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676La situation brésilienne est à un point de rupture. Nous allons laisser à Pépé Escobar le soin de présenter les derniers évènements dans un texte, le 21 mars sur RT, présenté ci-dessous. (Nous rappelons également un de ses précédents textes sur le sujet, le 7 mars également sur RT, avec une dimension supplémentaire puisque Escobar place ces évènements brésiliens dans le cadre d’une attaque générale du Système contre les BRICS, dont nombre de ses membres, – quasiment quatre sur cinq, – sont soit l’objet d’attaques du Système, soit dans une position interne difficile, soit les deux.)
Escobar ne fait pas de ce désordre terrible au Brésil essentiellement l’effet d’une manœuvre de subversion (des USA, alias “Empire du Chaos” pour lui), même si la subversion attend, sur la ligne de départ, le moment d’investir le pays à coups d’investissements lucratifs. Il décrit plutôt un énorme désordre de corruption, où il distingue ceci qu’une justice politisée et qu’une oligarchie locale ont coincé les forces réformatrices et antiSystème (Rousseff et son mentor Lula, appelé urgemment en renfort dans la direction gouvernementale) dans une situation extrêmement inconfortables. Le pire peut en sortir, pourtant “assez pur” de toute intervention extérieure décisive et voyante, au contraire de tant de crise précédentes dont les fameuses “révolutions de couleur” dans leur composition et leur méthodologie archétypiques :
« Kafka et Dada sont de nouveau les maîtres d’œuvre ; c’est exactement le marché “en douceur” pour un changement de régime qui a été conclu à Brasilia par une sale combine ; une sélection de politiciens corrompus, achetés par les élites brésiliennes ; une sélection d’hommes d’affaire ; une partie importante du monde judiciaire coopté ; et les médias-Système appartenant aux quatre failles régnantes au Brésil. Appelez ça un “coup propre ». Appelez ça un changement de régime. Appelez ça une “révolution de couleur” à la brésilienne. Sans l’OTAN. Sans l’impérialisme “humanitaire”. Sans une goutte de sang et et des milliers de $milliards perdus en Irak, en Libye, ou en Syrie. Si “propre”. Si “légal”. Comme les théoriciens de l’Empire du Chaos n’ont-ils pas songé à cela avant ? »
Quoi qu’il en soit, nous n’en sommes pas encore à cette extrémité et Escobar nous instruit des derniers labyrinthes toujours en cours d’exploration dans une ambiance surréaliste, – Kafka et Dada, certes, – avec Lula dont on espère qu’il parviendra à s’installer au gouvernement en surmontant les obstacles qu’un système judiciaire engagé dans une lutte à mort contre le régime a posé devant lui. Mais nous irions encore plus loin, pour notre compte, s’il fallait suivre la pente la plus catastrophique que nous décrit Escobar comme la possibilité la plus extrême (regime change) : il n’est pas assuré que les forces de ce qu’il nomme “l’Empire du Chaos” soient capables d’assurer des positions de force et, si l’on suit l’expression, il se pourrait que le “Chaos” précédât l’“Empire” sans nécessairement naître de lui et lui interdise les profits qu’il en attend. Cela devrait d’autant plus être considéré que l’“Empire”, comme l’on devrait bien avoir à l’esprit, est en ce moment fort occupé par son “Chaos” personnel.
Il nous semble que cette situation brésilienne se place dans un courant nouveau qui parcourt le continent sud-américain à peu près depuis la mort de Chavez en 2013, événement à la fois stratégique et symbolique. C’est en effet Chavez qui avait conduit jusqu’à en être l’inspirateur presque transcendantal la marche exceptionnelle de l’essentiel de l’Amérique Latine vers une position unitaire d’indépendance vis-à-vis de son ancien tortionnaire-exploiteur yankee. Sa mort tragique, après une dernière victoire électorale qui confirma sa puissance et sa gloire mais pour un avenir irrémédiablement compromis par la maladie en phase terminale, ouvrit en fait une période nouvelle, qui affecte aussi bien, par exemple, le Venezuela lui-même, où le successeur de Chavez est en grandes difficultés, que l’Argentine d’une certaine façon, avec le départ (dans les règles constitutionnelles d’ailleurs) de la présidente Kirchner, que le Brésil après l’époque Lula et le premier mandat de Rousseff.
