Le calvaire des “dames-de-la-Woke”

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Le calvaire des “dames-de-la-Woke”

28 octobre 2022 (15H05) – Ce qui s’est passé avant-hier et avant-avant-hier dans cette étrange “salade postale” des progressistes-démocrates US avec leur ‘Lettre au président Biden’ est la marque d’une complète dérision politique, corruption-bouffe dans une tragédie-bouffe parfaitement illustrative de l’état du dementia senile Empire pf the World. Cela vivement admis, on ajoute, tout aussi vivement, que cet épisode politiquement dérisoire est d’une très grande, d’une immense importance communicationnelle et pseudo-idéologique. La raison de ce jugement contradictoire est que l’épisode marque la première occurrence où le ‘wokenisme’ (toute la gauche sociétale uniquement préoccupée de questions antiracistes et “genristes”) s’est heurtée frontalement et de plein fouet à la politiqueSystème (ou, pour les craintifs polis, disons l’étrange “politique étrangère des neocons”).

On sait depuis longtemps qu’il existe une alliance de facto entre les mêmes neocons et les ‘R2P’. (Au départ, ‘R2P’ est un acronyme sémantique pour ‘Responsability To Protect’, le ‘to’ devenant ‘2’, puis, me semble-t-il dans l’esprit, ‘Responsability’ devenant ‘Right’, – si vous mesurez la lourdeur de la différence.) L’expression est apparue, à posteriori, après l’attaque en Libye pour justifier cette attaque (le ‘Right’ de massacrer Kadhafi, comme l’expliqua la sympathique Hillary, – « We Came, we saw, he died »). Je retrouve citation de l’expression sur ce site pour la première fois le 5 mai 2012, paradoxalement à propos d’une ville des États-Unis, Chicago à laquelle pourrait être appliqué, selon certains, le traitement appliquée à la Libye. C’est en avril 2014, en pleine première phase de l’actuelle ‘Ukrisis’ qu’apparaît de façon claire et précise cette “alliance de facto entre les neocons et les R2P”. Aujourd’hui, on y revient en oubliant trop vite les origines, par exemple en parlant selon le titre de l’article référencé de

« La guerre en Ukraine et l'alliance entre les neocons et les libéraux américains ».

Je laisse de côté les neocons dont on parle depuis des décennies et qui ne m’intéressent guère, puisque caméléons idéologiques dont le seul intérêt est le nihilisme guerrier ; tantôt habillé en complet trois-pièces à la mode Leo Strauss, tantôt jouant de la moustache trotskiste, tantôt à la droite de la droite nationaliste en train de câliner GW Bush, tantôt féministe furieux au côté d’Hillary, démocrates ou républicains rien à foutre ! Ces personnages de la pièce ont pour vocation d’investir tous les pouvoirs pour poursuivre l’Erreur Sanglante jusqu’au Néant et ils ne sont que des employés du Diable comme d’autres sont des employés du gaz. Pas plus et encore moins d’ailleurs, le gaz ayant parfois un intérêt social par les temps de froidure, quand on n’a plus de NordStream saboté par les mêmes neocons palmés et déguisés en commandants Cousteau pour faire leur sale boulot de terroristes baltiques. De toutes les façons, les neocons sont inclus dans la facture des fournitures générales de la politiqueSystème. Ils en sont les petites mains, inutile de chercher à les comprendre ou à les expliquer par un ‘neo’ quelconque.

Les R2P, alias pseudo-‘libéraux’, c’est autre chose et c’est ce qui m’intéresse. Au départ, certes, il est question essentiellement de politique étrangère, c’est-à-dire de politiqueSystème... Mais il est aussi question de femmes, et c’est une femme, et d’un sacré calibre intellectuel, Diana Johnstone, qui vous le dit en commentaire de son bouquin ‘La Reine du Chaos’ (surnom parfait d’Hillary certes) :

« Les personnalités les plus visiblement agressives et va-t’en guerre de l’administration Obama sont d’ailleurs des femmes : Hillary, Susan Rice, Samantha Powers, Victoria Nuland…  C’est un signal au monde : pas de tendresse de ce côté-ci ! »

... Et s’il est question de femmes, – mais c’est bien vrai ! – il y est aussi question de féminisme ! Hillary, Susan, Samantha, Victoria, ça roule des épaules comme des mecs, et ça cogne à mesure, à partir des bureaux de ‘D.C.-la-folle’, affirmant ainsi la capacité du genre féminin à accomplir l’acte hautement héroïque de signer des ordres de missions classified pour envoyer des forces spéciales et des mercenaires au casse-pipes, pour semer le chaos... (En effet, comme les neocons exactement, toujours à partir des bureaux.) Bien entendu, on est de gauche, on a tout pour cela.

