Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
859Un des aspects également abordés avec la source brésilienne déjà citée hier dans cette rubrique (voir le 30 juin 2010) concerne le statut de la possibilité d’une commande de Rafale par le Brésil. Lula, en effet, n’a pas été sans remarquer la participation active de Sarkozy à l’affaire des sanctions contre l’Iran, qui est intervenue immédiatement après l’accord de Téhéran et l’a “objectivement” saboté. D’autre part, nous avons consulté des sources industrielles françaises sur ce même sujet, en fonction de ce que nous a communiqué notre source brésilienne.
@PAYANT Notre source brésilienne indique que la position de Sarkozy dans la question iranienne est indiscutablement un motif de déception, également d’incompréhension, pour le président Lula. Il semble indiscutable, à entendre notre source, que cette appréciation «a joué un rôle dans le report de la décision concernant le choix du nouvel avion de combat, qui devait être annoncé fin mai»… Ce choix, on le comprend selon la formulation de nos remarques, devant être le Rafale.
Là-dessus, notre source est catégorique. Le Brésil choisira le Rafale, et, d’ailleurs, ce choix est d’ores et déjà fait, et depuis longtemps. Notre source affirme que les divers atermoiements qui ont été constatés dans cette affaire étaient plutôt «de l’ordre de la tactique, pour faire monter les enchères et obtenir de meilleures conditions de la part des Français»… Ces observations, rapporte notre source, concerne aussi bien ce qui a été dit de la part des militaires brésiliens que les divers renchérissements de l’offre suédoise (Viggen), que les Brésiliens ont écoutés avec un intérêt poli mais en ayant à l’esprit que la décision était prise.
La source ne s’avance pas pour un calendrier de l’annonce de la décision, y compris sur la possibilité d’une annonce reportée à après les élections (octobre 2010), mais elle estime que ces élections ne changerons sans doute rien. Le probable prochain président brésilien sera une présidente, Dilma Rousseff, une proche de Lula, dont elle est chef de cabinet depuis des années. Leurs liens sont très serrés et, dans cette matière des choix de rééquipement et de sécurité nationale, Rousseff a, selon notre source, les mêmes conceptions et les mêmes choix que Lula.
Nous nous sommes tournés vers des sources industrielles françaises pour leur demander leurs commentaires sur ces informations d’origine brésilienne. Nous n’en gardons pas une impression très glorieuse. Notre perception a été en général celle de l’impatience et même d’une certaine arrogance, ce qui nous conduit à observer, à la lumière de notre longue expérience de l’industrie française du domaine depuis les années 1970, combien cette industrie s’est, – comment dirait-on ? – “sarkozisée” ? “américanisée”
D’une façon générale, nos sources françaises se montrent exaspérées par «les manœuvres, les atermoiements, les changements d’attitude des Brésiliens». Ces “partenaires stratégiques” à qui l’on tressait des lauriers exceptionnels il y a neuf mois sont aujourd’hui considérés avec quelque chose qui ressemble à du mépris, – de la même eau, sans doute, que le sentiment que les spécialistes du Quai d’Orsay réservent aux Iraniens, – l’impression d’avoir affaire à des gens assez peu dignes de confiance, des gens peu civilisés, des gens fort peu lettrés, dans tous les cas par rapport à la référence de brio intellectuel et plein de sens que représente notre modèle occidental dont le triomphe et la grandeur sont si évidents chaque jour. On peut aussi bien conclure que ce que les Français reprochent aux Brésiliens, c’est d’être de rudes négociateurs auxquels ils ont fait beaucoup de concessions sans recevoir grand’chose en échange.
…Ce qui est possible, d’ailleurs, sinon probable. En général, c’est de cette façon que se passe cette sorte de négociations, et sans doute les Français ont-ils cru un peu vite que l’affaire se ferait très vite. Depuis, leur humeur s’est aigrie, un peu à l’image des activités du président de la république français depuis sa brillante année 2008 jusqu’à la terne et grossière déconfiture qui caractérise aujourd’hui sa présidence. Nos sources françaises affirment que la France a, désormais, vis-à-vis du Brésil, une attitude inflexible, que plus aucune concession ne sera faite, et que cette attitude a été décidée à l’Elysée même.
Mis en ligne le 30 juin 2010 à 14H57