Cette nouvelle période est sans aucun doute un reflux par rapport au brio et à l’éclat de l’affirmation politique de la première décennie du siècle ; pour autant, elle n’est nullement une victoire pour tous ceux qui s’opposaient et s’opposent à ces forces, et donc nullement une victoire pour les USA. Après tout, cela fait trois ans que Maduro a succédé à Chavez dans une élection immédiatement contestée, qu’il est régulièrement mis en cause, sur la défensive, dans une situation économique en constate dégradation (avec l’effondrement du prix du pétrole), et pourtant il parvient à tenir son pouvoir. Kirchner a terminé son mandat dans des conditions très difficiles et pourtant elle tient une place politique puissante dans un statut d’opposition critique de l’actuel président, qui pourrait préparer son retour pour un nouveau mandat de présidente Pour le Brésil, on a vu ce qu’il en est...
On est donc conduit à constater que s’il y a un réel reflux de la période de puissante affirmation à-la-Chavez, les USA et, d’une façon générale le bloc-BAO, n’en profitent pas. Notre sentiment est que ce reflux d’une politique unitaire et bien coordonnée correspond en vérité à la montée générale du désordre qui est partout constaté, y compris au sein du bloc BAO (USA et Europe). Ce désordre est le produit du Système, bien entendu, de son déclin au travers de sa course surpuissance-autodestruction, dans la mesure où, de la même façon que la Russie par exemple, les pays du bloc sud-américain sont dans cette position inconfortable de s’opposer au Système tout en respectant ses règles, tout en affrontant le bloc-BAO selon les règles du Système : une attitude “un pied-dehors, un pied-dedans” qui marque la position de très nombreux antiSystème institutionnalisés et obligés, pour s’affirmer, d’évoluer au sein de l’ensemble globalisé qu’est le Système.
Il nous semble que la même logique s’applique aux BRICS, dont Escobar parle dans un autre texte, déjà référencé. Effectivement, depuis 2013-2014, les BRICS ont perdu l’allant qui caractérisait cette organisation depuis 2009. Les causes sont à trouver d’abord dans les problèmes internes que connaissent leurs membres, et aussi des tensions crisiques internationales qui affectent certains d’entre eux (la Russie particulièrement, la Chine également). On pourrait développer l’analyse que cet ensemble de reflux est la conséquence d’attaques portées à la fois contre le groupe et contre quelques-uns de ses membres. Pourtant, là aussi, il y a des situations différentes et, surtout, des situations qui tendent d’une certaine façon à distendre les liens entre certains membres des BRICS.
Le destin russe, entre 2014 et 2016, a certainement pesé sur les relations de la Russie avec les autres membres des BRICS, et même les relations entre la Russie et la Chine, qu’on jugeait stratégiquement fondamentales en 2014 après “le coup de Kiev”, surtout pour la Russie, et qui le sont devenues un peu moins depuis l’automne 2015 et l’intervention russe en Syrie (Syrie-II) qui a achevé (après la quasi-victoire russe dans la crise ukrainienne) un statut de grande puissance, notamment militaire à la Russie. Ces divers épisodes ont nui à l’homogénéité des BRICS. Il est évident qu’aujourd’hui, la Russie a moins besoin des BRICS, et moins besoin du Brésil par exemple, qu’elle n’en avait besoin en 2013-2014. Les positions de chacun des membres ont évolué également, dans des sens différents, en fonction de cette nouvelle donnée. De notre point de vue, ces facteurs internes aux BRICS ont plus pesé sur la situation des BRICS que des attaques extérieures contre le groupe.
Quant à la cause générale, nous en revenons toujours à la même explication, qui est simplement celle du désordre, cause déjà envisagée pour le bloc sud-américain. On ne voit pas en effet que la réduction de l’élan des BRICS, l’affaiblissement relatif de leur coordination aient eu la moindre conséquence favorable pour le bloc-BAO et les USA. La chose (la perte d’influence des USA, leurs divers revers, mais aussi leur crise intérieure) est suffisamment documentée pour qu’une argumentation soit nécessaire à cet égard. Simplement et comme dans le cas du Brésil, même si les BRICS ont évidemment une vocation antiSystème, ils n’en restent pas moins obligés de continuer à évoluer plus ou moins dans le cadre du Système, toujours avec “un pied en-dehors, un pied en-dedans”, ce qui les rend, comme tous les autres acteurs, sensibles évidemment au désordre qui secoue le Système.
