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1229Organisé annuellement depuis 2006 par un ensemble sympathique et varié d’organisations semi-officielles et transatlantiques, avec le puissant et inspiré leadership du German Marshall Fund of the United States, le Brussels Forum est la dernière initiative en date de l’éternel retour de l’entente transatlantique. Il s’agit de la contribution de l’administration Bush, circa-relance “multilatéraliste” à partir de 2005, à l’inextricable réseau d’organisation US d’influence en Europe, avec le zèle et la participation enthousiaste des élites européennes. On dit que la chose n’est pas très bien en point et cherche un financement pour le Forum de l’année prochaine, signe des temps, de la crise et, peut-être, d’un certain découragement pour l’amélioration décisive des relations transatlantiques. Ces relations ressemblent à un objet intercontinental non identifié; elles nous semblent toujours soumises à une impeccable “servilité volontaire” des Européens, et pourtant toujours à la recherche d’une amélioration décisive qui semblerait dire, au contraire, que la “servilité volontaire” ne suffit pas…
Le vrai est que l’atmosphère y fut, pendant le week-end, assez surréaliste. Une source diplomatique de haut niveau décrivait le Forum comme ce dessin animé où le coyote fonce à toute vitesse sur une falaise au bord d’un précipice, dépasse la falaise, toujours avec ses jambes en pleine accélération, soudain suspendu dans les airs, soudain ralentissant jusqu’à l’arrêt complet dans l’espace, jambes tournant dans le vide, – qui s’interroge, surpris de cet arrêt intempestif, regarde autour de lui, puis sous lui, découvre l’abîme du vide au-dessus duquel il est suspendu, s’en afflige, s’affole, avant d’entamer sa chute… «Nous sommes à cet instant de grâce où nous sommes suspendus dans le vide, où nous regardons le vide, où nous nous interrogeons en nous demandant ce qui va se passer, où tout cela va nous conduire, va nous emmener.» Ainsi en était-il de l’atmosphère dans les couloirs, derrière les interventions plus ou moins convenues, où parfois certaines choses intéressantes sont dites.
Le climat, du côté des Américains, était si différent de ce que la coutume des relations transatlantiques nous en dit. Les couloirs résonnaient encore des appels, US cela va de soi, à la mobilisation “contre la terreur” lancé aux figures bien pâles des Européens, dont le Forum était encore plein il y a un an. En 2009, rien de semblable. «Plus aucune arrogance chez eux, au contraire un abord amical, un désarroi à peine dissimulé, parfois même on sollicite l’un ou l’autre Européen, sur le thème “Vous n’auriez pas une petite idée ou l’autre pour sortir de la crise”»
Par conséquent, ne boudons pas notre plaisir. Cette année, en vérité, le Brussels Forum était parfaitement représentatif de la situation transatlantique et de la situation occidentale.
Mis en ligne le 23 mars 2009 à 05H36
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