Mais 2014, justement... C’est un autre événement, une autre naissance, à côté de la source accouchant en 2022 d’‘Ukrisis’ : Soros sort son carnet de chèques et les BLM, alias ‘Black Live Matters’, sont créés. Et il ne faut pas se la raconter grandiose : tous ces gens, absolument tous, des R2P féministes aux neocons et aux BLM sont estampillés ‘Système’. Il en font partie intimement, ils en sont le suc et le jus, l’affichette, l’étiquette, le “chic même” avec le fric qui va bien tant ils émargent grassement. Ils sont le capitalisme repeint aux couleurs arc-en-ciel des grandes révolutions du futur.

Et c’est là que commencent à croître les racines du problème que je voudrais vous exposer, et que la lettre “retour à l’envoyeur” des trente démocrates-progressistes du parti des oxymores, avec moult gent féminine de couleur, met en pleine lumière progressiste.

Entre cette date de 2014 et aujourd’hui, la croissance de ce que nous nommons ‘wokenisme’ pour faire bref, – féministes, minorités sexuelles LGTBQ+, antiracistes et indigénistes, anti-néocolonialistes, et toutes cette sorte de choses dites ‘sociétales’, genristes et déstructurationnistes, avec toute leur puissance de lobbyisme et le détraquement total de la psychologie collective des élitesSystème, – cette croissance explose. Sa puissance se trouve notamment dans ce fait que les gens raisonnables et mesurés qui auraient pu s’opposer à un tel courant de ‘bêtise métahistorique’ n’y croient pas, ne peuvent y croire et ne s’en gardent pas une seconde. Écoutez Élisabeth Lévy, qui n’a pas sa langue dans sa poche, qui a l’œil critique acéré, et qui n’a rien vu venir (interview du 18 juillet 2021), – « tellement c’était dingue »... Comme votre serviteur lui-même, l’auteur-PhG, et comment !

« Il y aussi une gauche qui n’existait pas, pour moi, lorsque ... lorsque j’ai écrit ‘Les Maîtres-censeurs” [en 2002]... Cette gauche-là n’existait pas... Vous n’auriez pas eu des gens défendant des réunions non-mixtes, ou défendant toutes ces âneries qui nous paraissaient... Moi, ce qui m’a frappé dans l’évolution idéologique... C’étaient des choses qui nous paraissaient des blagues, qui nous faisaient rire, l’écriture inclusive, les délires féministe... Moi, ça me paraissait... Je ne prenais pas ça au sérieux, cela me paraissait... Je dois vous le dire, je trouvais ça rigolo, tellement c’était dingue... Et puis moi, j’aime bien rire, donc...  Et puis, ces poissons d’avril sont devenus notre quotidien, dans tous les cas le quotidien de ce qu’on entend à la radio, à la télé, dans les médias... A l’université ! Donc ça, je trouve ça assez frappant comme phénomène... »

Jusque-là, rien à redire d’une chronologie qu’il est bon de rappeler parce que la grande foule des hauts esprits du temps l’a déjà oubliée. Mais advint alors ‘Ukrisis’, le 24 février de notre belle année 2022... Certes, il y avait eu des prémisses, des signaux d’avertissement sur la  nécessité à venir très vite de haïr absolument les Russes jusqu’à extinction de cette race maudite, dont le plus tonitruant est l’extraordinaire comédie du simulacre suprême-extrême dès l’origine (juillet 2016) qu’est ‘Russiagate’, inventé par Hillary pour couvrir ses mensonges et ses illégalités de la secrétaire d’État la plus corrompue de la digne histoire des États-Unis. Qu’importe ! Avec ‘Ukrisis’ on entre dans le dur, dans l’ultra-dur, dans le nucléairement-dur si vous comprenez ce que l’entends par là.

