Le cas Blair-Obering et les anti-missiles

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Nous le signalons par ailleurs sur ce site, dans notre F&C du jour, concernant le gracieux développement des esprits pentagonesques et assimilés sur les anti-missiles. Ce qui nous paraît politiquement le plus étonnant dans les déclarations du général Obering au Financial Times (article du 7 mars) concerne le Royaume-Uni et les anti-missiles, et, implicitement et a contrario, la demande de Tony Blair pour qu’une base BDM soit installée dans son pays. (La précision est évidemment technique et stratégique mais elle est si forte d’implications qu’une interprétation politique s’impose.)

Pour rappel, ce que nous écrivons dans notre F&C:

«• La partie politiquement la plus étonnante des déclarations du général Obering est celle qui concerne le Royaume-Uni. On sait que Tony Blair pousse actuellement pour avoir une base de missiles US dans son royaume. Obering semble fortement contre… pour ne pas irriter les Russes. “Russia would have legitimate cause for concern if the Pentagon placed missile interceptors in Britain as part of its missile defence shield, the head of the US Missile Defence Agency has told the FT. […] ‘If they [the Russians] are concerned about us targeting their intercontinental ballistic missiles, I think that would be problematic from the UK because I believe we probably could catch them from a UK launch site,’ said Lieutenant General Trey Obering.”»

Cette appréciation constitue, dans l’état de tension actuel avec la Russie, une sorte de fin de non-recevoir de la demande britannique (Blair) d’installer une base BDM américaniste au Royaume-Uni. (Ce que dit Obering n’a de sens que s’il s’apprête à refuser une base anti-missiles au Royaume-Uni, si ce n’est déjà fait, puisqu’il affirme in fine qu’une telle base ne serait utile que pour tirer contre des missiles stratégiques russes.) C’est une surprise dans la mesure où cette demande de Blair est devenue publique, comme on l’a vu à la fin du mois dernier, et que la réaction d’Obering devient ainsi une rebuffade politique sous un argument technique de convenance. (Cette question aurait pu être abordée avec les Britanniques depuis longtemps, évitant à Blair de s’engager publiquement sur une demande qui devrait aboutir à un refus US et humiliant à la fois…)

On a mention implicite, par ailleurs dans le texte de Muriawec, dans notre Forum du 7 mars ou dans notre Bloc-Notes d’aujourd’hui, d’une position de Tony Blair perçue comme hostile au Bush martial et à sa politique expansionniste-belliciste («Mais si la pression exercée par Blair et quelques autres, et par les nouvelles majorités démocrates du Congrès, peut avoir gain de cause, c’est aussi, c’est surtout en raison de la banqueroute intellectuelle de la Maison Blanche…»). Il y a eu la position officielle de Blair contre l’attaque de l’Iran et le mécontentement manifeste des militaires US du retrait britannique d’Irak.

Cela fait beaucoup et conduit à une conclusion en forme d’hypothèse. N’y a-t-il pas un froid marqué entre Washington et les Britanniques, cette fois Blair inclus dans le gouvernement en place?


Mis en ligne le 8 mars 2007 à 16H48