Le capitalisme c’est la guerre

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Le capitalisme c’est la guerre

• Articles du 5 août 2019. • Le traité FNI balancé dans les poubelles de l’Histoire, les USA s’empressent de lancer l’encerclement de la Chine par du nucléaire, si elle ne commerce pas comme-il-faut. • Contributions : dde.org et WSWS.org.

Après l’avoir détruitl’année dernière, les USA ont solennellement enterré le 2 août le traité FNI de décembre 1987. Aussitôt, le secrétaire d’État Pompeo et le secrétaire à la défense Ester ont commencé leurs consultations avec les pays sous contrôle US dans la zone Pacifique-Asie pour déployer des missiles de portée intermédiaire (500-5 000 kilomètres de portée, de la catégorie couverte par le traité) autour de la Chine. Il s’agit effectivement d’un encerclement nucléaire de la Chine pour exercer des pressions militaires sur cette puissance, et pourquoi pas jusqu’à l’agression.

Ce qui est tout à fait nouveau dans ce plan stratégique offensif, sinon de préparation d’agression, c’est la correspondance totale qui est faite par la direction US entre la concurrence commerciale et les moyens militaires. A l’extrême, si la Chine refuse les conditions commerciales exigées par les USA, on peut concevoir que les USA se jugent, eux, en droit de frapper militairement la Chine. Cette conception nouvelle lie directement l’économie capitaliste à l’exercice de l’agression militaire selon cette logique : “Puisque la Chine a développé des moyens militaires que nous jugeons nécessairement menaçants grâce à des règles commerciales que nous jugeons a posteriori injustes, nous sommes en droit d’utiliser nos propres moyens militaires si la Chiner n’accepte pas d’autres règles commerciales”.

Cela est expliqué par Pompeo, cité dans le texte repris ci-dessous : « J’entends des gens parler en séparant les questions commerciales et économiques de celles de sécurité nationale. Ne nous y trompons pas, la capacité de la Chine, la capacité de l'Armée populaire de libération à pouvoir faire exactement ce qu'elle fait est le résultat direct des relations commerciales que la Chine a établies.”
» Ils ont fait grandir leur pays en profitant d’un ensemble de règles commerciales injustes. Ils ont donc été en mesure de faire croître leur économie à un rythme élevé. Ces mêmes outils économiques que le président Trump s'efforce de réajuster sont également ce qui a permis à la Chine de faire toutes les choses qu'elle fait avec ses forces militaires. »

Le texte de WSWS.org de ce 5 août 2019 décrit cette révolution conceptuelle qui invertit totalement le concept de capitalisme et de libre-échange tel qu’il a été présenté depuis les origines par ses partisans. Pour les libre-échangistes, le développement du commerce est/était non seulement un gage de prospérité, mais également (et surtout, insistent les très-beaux esprits) un gage de paix. Dans la dialectique trumpiste, fidèlement suivie par ses divers porte-paroles (aussi bien les neocons type Pompeo-Esper que les “populistes” type-Bannon dont on croyait qu’il s’intéressait d’abord au drainage du marigot washingtonien), le capitalisme et le commerce c’est la guerre, la vraie de vraie, la nucléaire...

dde.org

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Encerclement nucléaire de la Chine

Dans les heures qui ont suivi le retrait officiel des États-Unis, vendredi, du FNI, le traité nucléaire le plus important du monde, le Pentagone a clairement fait savoir qu'il avait l'intention d’encercler la Chine de systèmes de missiles offensifs à têtes nucléaires. Il s’agit d’une course aux armements nucléaires qui s'accélère rapidement.

S'adressant à des journalistes lors d'un voyage en Australie, le ministre américain de la Défense, Mark Esper, a déclaré que le Pentagone allait déployer des missiles jusqu'alors interdits par le traité “le plus tôt possible”. “Je préférerais dans quelques mois”, a précisé Esper.

Le déploiement de missiles à moyenne portée dans le Pacifique transformerait la côte chinoise et les îles du Pacifique qui l'entourent en un front de bataille nucléaire, mettant en danger la vie de milliards de personnes en Chine, en Corée, au Japon, à Taiwan et dans la région.

Le traité sur les FNI, qui a été signé entre le président de l'époque, Ronald Reagan, et son homologue soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, en 1987, interdisait aux États-Unis et à la Russie de développer des missiles d'une portée comprise entre 500 et 5 000 kilomètres, ce qui signifie que la majeure partie de l'Europe et une grande partie du Pacifique ne permettait pas le stationnement des missiles nucléaires.

Cependant, à mesure que les tendances technologiques modifiaient les équilibres militaires et que les États-Unis intensifiaient leur conflit avec la Chine, Washington en vint à considérer de plus en plus que le traité de la guerre froide était contraire à ses objectifs d'encercler militairement Beijing, qui n'en était pas signataire.

Avec le déploiement potentiel de missiles nucléaires américains à quelques minutes de vol de la Chine continentale, les tensions approcheront le point de rupture avec l’immense population de la région vivant sous le spectre de l'annihilation nucléaire.

