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24643 juin 2017 – Puisque nous sommes en pleine querelle sur la question du climat avec la décision de retrait des USA de l’accord de Paris et des suites, je m’avise comme cela arrive régulièrement qu’il est rarement question, sur ce site, du fond de la question de ce qu’on nomme “crise climatique”, entre disons “climatistes” et “climatosceptiques”. Je préfère désigner cette crise, et c’est déjà une indication, de l’expression beaucoup plus large et volontairement plus imprécise de “crise environnementale”. La différence est évidente : la “crise environnementale“ ne peut être déniée, quel que soit le responsable, et elle est directement incluse dans ce qu’il m’arrive de désigner comme “la crise du monde”, bien au-delà d’une “crise de régime”, au-delà d’une “crise de civilisation”. L’expression fait entrer l’événement dans la globalité de la Grande Crise Générale, et c’est ce qui m’importe.
(De ce point de vue, mon intérêt pour la “crise de l’environnement” est évident, sinon fondamental, ne serait-ce que par l’importance que j’attache au phénomène de l’anthropocène qui est la borne nouvellement créée pour marquer ce qui constitue pour moi l’une des trois révolutions qui ont déterminé le “déchaînement de la Matière” et celle qui a évidemment présidé à la destruction du monde, alias “crise environnementale”. [Le début de l’ère de l’anthropocène a été fixé à 1784, comme date symbolique de l’“invention” du moteur à vapeur en Angleterre, qui est un des moments de l’“opérationnalisation” de ce que je nomme, d’après le titre du livre d’Alain Gras, le Choix du Feu. Si l’on accepte cette date plutôt que 1825 comme je l’ai fait d’une façon plus littéraire et tout aussi symbolique, – lorsque Stendhal apprend avec horreur que, pour les libéraux, « les Lumières c’est l’industrie », – les trois révolutions du “déchaînement de la Matière” sont 1776, 1784 et 1789.] On trouve partout, sur ce site, des références à cette position par rapport à la question de l’anthropocène, qui est la question de l’action du Système sur l’environnement de notre monde ; le texte du 1er décembre 2013, avec des extraits de La Grâce de l’Histoire, ferait aussi bien l’affaire, me semble-t-il.)
Dans ce contexte, il me semble utile, à l’heure où quelques noms d’oiseau sont échangés au-dessus de l’Atlantique et de chaque côté du grand océan, de salon à salon et de chapelle à chapelle, à propos de cet Accord de Paris sur le climat et de la décision de retrait des USA, de ressortir une nouvelle fois un texte où j’exposais la position générale du site sur cette question polémique de l’aspect proprement climatique de la “crise environnementale”. On doit avoir à l’esprit, en lisant ce texte, qu’il se situe dans une analyse générale (du 10 août 2011) où il est question de l’inconnaissance, qui est une vertu que j’honore de mon zèle dans nombre de cas et qui a fait l’objet d’un sujet du Glossaire.dde., mais aussi des déconstructeurs Deleuze et Derrida, et d’un de leurs critiques qu’on retrouvera sans surprise puisqu’il en a été souvent question dans ce Journal, Jean-François Mattei.
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» Le climat ? Parlons du climat, puisque cela se fait et que l’on y est souvent invité.
» La question du climat est pour moi le type même de la connaissance qui enchaîne à l’objet, – un véritable débat deleuzien. Nul n’est sûr de rien, les chiffres abondent, auxquels tout le monde fait dire ce que chacun veut, des forces énormes de pression et d’intoxication liées au Système croisent et recroisent dans le débat à pleine vapeur, et pas moins chez les climatosceptiques (Mobil Exxon et les pétroliers, le groupe Murdoch, les partisans de libre-échange en mode turbo, une très forte majorité des élus républicains US si bien qu’on peut dire que les climatosceptiques ont la majorité au moins à la Chambre des Représentants du Congrès, etc.). La polémique est aussitôt de la partie et, avec elle, dans un tel cadre, la manipulation, et l’on est emporté dans ce piège qui colle comme de la glu, qui est le Système. Le tour est joué, tellement prévisible, – il ne s’agit plus du climat mais du Système, c’est-à-dire du Mal. Voilà pour la connaissance dans ce cas ; si je cédais à descendre dans l’arène, je ne suis sûr que d’une chose, pour mon compte, – je serais enchaîné au Système, broyé, concassé, parce qu’il est infiniment plus surpuissant que moi. Donc, je refuse cette “connaissance”-là de leurs débats sur le climat.
