Le cas canadien et l’Afghanistan

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Ce matin, le nouveau secrétaire général de l’OTAN Rasmussen est à Norfolk, en Virginie, pour l’installation du nouveau chef du commandement OTAN, dit de la “Transformation”, installée dans la grande base de l’U.S. Navy. C’est un général français, Aubrial, qui reçoit ce poste, comme “récompense” donnée à la France de son retour dans l’organisation intégrée.

Rasmussen interrogé par Le Monde le 4 septembre 2009, répondant à une question sur les relations entre l’UE et l’OTAN — curieusement, essentiellement sur cet événement:

«Quelle place aura l'Union européenne dans ce cadre ?

»Le retour intégral de la France dans l'OTAN va augmenter le poids des Européens dans l'Alliance. Le 9 septembre, le poste de commandement de la transformation de l'OTAN va être transféré à un général français, Stéphane Abrial, à Norfolk en Virginie. C'est historique. Au-delà, il est crucial d'améliorer la coopération OTAN-Europe. Il a été impossible de conclure un accord de sécurité OTAN-UE en Afghanistan. Cela pose un problème de sécurité pour le personnel sur place. Je prendrai des initiatives prochainement.»

Ce matin, en marge des cérémonies à Norfolk, Rasmussen doit avoir un entretien semi-formel avec James Jones, ancien général du Corps des marines et commandant en chef suprême en Europe (SACEUR), et conseiller de sécurité nationale du président Obama comme actuel directeur du NSC. On doit sans aucun doute parler de la guerre en Afghanistan, des renforcements importants et de l’engagement US qui s’effectuent. Jones y est très fortement opposé (ainsi que le vice-président Biden), ce qui constitue un facteur important de la crise afghane qui touche aujourd’hui Washington.

Puis Rasmussen quittera Norfolk pour ne pas se rendre au Canada… En effet, c’est là qu’il devait se rendre, et il a annulé cette visite sous un motif diplomatique très soft. La réalité est qu’il était devenu particulièrement mécontent de cette visite, en raison de l’accueil plus que réservé, notamment au travers des rencontres de second ordre qui lui étaient proposées. Cela marque la mauvaise humeur des Canadiens après les déclarations de Rasmussen en Afghanistan, début août, évoquant comme une initiative qui serait bienvenue l'hypothèse que le Canada devrait repousser au-delà de 2011 sa décision de retrait de son important contingent (2.200 hommes).

Ce point (le retrait) est perçu comme absolument intangible du côté canadien. Dans les rencontres, même techniques et bureaucratiques, qui ont lieu entre Européens et Canadiens des domaines de sécurité nationale, les Canadiens insistent pour rapporter que toutes leurs structures de défense et de la diplomatie, toute leur évolution dans ces domaines sont absolument structurées autour de ce retrait en 2011, tandis que la situation intérieure confirme l'impossibilité d'envisager une autre voie. Il s’agit donc d’un rendez-vous particulièrement délicat pour l’OTAN et pour la guerre en Afghanistan, ou ce qu’il en restera d’ici là. Il est évident que cette question canadienne (avec l’attitude d’autres pays allant dans le même sens du retrait, comme la Hollande et l’Italie) joue son rôle dans le délai que Robert Gates, le secrétaire US à la défense, ne cesse de répéter comme la chronologie impérative pour faire basculer la guerre à l’avantage des alliés: 18-24 mois.


Mis en ligne le 9 septembre 2009 à 08H49