En réponse au retrait des États-Unis du traité FNI, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a averti que “le monde perdra un frein précieux à la guerre nucléaire ”. Daryl Kimball, directeur exécutif de l'Arms Control Association, a déclaré que Trump “poursuit une stratégie qui créera les conditions d'une dangereuse course aux armements”. Le Financial Times a mis en garde, dans le même ordre d'idées, contre la “relance de la course aux armements nucléaires” de Trump.

En défendant sa décision de stationner des missiles dans une zone densément peuplée à des milliers de kilomètres des États-Unis, Esper a accusé la Chine de “militariser [to weaponize] les biens communs mondiaux en développant une économie prédatrice”. En d'autres termes, la Chine, en menant des activités économiques pacifiques, menace les États-Unis, et cela devrait donc être contré par la menace d'anéantissement militaire.

“Nous croyons fermement qu'aucune nation ne peut ou ne doit dominer l'Indo-Pacifique”, a déclaré M. Esper, un homme qui représente un pays qui a “brûlé, bouilli et cuit à mort” (selon les mots du général Curtis Lemay) des centaines de milliers de civils japonais dans sa guerre pour conquérir le Pacifique.

Dans des commentaires ultérieurs, le secrétaire d’État Mike Pompeo, qui accompagne M. Esper lors de son voyage en Australie, a déclaré que les États-Unis avaient “dormi aux dans leur fonction de leadership” face au “danger” que représente la Chine.

Il a ensuite réitéré la déclaration d'Esper selon laquelle la croissance économique pacifique de la Chine constituait une menace militaire pour les États-Unis. “J'entends des gens parler en séparant les questions commerciales et économiques de celles de sécurité nationale”, a dit M. Pompeo. “Ne nous y trompons pas, la capacité de la Chine, la capacité de l'Armée populaire de libération à pouvoir faire exactement ce qu'elle fait est le résultat direct des relations commerciales que la Chine a établies.”

“Ils ont fait grandir leur pays en profitant d’un ensemble de règles commerciales injustes. Ils ont donc été en mesure de faire croître leur économie à un rythme élevé”, a déclaré M. Pompeo. “Ces mêmes outils économiques que le président Trump s'efforce de réajuster sont également ce qui a permis à la Chine de faire toutes les choses qu'elle fait avec ses forces militaires”, a-t-il ajouté.

En d'autres termes, il n'y a pas de ligne de démarcation entre coexistence pacifique et conflit militaire. La croissance économique et le commerce sont eux-mêmes perçus par Washington comme des menaces militaires, auxquelles Washington doit faire face, qu'il s'agisse de conflits commerciaux, de menaces militaires ou de guerres à grande échelle.

Les paroles de Pompeo s'inscrivent dans la doctrine de la rivalité des grandes puissances contre la Russie et la Chine adoptée par le Pentagone l'année dernière, qui déclarait que “la concurrence des grandes puissances, – et non le terrorisme, – est désormais le principal objectif de la sécurité nationale américaine”. La conduite de tels conflits nécessitera une approche de la société [de l’adversaire] “comme un tout”, a déclaré le Pentagone en se référant à ce qu'il est convenu désormais de nommer “la guerre totale”.

En plus de la fin du traité FNI vendredi, les États-Unis ont décidé trois mesures hostiles à la Chine dans leur conflit contre ce pays.

Mercredi, la Banque centrale américaine a abaissé le taux des fonds fédéraux dans un mouvement largement perçu comme visant à dévaluer le dollar et à améliorer les exportations américaines. Le mois dernier, M. Trump a déclaré que “les autres devises sont dévaluées par rapport au dollar, ce qui désavantage fortement les Etats-Unis”, exigeant que la Fed prenne des mesures.

Jeudi, Donald Trump a annoncé une proposition visant à appliquer un tarif de 10 % sur tous les produits chinois qui ne sont pas déjà assujettis à des droits d'importation, y compris un large éventail de biens de consommation comme les téléphones et autres appareils électroniques.

 Le même jour, les sénateurs démocrates se sont joints aux républicains pour adopter le budget militaire le plus important de l'histoire américaine, augmentant considérablement la capacité des États-Unis à faire la guerre à une “grande puissance”.

Si aucune de ces actions n'est sérieusement discutée ou débattue dans les médias, c'est parce qu'il existe un accord entre les démocrates et Trump sur la nécessité de préparer la guerre avec la Chine. Comme l'a dit l'ancien président de la campagne Trump, Steve Bannon : “La personne qui remportera l'élection, qu'elle soit démocrate ou non, sera un faucon équivalent, sinon plus affirmé que Donald Trump... Les démocrates sont tout aussi durs sur ce point que les républicains”.

D'une certaine manière, les démocrates sont même encore plus radicaux dans leur langue. Pour ne citer qu'un exemple, en juin, le candidat démocrate à la présidence Pete Buttigieg a déclaré qu'un conflit avec la Chine constituait la base de “l’unité nationale”. “Le nouveau défi de la Chine nous donne l'occasion de surmonter les clivages politiques, a-t-il dit. Au moins la moitié de la bataille [contre la Chine] est dans notre politique intérieure.”

WSWS.org