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5409• Une analyse offensive des Chinois des conséquences pour les États-Unis et pour le marché mondial des micro-processeurs de la décision US d’interdire l’exportation des puce vers la Chine. • dde.org et ‘The Global Times’
Il s’agit d’un bon exemple d’application de la destruction de la globalisation ( déconstructuration, rien de moins, alors que la globalisation était elle-même une déconstructuration, – soit du “faire-aïkido” pur jus) sous les coups terribles d’un affrontements qui est bien plus est de l’ordre de la civilisation en pleine crise d’effondrement que de l’ordre de la conséquence de la géopolitique ; dans ce cas, la géopolitique n’est plus désormais que l’expression politique de cette destruction.
L’article ‘Global Times’ défend évidemment la position chinoise mais il le fait d’une façon ostensiblement objective (à son avantage, pardi), en se plaçant du point de vue du commerce international, de la globalisation, pour mettre en évidence sa ruine. LeSakerfrancophone, qui en donne la traduction, le met en balance avec l’article de Mike Whitney publié la semaine précédente (« Le blocus étasunien des semi-conducteurs destinés à la Chine est une bombe atomique »), qui représentait clairement la conception américaniste offensive, sans aucune nécessité d’objectivité (sorte de “Biden fait du Trump sans Trump”, et même du “super-Trump” si l’on veut faire ‘rock’n roll”).
On ne peut donc vraiment trancher entre les deux puisque les points de vue se veulent résolument différents, chacun à leur avantage. Mais un des deux, celui des Chinois présenté ici, a la charge vertueuse de rendre compte d’une situation générale telle qu’elle se forme en temps réel, ou en commerce réel, “sous nos yeux” pour ainsi dire, et c’est la mort de la mort de la globalisation, son enterrement selon la pompe chinoise si l’on veut.
Plus encore : contrairement à la conception très bienpensante que l’affrontement commercial et le mort du commerce globalisé qui s’ensuit sont les sources de la guerre, nous avons déjà la guerre (l’Ukraine, pardi, qui a réellement commencé en 2014 et qui n’est qu’une répétition de Taïwan ou un modèle pour Taïwan, et qui de toutes les façons implique nécessairement et fortement sinon définitivement la Chine depuis la réélection de Xi il y a trois jours) ; et alors s’ensuivent, ou se poursuivent et s’accélèrent la destruction et la mort du commerce globalisé. La guerre n’est en rien la conséquence des conditions internationales, elle est une volonté délibérée d’une psychologie collective prise par la folie. Le commerce suit, et si on l’habille de rationalité du type concurrentiel, sanctions, autarcie, etc., lui aussi, le commerce, est habité fondamentalement par la même folie.
Conclusion : il se pourrait bien que nous tenions là un des nombreux fils du chaos (le “chaos-vrai”) que Mercouris appelle de ses vœux :
« ...Et cela pourrait être la meilleure chose qui puisse arriver quand on voit les possibilités de ce qui peut arriver dans l’esprit de certains qui prétendent contrôler les choses, en Ukraine où ailleurs, ... ce chaos pourrait être bien la meilleure chose car il serait impossible de le maîtriser [pour imposer une confrontation]... »
Ci-dessous, donc, le texte de ‘Global Times’ (LeSakerfrancophone), dont nous avons modifié le titre initial pour en rendre plus vivace le caractère de dans de Saint-Guy qui est une bonne illustration des affaires du monde.
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Le fournisseur américain d’équipements de fabrication de puces, Lam Research, a prévenu, mercredi, d’une potentielle perte de revenus de 2 à 2,5 milliards de dollars en 2023, en raison des derniers contrôles à l’exportation de Washington sur les semi-conducteurs et équipements avancés exportés vers la Chine, une perte qui représente environ 30 % des ventes de l’entreprise américaine, a rapporté Reuters.
Lam Research est la plus récente entreprise de puces électroniques à prévoir une perte de chiffre d’affaires en raison de l’interdiction d’exportation vers la Chine par les États-Unis. La semaine dernière, Applied Materials estimait une baisse de 250 à 550 millions de dollars de son chiffre d’affaires net pour le trimestre se terminant le 30 octobre, avec un impact supplémentaire attendu dans les mois à venir.
