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5686Le moustachu appelé par Trump comme Conseiller à la Sécurité Intérieure John Bolton dont l’essence néoconservatrice semble avoir précédé l’existence dans la première administration de Bush junior a fait preuve d’une certaine perspicacité malgré cet handicap ontologique. Devisant auprès d’un cercle d’étudiants de la Alexander Hamilton Association, l’élite future du pays, rassemblée autour de la croyance que si les Usa conduisent le monde, c’est pour le plus grand bien de tous, il avait émis un propos qu’il aurait récusé venant de la bouche d’un quelconque manant anti-étasunien primaire. C’était en janvier 2018. La dette étasunienne a atteint un niveau où elle constitue une menace pour la société ainsi que pour la sécurité intérieure. Aussi conviendra-t-il de réduire les dépenses discrétionnaires de l’Etat fédéral.
Or, concernant les dépenses du Pentagone, au lieu d’être réduites, le Congrès a voté pour leur augmentation, elles passent de 700 $milliards avoués à $716 milliards. La courbe de la Dette ne peut que continuer à grimper. En maintenant un crédit facile avec des taux d’intérêt négatifs, l’inflation excède le taux directeur de la Fed, les cours des actions d’envolent, l’emprunt s’en trouvant encouragé. La menace à peine volée de Trump à l’égard du nouveau gouverneur de la Fed, Jerome Powell, de le congédier a obligé ce dernier à déclarer que les taux ne grimperaient pas de sitôt.
La politique instituée par Ben Bernanke, à peine infléchie par Janis Yellen, de faire pleuvoir des dollars gratuits va donc être poursuivie.
Elle affaiblit le dollar américain mais elle permet de freiner quelque peu l’envolée du poids de l’intérêt de la dette fédérale. Elle s’est élevée à 523 milliards de dollars pour 2018, calculée pour septembre 2018, soit 1,5 $ milliards jours ! Le budget annuel fédéralétasunien voté pour 2018 est de 1300 $milliards. (Petit rappel 523 + 700= 1223/ 1300 !). Le déficit ne fera que s’aggraver.
Le Moustachu a raison et même plus, cette Dette constitue une réelle menace pour la sécurité du monde entier.
En plus d’avoir comme attribut des favoris abondants et redondants, le Moustachu s’est accordé le pouvoir de transsubstantier la menace monétaire et financière qui risque de plonger le monde entier dans une crise plus profonde et plus durable que celle de 2007 en quelque chose de pire. La nouvelle doctrine nucléaire étasunienne, publiée en février 2018, Nuclear Position Review, énonce que la dissuasion nucléaire ne s’adresse plus seulement aux menaces et attaques nucléaires mais aussi aux attaques non nucléaires venant de pays comme la Russie et la Chine. Le Moustachu est à n’en pas douter l’un des investigateurs. Il était temps alors pour Trump d’annoncer au détour de sa campagne électorale en octobre 2018 pour la mi-mandat une promesse rassurant sur ses capacités bellicistes. Il quittera le Traité signé entre Reagan et Gorbatchev sur la limitation des armes nucléaires de portée intermédiaire qui avait sécurisé l’Europe et d’une certaine manière avait mis fin à la Guerre dite froide.
En effet, les mesures protectionnistes ne font pas progresser la production industrielle du pays. La seule qui ne puisse encore se faire ailleurs et à moindre coût est encore celle de l’armement et comme le complexe industriel de l’armement est un bon contributeur des campagnes électorales, le compte a été vite fait. Il est vrai aussi que le traité n’engageait pas la Chine qui est vécue comme la plus importante des menaces militaires et économiques par les Usa.
Déjà en 2011, Poutine dénonçait (benoîtement) les Usa en ce qu’ils parasitent l’économie mondiale avec leur dette et font peser sa charge sur les autres nations en raison du rôle de leur monnaie. C’était avant la crise ukrainienne et le train des sanctions économiques qui s’en sont suivies contre la Russie. Depuis lors, Poutine a élaboré toute une architecture patiente d’alliances asiatiques avec l’Inde et le Pakistan, hier encore ennemis irréconciliables, récemment intégrés dans l’Organisation de coopération de Shanghai. Les échanges au fur et à mesure que se sont abattues les sanctions sur l’Iran et la Russie se font dans des monnaies nationales et un canal de transaction électronique instantannée concurrençant le Swift est en train de voir le jour.
La longue heure au cours de laquelle Poutine avait détaillé en mars 2018 les avancées technologiquesde l’armement russe, missiles supersoniques et drones nucléaires sous-marins, était une réponse adaptée à la nouvelle doctrine nucléaire américaine.
Sans avoir à accomplir d’efforts, les alliances de la Russie avec les deux pays importants de l’Union européenne commencent à s’esquisser. Le protectionnisme de Trump qui tend à restreindre les exportations de l’UE vers les Usa y aide. De même les remontrances gazouillées, irrespectueuses voire menaçantes, sur la faiblesse de la participation de ces pays au budget de l'OTAN les encouragent.
C’est dans ce cadre que s’est inscrit le projet non saugrenu d’un Macron, encore sonné de son affaire Benalla, d’une armée européenne à construire avec une Allemagne très désireuse de redevenir une puissance militaire, une vraie. Survient alors la vague de protestation jaune qui risque de le démettre. Brexit et budget non conforme de l’Italie qui ébranlent l’ossature de l’Union européenne passent maintenant au second plan. Il est question dans tous ces trois cas du poids des dettes souveraines alourdies par le renflouement des banques de 2008. Résultat des impérities des banques d’affaires européennes et hold-up caractérisé de la part des banques américaines qui ont refilé partout leurs dérivés toxiques. Le choix de faire peser sur le contribuable français encore (à peine) solvable l’insupportable fardeau d’une Dette dont il n’est ni responsable ni le bénéficiaire alors que la fiscalité a avantagé les riches parasites sociaux est devenu une amorce de la ruine de tout le projet européen, plan militaire compris.
De plus, la vague risque de devenir contagieuse et d’atteindre la Belgique et l’Allemagne.
On sait qu’une explosion de la bulle des dettes de l’UE, du Japon et des Usa aurait plusieurs fois la puissance de la déflagration d’une méga-bombe nucléaire eu égard des dégâts sociaux qu’elle induirait. Mais la prévenir et vouloir l’éviter en multipliant les missiles à têtes nucléaires comme le font les Usa en acculant les autres pays à faire de même fait partie de ces trouvailles inscrites dans le droit fil du chaos décidé par les néoconservateurs. On en ressent un froid glacé dans le dos, celui d’un long hiver à venir.
Alors à quand une remise à zéro de la Dette ? Plutôt que d’atteindre l’inévitable explosion ?
Quel gouvernement d’une nation ‘industrialisée et développée’ osera crever cette bulle et promouvoir l’effacement de ces milliards de milliards de dollars échangés plusieurs par seconde à une vitesse vertigineuse, juste pour produire de l’usure – celle qui détruit l’homme et bientôt l’humanité en tant qu’espèce ?
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