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998L’Amérique ressemble à une maison qui brûle, devant laquelle se chamaille un certain nombre de capitaines des pompiers. Chacun d’eux, à tout hasard, voudrait bien être vizir à la place du vizir. (Le vizir lui-même, d’ailleurs, a cette ambition.) Ils se chamaillent pour savoir qui prendra la pompe à incendie pour la diriger vers le feu et pouvoir dire en prime time : “C’est moi…” Voyons le détail.
Le chaos à Wall Steet engendrant le chaos au Congrès, la campagne présidentielle ne pouvait être en reste. Après tout, nous sommes en démocratie et l’égalité règne. C’est donc le chaos dans la campagne électorale, avec, semble-t-il, une manœuvre de McCain pour tirer bénéfice pour lui seul d’une initiative venue semble-t-il d’Obama, pour une action commune des deux candidats dans le concert cacophonique issu de la crise financière. Ainsi se confirme-t-il que la crise financière s’élargit à une crise politique, – ou bien, disons chaos à la place de “crise” et l’affaire est conclue. Dans tous les cas, le théâtre passe de Wall Street à Washington
Dans un bulletin du 24 septembre, CNN.News nous donne un détail qui semble assez juste de la manœuvre de McCain. Les deux candidats avaient conclu qu’ils feraient un communiqué commun sur la crise, après avoir interrompu leur campagne et regagné Washington; mais McCain suit ses conseillers les plus avisés et y voit une occasion de remonter dans les sondages; il fait une déclaration à la TV annonçant qu’il se mobilise, lui, pour lutter contre la crise, mentionnant effectivement le communiqué commun mais ajoutant que la chose est dépassée et qu'il faut agir.
«But McCain, appearing live on “The CBS Evening News with Katie Couric,” challenged Obama's claims that he supported a joint statement.
»“This is not the time for statements. ... I think the American people expect more of us. And I would hope that we would respond that way,” he said. “We discussed that we do agree, and I'd be glad to – to join in a common press release or statement, but now is not the time for statements. Time is now to act,” he added.»
Les démocrates sont évidemment furieux. «Asked about political motivation in the news conference, Obama said to check with the other guy. One Democratic senator wasn't as diplomatic answering the question. “This was seeking political one-upmanship, and it's going to fail,” Sen. Chuck Schumer, D-New York, said Wednesday night.»
The Independent décrit justement cet épisode, ce matin, comme une plongée de la campagne présidentielle dans le chaos. Plus encore, le quotidien de Londres estime que le climat se détériore aux USA et que même le plan Paulson serait en danger de ne pas être adopté par le Congrès. (Au reste, c’est l’avis de McCain, qui ne cesse de mettre de l’huile sur le feu de cette crise monumentale; on espère que les USA existeront encore au début novembre, pour lui permettre de recueillir le fruit de ses initiatives.)
«The race for the White House has been thrown into turmoil by the global financial meltdown when John McCain said last night he was suspending his campaign and returning to Washington to help forge a deal on a financial rescue plan by the weekend. It was a startling, high-risk gambit aimed at making his rival, Barack Obama, look flat-footed. Mr McCain also asked for a postponement of the first presidential debate, which was scheduled for tomorrow evening. It could backfire on him, however, if voters conclude he is afraid of the debate in the middle of an economic crisis.
»Mr McCain made the move even as both presidential campaigns were working on a joint statement setting out their broad agreement on terms for the $700bn (£350bn) bailout of Wall Street now before Congress. Mr McCain indicated his belief, however, that the rescue package might fail in the face of growing opposition.
»The manoeuvre could be awkward for Senator Obama. For now, though, he is having none of it, declaring at a hastily convened news conference that he intended to attend the debate in Oxford, Mississippi, as planned. He said it was “more important than ever” that voters have the chance to assess both candidates and that anybody aspiring to be US President should be able to do more than one thing at a time. […]
»Amid a mood of mounting crisis, President Bush was due to appeal last night for support for his $700bn rescue plan for Wall Street at a time when 55 per cent of Americans oppose spending their tax dollars rescuing failing financial firms. The package was been met with deep scepticism by Democrats and Republicans alike this week. Mr McCain and Mr Obama are under pressure to declare their hands on the details of the rescue package and both are manoeuvring to take political advantage from whatever outcome emerges.
»Mr McCain made his surprise statement after speaking at former president Bill Clinton's Global Initiative meeting in New York yesterday. “I am calling on the President to convene a meeting with the leadership from both houses of Congress, including Senator Obama and myself,” he declared. “It is time for both parties to come together to solve this problem.”»
Serions-nous trop optimistes, nous qui pensons, ou pensions que, tout de même, malgré tout, le plan Paulson sera(it) adopté? Avec l’américanisme, le pire du pire est toujours possible. (Et nous nous contentons du pire…) On verra.
Mais les événements vont si vite. Bien entendu, la proposition McCain d’un sommet formidable a été acceptée et le président Bush, après un discours crépusculaire sur le sort de l’économie américaniste («Our entire economy is in danger»), a annoncé cette nuit, selon The Times du jour, qu’il convoquait tout le monde, lui-même avec McCain-Obama et les dirigeants du Congrès, pour une réunion d’urgence.
«John McCain yesterday sought to seize back the initiative in the presidential race by asking Barack Obama to postpone tomorrow's televised debate, suspend campaigning and return to Washington for crisis talks on the economy. His dramatic announcement came just hours before President Bush delivered a sombre TV address to the nation warning that “our entire economy is in danger” unless Congress agreed swiftly to his $700 billion rescue package for stricken financial institutions. The White House last night said that Mr Bush would meet both of the candidates vying to succeed him today, along with Congressional leaders.»
McCain est, dans cet épisode, l’apprenti-sorcier pyromane de service qui a versé de l’huile sur le feu avant de réclamer, comme les autres, la lance à incendie. Il ne faut pas lui en vouloir, demain ce sera un autre car ainsi le veut le système. Suivez cette affaire puisque le sort du monde en dépend. McCain, lui, suit les sondages car l’on suit ce que l’on peut. Les marchés suivent tout cela, – à Wall Street, comme il se doit.
Mis en ligne le 25 septembre 2008 à 08H54
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