Bien que les commentaires des milieux d’affaires américains sur le dernier cycle de répression technologique des États-Unis à l’encontre de la Chine semblent modérés, leurs inquiétantes perspectives de ventes ne constituent pas une situation isolée, mais concernent toutes les entreprises formant la chaîne d’approvisionnement mondiale en puces, en particulier celles des États-Unis. En effet, le cauchemar causé par l’interdiction des puces par les États-Unis pour leurs propres entreprises ne fait peut-être que commencer.
Il est compréhensible que dans un environnement dominé par la pression politique de Washington et une opinion publique manipulée contre la Chine, les chefs d’entreprise doivent garder la tête basse face à une intervention unilatérale des États-Unis dans le secteur hautement mondialisé des semi-conducteurs.
Mais il est plus que jamais essentiel que les entreprises parlent de l’impact de telles mesures au lieu de rester silencieuses. Le monde a besoin d’avoir connaissance des chiffres pour connaître l’ampleur des dégâts que va subir l’industrie à cause des manœuvres géopolitiques américaines. Au fur et à mesure que les pertes s’accumuleront, l’impact commercial sur la politique de Washington augmentera également.
Ce n’est un secret pour personne que les États-Unis resserrent de plus en plus les restrictions sur les exportations de haute technologie vers la Chine, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs, dans une apparente tentative de contenir le développement indépendant de la Chine et ses percées dans le domaine de la science et de la technologie. En conséquence, les perspectives du marché pour les entreprises américaines de puces électroniques se sont considérablement assombries.
Avant même les dernières mesures de répression américaines, les entreprises productrices de puces souffraient déjà. Selon un rapport du Wall Street Journal de la semaine dernière, sur les 15 plus grandes sociétés de puces qui ont publié leurs résultats pour le trimestre finissant en septembre, 10 devraient enregistrer un ralentissement de la croissance de leurs revenus par rapport au trimestre finissant en juin.
Leur situation va s’aggraver après que l’administration Biden a dévoilé des règles de contrôle des exportations « les plus agressives » au début du mois, dans le but de limiter les ventes de semi-conducteurs et d’équipements de pointe à la Chine.
La Chine est le plus grand marché au monde pour les puces électroniques, et elle a importé pour environ 400 milliards de dollars de semi-conducteurs en 2021, ce qui représente près de 60 % du marché mondial des puces. Les entreprises américaines de haute technologie sont les plus grands bénéficiaires de cette demande massive de la Chine, c’est donc leur plus grande source de profits. Il est impensable pour tout fabricant de puces de perdre un marché aussi important. Cela affecterait grandement leurs plans de dépenses et entraînerait à son tour une perte indirecte de ventes pour les fournisseurs d’équipements de semi-conducteurs comme Lam Research et Applied Materials.
Alors que le secteur mondial des semi-conducteurs est confronté à une chute des ventes d’ordinateurs personnels et de smartphones dans un contexte de récession, cette dernière interdiction concernant les puces, prise par Washington, déstabilise sérieusement la chaîne industrielle mondiale. Cette politique, qui semble ignorer complètement l’impact sur l’ensemble de l’industrie des puces, ressemble surtout à une volonté de l’administration Biden de montrer ses muscles et de jouer les durs contre la Chine à l’approche des élections américaines de mi-mandat.
Mais loin d’assurer la domination des États-Unis dans le secteur des puces, les contrôles à l’exportation pourraient nuire aux entreprises technologiques américaines en termes de ventes et donc réduire leurs investissements en recherche et développement.
Du point de vue de la Chine, le marché est énorme et il est douteux que les États-Unis puissent utiliser des décrets unilatéraux pour empêcher les entreprises de puces non américaines de mener une coopération et un commerce normal avec la Chine. Si les entreprises non américaines ne se joignent pas au mouvement, les interdictions unilatérales américaines ne feront que réduire la compétitivité des entreprises américaines en les privant du marché chinois.
Les restrictions américaines ne feront qu’accélérer le développement du secteur chinois des puces, car le marché chinois n’attendra pas que les États-Unis reviennent à la raison. Si le secteur chinois des puces rattrape rapidement son retard et ne dépend plus des importations, ce ne sera pas une perte de 2,5 milliards de dollars pour une seule entreprise américaine, mais des centaines de milliards de dollars de perte pour l’industrie entière.
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