S’il ne s’agissait que de haïr les Russes jusqu’à réclamer leur extinction complète (il y a de la place à Auschwitz et Dachau, en Pologne) et d’encenser le clown-Zelenski soutenu par ses bataillons néo-néonazis, pas de vrai problème pour la horde wokeniste, dont les R2P. On continue à faire lit commun avec les neocons sans se gêner. Mais il se trouve qu’il vint à Poutine une affreuse idée, d’ailleurs à lui suggérée par ce qu’on nomme le ‘Grand Sud’ : rallier autour de la cause russe devenue cause anti-occidentale tous les pays soumis aux diktat financier et à la corruption du dollar, de Washington et de Bruxelles. Il s’agit de nombre de pays d’Asie (autour de la Chine), de pays arabes et musulmans (même les plus riches qu’on croyait avoir intégrés dans le Système, comme l’Arabie), de la plupart des pays d’Afrique et des pays d’Amérique Latine.

On ne va pas faire de détails. Ce qui s’annonce et se met en place, entre BRICS et OCS, c’est un immense rassemblement des 8-9 dixièmes de l’humanité contre l’Hegemon monstrueux devenu projet fou, conduit par des fous, de façon visible dès l’aube du croustillant XXIème siècle. L’essentiel à relever pour comprendre le problème qui se pose au couple neocons-wokenistes, c’est que les cris de ralliements de ce “Grand Sud’ qui se constitue est la dénonciation du racisme, du colonialisme classique, du néocolonialisme type XXIème siècle, etc., des puissances occidentales.

La Russie, elle, objet de toutes les haines des wokenistes au côté des neocons et derrière la politiqueSystème, est la seule puissance européenne et assimilable à la civilisation occidentale dans l’histoire qui n’ait jamais eu la moindre activité colonialiste et qui se distingue par son absence complète de ce racisme dont le bloc-BAO porte la malédiction sous les coups de son autoflagellation ; plus encore, dans sa période soviétique, la Russie se signala par un soutien sans faille à tous les mouvements de libération anticolonialistes. Pourquoi et comment s’étonner encore de sa popularité actuelle dans le  ‘Grand Sud’ jusqu’à en être l’inspiratrice ?

Mais les wokenistes ? Les antiracistes, les indigénistes, les anticolonialistes ? Ils vont donc devoir soutenir le combat antirusse qu’exige la politiqueSystème ? Je leur souhaite bien du plaisir lorsqu’il faudra s’en expliquer auprès des militants. Prenez le cas de l’Algérie : les relations du FLN  avec la Russie sont exemplaires, l’armée algérienne est équipée russe jusqu’aux dents, l’Algérie est candidate pour entrer dans le bloc BRICS. Et si, demain, – demain n’est jamais très loin au train où vont les choses, – la France prend une position antirusse en pointe, comme Macron sait bien y faire, que des mouvements populaires antirusses se dessinent avec la bénédiction du pouvoir ; si, alors, le FLN actives ses réseaux qu’il a nombreux en France, dans “les quartiers” et “les banlieues”, pour contrer, en faveur de la Russie, cette levée de bouclier ? Nous aurions alors un drôle de Grand Remplacement, si drôle que même un Zemmour, si prorusse dans l’affaire ‘Ukrisis’, ne pourrait désavouer l’action de ces “musulmans de France”... Cet exemple de contradiction énorme est retrouvée dans nombre de pays, dans nombre de situations, avec cette civilisation américaniste-occidentaliste devenue folle.

Comprenez-moi bien... Je ne me réjouis pas de ces contradictions venues à maturité et éclatant comme furoncles de maudites infections. (“Quoique..”, dit une voix que je ne démentirais pas...) J’en observe l’avancée inéluctable Cette immonde civilisation ne mérite rien d’autre que d’être placée devant les dissonances incohérentes qu’elle a enfantées dans la plus extrême satisfaction d’elle-même.

Bonne chance aux démocrates “progressistes” US le 8 novembre, dans leur retrouvailles très ‘rock’n’roll’ avec leurs électeurs qui ne veulent pas d’une guerre nucléaire pour les doux yeux de Zelenski et de ses bataillons “spéciaux” jouant aux “néo-SS”.