Le climat avant le sommet est dur et l’on prépare déjà le suivant

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Il faut dire que la rhétorique “dure” ne recule pas à la veille du sommet du G20, alors que les bonnes règles du milieu suggéreraient plutôt qu’on affiche désormais un visage unitaire, un peu à la façon d’Obama dans son interview du Financial Times, tel qu’il est commenté dans le FT ce 31 mars 2009. C’est ainsi qu’EU Observer, ce matin du 1er avril 2009, commence son article en observant que les dirigeants de l’UE “ont élevé l’enjeu [du G20] et durci la rhétorique”.

Démonstration,– aussitôt dit, aussitôt répété… Cela, sans garantie, tout de même, que le bon José Manuel Barroso, ci-devant président de la Commission, quitte avec pertes et fracas, et avec Sarkozy, la salle de délibération du G20 s’il n’est pas content, – effectivement comme Sarkozy a dit qu’il ferait…

«“We are there for results,” European Commission President Jose Manuel Barroso told journalists in Brussels on Tuesday. “It is a question of now or never.” “Someone said ‘a crisis is a terrible thing to waste,’ and I think it is a very good expression. This is a crisis, so we should use it to change what is wrong.”

»On the same day, French finance minister Christine Lagarde told British radio that France would walk away from the negotiations if “the deliverables are not there.” Her comments echo those of French President Nicholas Sarkozy who recently told French ministers: “If things don't move forward in London, it will be the empty chair. I will get up and leave,” reports French daily Le Figaro. French fears that the leaders from the Group of 20 industrial nations will backtrack on verbal commitments to improve global financial regulation are shared by Mr Barroso.

»“Some of those who speak very often about the need for more effective regulation, afterwards when they have to agree on a precise proposal, they are not so ambitious,” he said in reference to a recently agreed EU deal on regulation of the insurance sector. He said the package agreed by EU ministers, known as Solvency II, had been significantly watered down from the original commission proposal.

»However, Mr Barroso declined to say whether he would walk out with Mr Sarkozy if the debate turns into a talking shop while admitting that Thursday's meeting was unlikely to be the last of its kind.»

L’article est suivi de diverses considérations sur le prochain G20, qui devrait suivre rapidement. Tout cela, ce qui précède et les délibérations sur un troisième G20 de crise, peut être pris comme le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein; cela peut être considéré comme posture et gesticulations, et viles échappatoires, et aveu d’impuissance déguisé par avance, et ainsi de suite… Nous choisissons sans aucun doute la deuxième approche, celle du verre à moitié plein.

Cette dureté de ton, ce refus de sacrifier comme il faudrait à la communication habituelle (le “show of unity” demandé par Obama), à 24 heures du sommet, le fait de retrouver un Barroso dur aux côtés d’un Sarkozy énervé, tout cela est significatif. Cela ne changera rien pour le sommet de demain sans doute, mais l’avertissement est clair: on ne peut en rester, ni au sommet de demain comme il s’annonce, ni au système en l’état où il est, ni à un retour sans tambour ni trompette, ou avec tambour et trompette, à la situation d’avant.

Ces interventions n’indiquent rien pour les résultats du sommet de demain. Pour cette raison, l’argument tactique (augmenter la pression pour obtenir des avantages demain) nous semble d’assez peu de poids. Les principales orientations pour demain sont fixées et la logique, s’il y avait un état d’esprit arrangeant, serait plutôt de nous préparer d’ores et déjà à ce qu’Obama réclame (le “show of unity”). Mais si Obama le réclame, c’est qu’il est, lui, sur la défensive et qu’il cherche surtout à empêcher que rien de décisif ne soit discuté ou lancé demain parce qu’il ne dispose plus du leadership pour l’orienter dans le sens des intérêts US. (Appréciez la présentation que le FT fait de l’interview mentionnée plus haut: «Barack Obama’s first real global diplomatic moment begins with a paradox: he is the most popular US president in a generation, but you would have to go back more than two generations to find one with fewer cards to pla.»)

Nous verrions plutôt dans ces déclarations “dures” l’indication d’un climat, qui est mauvais, hargneux, etc. Demain, pendant 24 heures, il n’y paraîtra sans doute plus vraiment, – à moins que Sarko s’y mette, qui sait? Mais le rouge est mis. L’affaire n’en restera pas à Londres-avril 2009, tout comme la crise ne s'arrêtera pas pour autant. Il y aura prolongation, et encore prolongation ensuite, et les choses n’iront pas comme sur des roulettes.


Mis en ligne le 1er avril 2009 à 12H11