A notre sens, d’ailleurs, cela ne doit pas empêcher la poursuite éventuelle de l’expansion des BRICS, et surtout de son organisation-sœur, l’Organisation de Coopération de Shanghai, qui devrait accueillir de nouveaux membres (l’Inde et le Pakistan, voire l’Iran) prochainement. Mais ces structures ne déterminent en rien, non plus (sinon encore moins) celles du bloc-BAO (OTAN, FMI, etc.), le sens général des relations internationales et le poids déstabilisant grandissant de l’infrastructure crisique et de son évolution tourbillonnante en “tourbillon crisique”. Là aussi, nous trouvons la confirmation qu’en 2014 à peu près, nous sommes passés dans une nouvelle période remplaçant la période 2008-2014 qui fut certainement la plus favorable à la formation de bloc anti-BAO, dans une situation située entre le déclin accéléré du bloc-BAO et la naissance du désordre global qui n’avait pas encore atteint son niveau d’efficacité opérationnelle prépondérant.
dedefensa.org
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As we approach High Noon in the savage Brazilian politico-economic western, here’s what is at stake following my previous piece on RT.
For the past five days, all hell has broken loose. It started with judge Sergio Moro, the tropical Elliott Ness at the head of the two-year-old, 24-phase Car Wash corruption investigation, crudely manipulating an – illegal – phone tapping of a Lula-Dilma Rousseff conversation, which he duly leaked to corporate media and was instantly used as “proof” that Lula may be back in power as Chief of Staff because he’s “afraid” of Elliott Ness.
As a crucial instance of the total information war currently at play in Brazil – with the hegemonic Globo media empire and the major newspapers salivating for a white coup/regime change more than ever – the shaky “proof” turbocharged the Rousseff impeachment drive to a whole new level.
The appalling politicization of the Brazilian Judiciary is now a fait accompli, with many a judge moved by opportunism and/or corporate interest/shady political agendas. That implies a “normalization” of illegal procedures such as phone tapping of defense lawyers and even the President (Edward Snowden, in a lightweight aside, commented that Rousseff is still not using cryptography in her communications).
Supreme Court ministers – at least so far – have not punished Elliott Ness for his illegal tapping of the President’s phone and for his illegal leaking of the Lula-Rousseff conversation (there’s nothing in it to implicate them in any wrongdoing, as Elliott Ness himself admitted).
The next cliffhanger was Supreme Court minister Gilmar Mendes – a notorious opposition puppet – using the illegal phone tapping to suspend Lula’s new role; that was “required” from him by two opposition parties. Lula back in government means two anathemas for the white coup/regime change crowd; political articulation – which may end up by defeating the impeachment drive against Rousseff; and fundamental help for the Rousseff administration to start at least taming the economic crisis.
It’s crucial to note that Mendes’s unilateral decision was taken only a day and a half after he had a long lunch with two opposition heavyweights, one of them Wall Street darling banker and former Soros protégé Arminio Fraga.
Mendes not only pushed the administration into a corner; he went further, handing back to Elliott Ness the competence to investigate Lula under Car Wash, and this after Moro himself had already been forced, by law, to transfer the jurisdiction to the Supreme Court, as Lula was to become a minister.
Mendes was not competent to do it – as even other Supreme Court judges stressed; he took it away from the minister-speaker of Car Wash in the Supreme Court, Teori Zavascki. So now it’s up to Zavascki to “affirm his competence” in the matter.
Essentially the phone tapping leak is crammed with serious illegalities, as a smatter of jurists has pointed out; from the tapping taking place after Moro himself determined they should be discontinued, to the leak of a Presidential communication, which could only be authorized by the Supreme Court. Which leads us to the hidden political agenda behind the leak: to expose Lula to public execration and pit him against politicians and the Judiciary.
Lula has presented a habeas corpus request to the Supreme Court, signed by some of Brazil’s top jurists, while the government is about to present its own appeal against the blocking of Lula’s nomination. The ball is with the Supreme Court – and all bets are off.
The Brazilian Supreme Court in fact has ceased to act as a Supreme Arbiter as some of its members refuse to admit all the current trappings of a police state. This is happening while a rash of prosecutors and a gaggle of investigators at the Brazilian Federal Police – the equivalent of the FBI - now can be identified as mere pawns of the ultra-politicized Car Wash investigation.
