Le cas géorgien : une crise en attente de définition

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La crise entre la Géorgie et la Russie est bien résumée, jusqu’à son épilogue temporaire du 3 octobre (relaxe des officiers russes retenus par les Géorgiens), par une analyse de WSWS.org, aujourd’hui. Pour autant, il reste très difficile de déterminer les orientations que ces événements peuvent prendre, s’ils peuvent effectivement déboucher sur une crise majeure.

Bien entendu, la direction politique géorgienne est en général sous le contrôle US, notamment depuis l’élimination de Chevarnadzé. Il s’agit d’un système d’apparatchiks communistes reconvertis, habitués aux pratiques de corruption et, de ce fait, qu’on peut considérer comme directement subsidiés par les services officiels US. A la différence d’autres pays de la région (l’Ukraine, par exemple), le soutien vient directement de services officiels plutôt que par les relais habituels (des organisations “frontistes” US).

Pour autant, il n’est pas assuré que l’opération qui vient d’avoir lieu ait directement été contrôlée par les Américains. Elle ne tombe pas au meilleur moment, alors que l’administration GW est en campagne électorale, qu’elle est en grandes difficultés militaires en Irak et qu’on parle de possibilités de conflit avec l’Iran. Elle se heurte à une Russie plutôt portée à l’intransigeance, alors que les Américains ont besoin de l’aide des Russes dans diverses situations potentielles. Il est bien possible que des pays d’Europe de l’Est récemment entrés dans l’OTAN aient pris des initiatives sans nécessairement en aviser précisément les USA, en incitant la Géorgie à agir et en lui livrant des armes (selon l’accusation très précise, pour ce qui concerne les livraisons d’armes, du ministre russe de la défense, citant des livraisons d’armes russes à des pays d’Europe de l’Est, retrouvées chez les Géorgiens).

WSWS.org insiste sur l’importance stratégique de la Géorgie pour les USA (et, par conséquent, pour la Russie), notamment à cause des questions d’énergie. On peut dire la même chose pour tous les pays de la région, et il existe déjà, avec l’Ukraine, une situation de crise potentielle explosive. Cette question ne suffit pas à définir la crise Géorgie-Russie. D’une façon générale, la réaction russe a plutôt troublé les Occidentaux sans leur donner pour autant le moindre moyen de s’y opposer, ou des arguments péremptoires pour la critiquer. Certains diplomates occidentaux jugent qu’on donne à la Russie une occasion assez facile d’affirmer un peu plus sa puissance nouvelle, alors que les USA et l’OTAN (Afghanistan) connaissent bien des difficultés. C’est un argument sérieux et les Russes pourraient éventuellement exploiter la crise à leur avantage.

Il n’est pas impossible que cette affaire entre la Géorgie et la Russie soit d’abord le résultat de maladresses ou d’absence de communication/de coordination du côté US/Europe de l’Est, voire de mauvais contrôle de leurs “auxiliaires” de l’Est par les Américains. Au vu des maladresses habituelles du côté US, il n’y aurait rien de particulièrement surprenant.


Mis en ligne le 6 opctobre 2006 à 09H40