’est-à-dire deux crises récentes et encore en phase éruptive, qui se sont superposées l’une à l’autre.
• Le premier cas est celui de la situation égyptienne. La chute du président Morsi, soutenu si longuement par les aubades extérieures pour figurer la disposition vivante du miracle démocratique en Égypte, est le résultat d'une action de l’armée égyptienne qui constitue dans la lettre et dans l’esprit de la lettre un “coup d’État”, et que certains, très artistes dans l’art de la dialectique, s’emploient à désigner comme “une décision”. (Voir le commentaire du Ron Paul Institute du 7 juillet 2013 : «The hypocrisy of the US administration on these events in Egypt is stunning. As the New York Times reported: “President Obama urged the military to move quickly to return Egypt to a democratically elected government, saying, ‘We are deeply concerned by the decision of the Egyptian Armed Forces to remove President Morsi and suspend the Egyptian Constitution.’ The president notably did not refer to the military’s takeover as a coup – a phrase that would have implications for the $1.3 billion a year in American military aid to Egypt.” Well, Egypt had a democratically-elected government, but it was overthrown by the US-funded Egyptian military!») Par conséquent, le sort de Morsi, renvoyé et accepté au moins momentanément aux oubliettes, est largement entériné, au nom des intérêts stratégiques du Pentagone et des souhaits israéliens qui veulent que les militaires égyptiens continuent à recevoir leur aide annuelle des USA pour les empêcher de changer d’attitude vis-à-vis du traité de paix Égypte-Israël. (Sans parler des avis encore plus autorisés et avancés, qui décrivent “la décision” de l’armée égyptienne comme un “coup” évidemment fomenté par les USA.) Bref, cela signifie que le bloc BAO, les USA assurément, prennent la nouvelle situation à leur compte... Le résultat le plus assuré, – si l'on s'en est avisé en attendant de mesurer ce que devient le sort de l’Égypte, – est qu’il s’agit d’une défaite majeure pour les rebelles syriens que soutiennent le bloc bAO et les USA, et une victoire pour Assad, comme le résume Antiwar.com le 6 juillet 2013.
«Western-backed Syrian Islamist rebels are facing a major setback this week that didn’t even happen on their own territory. The coup in Egypt ousted an Islamist president who was outspokenly sympathetic to them, and has left Syria’s own opposition blocs in even more of a shambles than they already were. Under President Morsi, Egypt’s government permitted its citizens to go a-jihading into Syria, and Morsi even appeared at rallies where they were encouraged to do so. That decision was seen as a factor in the coup, and the new junta is likely to keep fighters from flowing into Syria.
»But the bigger problem is the Syrian National Coalition, which is still unable to settle on a leader and now seems even more rudderless, as the Syrian Muslim Brotherhood dominates the coalition, and the group is reeling from the loss of its Egyptian counterpart, whose members are being arrested en masse.»
• Prise avec l’élégance qu’on lui connaît entre le respect vertueux de ses engagements de servilité vis-à-vis des USA d’une part, et la considération vertueuse des protestations et autres clameurs émises lors de la mise à jour publique de “tout ce que le monde sait” (l’espionnage intensif et massif de tout ce qui chuchote, parle et écrit sur la planète, dont l’UE, par la NSA) d’autre part, l’UE a donc reporté sa décision de reporter les conversations USA-UE sur un grand marché transatlantique au prix modique de l’établissement de négociations parallèles sur les susdites pratiques de surveillance. Mais cette décision s’est heurtée au veto décidé et décisif du Royaume-Uni, pour l’excellente raison que ce Royaume-Uni, qui fait partie de l’UE surveillée et écoutée par la NSA, fait aussi partie du réseau NSA qui surveille et écoute l’UE. Il n'y aura donc qu'un “groupe de travail”, sans beaucoup d'effets espère-t-on, sur la vaste question des surveillances et des écoutes auxquels participeront les USA et l’UE (avec le Royaume-Uni), et qui sera sans aucun doute, – car nul ne doute de la responsabilité professionnelle des uns et des autres, – surveillé et écouté par la NSA (avec le Royaume-Uni). Selon Antiwar.com le 6 juillet2013 :
«European Union proposals for broad talks with the United States over American surveillance of EU ambassadors and broad surveillance of EU citizens won’t take place, following a veto by the British government. Britain’s veto means that only a single “working group” aimed at discussing issues of data privacy with the US will be allowed, and the broader issue of surveillance will be “off-limits” for the EU to approach with America.
»The “why” behind this is fairly straightforward, as the US had extensive data-sharing agreements with Britain, which it considers a “second-party” nation, and Britain was known to be a beneficiary of US surveillance against the rest of the world, even other EU member nations, none of whom were in the same position of priviledge.»
...Mais il y a bordel et bordel, lorsqu’il s’agit également des figurants-Systèmes que sont les dirigeants du bloc BAO. Celui dont parle Michel Eyquem de Montaigne, qui est plutôt lieu de débauche, c’est-à-dire corruption des sens mais aussi de la psychologie, n’est pas nécessairement le nôtre, qui est désordre pur. Les deux ne peuvent-il être liés, après tout, c’est-à-dire fondus ensemble ? Le désordre auquel le bloc BAO parvient par l’impulsion irrésistible mais sans intérêts pour les effets qu’elle produit de la politique-Système à finalité dd&e (déstructuration, dissolution & entropisation), n’est-il pas après tout débauche pure et simple, et corruption par conséquent, de la diplomatie, de la politique, etc., et de toute activité organisatrice, lesquelles sont elles-mêmes produits par la psychologie effectivement débauchée et corrompue au bordel de Montaigne ?
Ce qui caractérise la phase actuelle, c’est que plus rien n’est fait pour tenter d’empêcher, voire seulement de masquer cette situation complètement catastrophique. Les dirigeants-Système prennent les avatars des diverses crises qui viennent les uns après les autres, exactement de cette manière, les uns après les autres sans tenter d’établir le moindre lien. On tente d’aveugler les voies d’eau les unes après les autres, au gré de la fureur des éléments. Effectivement complètement corrompus psychologiquement, un pied dans chacun des deux bordels, ils assistent, impuissants, à cet affrontement titanesque entre la politique-Système qui est hors de tout contrôle et l’infrastructure crisique qui est dans la même situation. Les occurrences les plus scandaleuses, les plus contradictoires jusqu’au surréalisme schizophrénique, comme celle de voir les Britanniques faire partie d’un “groupe de travail” demandant aux USA de modérer ou de réglementer leurs pratiques de surveillance et d’espionnage dont eux-mêmes sont partie prenante, sont assumées sans la moindre hésitation. Inutile d’opposer, pour un cas, le “on savait” (évidemment) à propos des Britanniques et de leur assimilation zélée à toutes les entreprises américanistes ; cela n’a pas cours ici car ce qui importe est l’acte de communication ; nous parlons de l’étalage au grand jour, certifiée, officialisée, de telles situations effectivement complètement schizophréniques. C’est cette exposition qui est le fait important, et nullement la situation elle-même. Elle indique que le Système ne prend plus aucune précaution d’habillage et de dissimulation, qu’il agit au grand jour ; on peut croire que c’est par certitude de la victoire aussi bien que par la pression de la panique... Peu nous importe ses humeurs, ce que nous voyons, nous, c’est que cet étalage montre au grand jour les catastrophes qu’entraîne son intervention, et le fait de ne plus chercher à rien en dissimuler n’est pas vraiment l'assurance du triomphe final du Système.
Mis en ligne le 6 juillet 2013 à 17H42
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