In a nutshell: “Justice” in Brazil is now totally politicized. And Car Wash’s mandate is now revealed to clearly consist in the outright criminalization of absolutely anything related to the coalition governments led by the Workers’ Party since the beginning of the first Lula term in 2003.
Car Wash is not about the cleansing of corruption in Brazilian politics; if that really was the target, top opposition politicians would be under investigation, and many behind bars already. Moreover, the appalling corruption scheme in the development of Sao Paulo’s metro lines would not have been treated only as the working of a cartel of companies, with no politicians involved; the Sao Paulo metro racket follows the same logic of the corruption scheme discovered – by the NSA - inside Petrobras.
“Rule of law” in Brazil has now been debased to Turkey’s Sultan Erdogan levels – featuring business leaders with the “wrong” political connections arrested for months without trial, which translates as blatant manipulation of public opinion, the preferred tactic of Mani Pulite fan Moro and his team.
The road map ahead is grim. The Brazilian Constitution is being torn to shreds, submitted to a white coup logic to be enforced by all means necessary. The politicization of the Judiciary runs in parallel to the mainstream media spectacularization of everything that the process touches, criminalizing politics but only selected politicians.
Brazil’s hugely concentrated economic interests are willing to support any deal that would mean an endgame to the political/judicial war, as politico-economically the country remains totally paralyzed – and polarized. Inside the – immensely corrupt – Brazilian Congress, a special commission to deliberate over Rousseff’s impeachment has been appointed, including 36 dodgy members of Parliament who are facing myriad judicial problems; Kafka or the Dadaists would not come up with anything as absurd.
So the road map ahead now depends on how this dodgy impeachment commission will progress – or not. One of the possible scenarios is Rousseff’s ouster as early as late April, even if she has not been formally accused of any wrongdoing; the usual Empire of Chaos suspects and the local comprador elites barely contain their glee as they “inform” Bloomberg or the Wall Street Journal. But then there’s the Lula factor.
Assuming Lula may be back in action in the next few days, extensive political articulation – which the opposition wants to kill by all means - will need 171 votes to smash the impeachment drive in the lower house; only then may the administration defuse the political crisis to seriously tackle the economic crisis.
In a cliffhanger-heavy, extremely fluid scenario, there would be only two possible negotiated solutions: a sort of legal ersatz Parliamentarism, with Rousseff still as President, and Lula as a de facto Prime Minister; and an all-out ersatz Parliamentarism, with Lula in charge of all the government’s political articulations.
A pact – forged during “secret” dinners in Brasilia - between the PSDB (the former social democrats turned neoliberal enforcers) and the PMDB party (the other major cog in the Workers’ Party ruling coalition) has been sealed to kill both options. The PMDB, incidentally, is notorious for – what else – corrupt politicians, not as a governing entity.
All eyes are now on the Supreme Court and the – wallowing in corruption – Brazilian Congress. Lula, in the eye of the hurricane itself, is in the most unenviable position. He will need to use all his political capital and all his decades as a master negotiator to find a (political compromise) way out.
The Brazilian street remains totally radicalized; the logic (?) of blind hate prevails while virtually all instances of juridical or political mediation, not to mention plain, civilized common sense, have been frozen. Brazilian democracy – one of the healthiest in the world – is now being strangled by the warped python logic of a police state.
Which brings us to the tawdry scenario that might as well play out before summer. A cowardly, very conservative Congress expels Roussef from power; the Vice-President, PMDB’s Temer, steps in, the country is “pacified” and the proverbial foreign investors, Wall Street, the Koch brothers in the US, hail the white coup; the Car Wash hysteria slowly – and magically – fades out because no way former opposition mandarins should be indicted or go to jail (that’s only for the Workers’ Party).
Kafka and the Dadaists to the rescue, again; this is exactly the “soft” regime change deal that has been clinched in Brasilia by a nasty combo; selected (corrupt) politicians bought and paid for by the Brazilian comprador elites; selected businessmen; a large part of a co-opted Judiciary; and corporate media (ruled by four families).
Call it white coup. Call it regime change. Call it the Brazilian color revolution. Without NATO. Without “humanitarian” imperialism. Without blood and zillions of US dollars lost, like in Iraq, Libya or Syria. So “clean”. So “lawful”. How come Empire of Chaos’s theoreticians never thought about this before?
“Humanitarian” imperialism is so old Hillary; at least the Masters of the Universe will have a new template to apply all over the developing world. Happy – regime change – days are here again.
And forget about reading any of this on Western corporate media.