» Cela n’implique en rien ni l’indifférence ni l’ignorance, puisqu’il est question d’inconnaissance. Sur cette question du climat, le savoir me dit ceci… L’effondrement du monde, notamment avec son “eschatologisation”, avec la terrifiante dégradation de l'environnement et la perception du désordre du climat par rapport à notre organisation, avec d’autres multiples phénomènes chaotiques qui commencent par la crise de notre psychologie (le plus grave), l’effondrement du monde n’est pas l'objet d'un débat pour mon compte ; c’est un fait évident de tous les jours, une évidence colossale et écrasante que j’observe de ma position d’inconnaissance, la dévastation du monde qui a tout à voir avec le désordre de la modernité, et rien avec le classement scientifique en degrés centigrades dans un sens ou l'autre, et en pourcentage de responsabilité humaine ou autre. L’évidence, c’est-à-dire la vérité du monde, cela existe pour l’inconnaissance, c’est même ce qui lui permet de s’affirmer comme telle puisque cela fait partie de son savoir.
» Plus encore, vu de mon observatoire d’inconnaissance, j’ai deux remarques à faire. On verra qu’elles n’ont nul besoin de la “connaissance” ni de leurs débats sur la “vérité scientifique”, – laquelle est, au vu de l’histoire réelle, qui ne s’interdit pas de remonter au-delà de la Renaissance, une aventure sacrément impudente qui prend parfois des allures, elle aussi, de simulacre. (“Vérité scientifique”, – doux oxymore, quand tu nous tiens…)
» 1). Le débat se fait d’abord, dans sa rage polémique la plus extrême, autour de l’idée du “réchauffement climatique dû aux activités humaines”. Bel exemple de sophisme, que Deleuze ne démentirait pas, – et ils en sont tous coupables, de ce sophisme, des partisans du réchauffement dans ces conditions aux climatosceptiques. Car cet intitulé est faux, archi-faux, une imposture, une inversion comme seul notre Système sait en accoucher… Le Système, justement ; le seul intitulé qui vaille est bien : débat pour ou contre “le réchauffement climatique dû aux activités du Système”. La différence est apocalyptique.
» Tout le débat-polémique sur le climat est complètement subverti par cette imposture sémantique. Je suis sûr qu’elle n’a pas été voulue, parce qu’on fait chez les robots beaucoup moins dans le complot qu’on ne croit et que le sens des mots, finalement, on s’en fout ; même les “institutionnels” n’y voient que du feu, de Al Gore (pour) à Mobil Exxon (contre), – sauf qu’ils auraient une mauvaise surprise si le pot aux roses leur était révélé, et qu’on leur annonçait qu’ils débattent, horreur, pour ou contre “le réchauffement climatique du aux activités du Système”. Quant aux purs, ceux qui croient vraiment à la “vérité scientifique” et s’écharpent en son nom, ils ont toute mon affection et toute mon affliction, car ils sont prisonniers de leur “connaissance”.
» (Détail “opérationnel” : si j’ai tendance à prendre en compte, sans me battre pour elle, certes, la thèse des pro-“réchauffement climatique…”, c’est d’abord parce que c’est elle qui me rapproche le plus d’une mise en accusation du Système, – et alors qu’elle n’est tout de même pas une monstruosité insupportable par rapport à la “vérité scientifique”, référence immensément vertueuse découverte par le groupe Murdoch autour de 2006, avec la montée médiatique des climatosceptiques. On retrouve la ligne de ma pensée.)
» 2). La chose effective et concrète qui m’importe effectivement dans cette affaire, ce n’est ni le réchauffement, ni le refroidissement, ni le “tout va très bien, miss la marquise”, etc., tous ces jugements à l’emporte-pièce pour le temps présent et dépendant de chiffres, lesquels sont tordus jusqu’à ce tout le monde leur fasse dire ce que chacun veut … La seule chose qui m’importe, c’est le désordre qu’introduit cette prévision ou cette appréciation du dérèglement climatique (voilà une expression plus sérieuse, – quoiqu’il en soit du climat), désordre qui est déjà dans les psychologies. Pas besoin de “connaissance” du sujet pour constater cela, l’intuition fait l’affaire : ce désordre est psychologique et il est déjà là, bien présent, lancinant… Confirmation statistique ? (Les statistiques confirment toujours, des années plus tard, fort pompeusement et à prix élevé, l’invention du fil à couper le beurre.) Voici que 44% des citoyens US croient à la “théorie” du réchauffement climatique, contre 51% en 2009 et 71% en 2007 ; la même année que celle des 44% (2011), on nous dit que 77% croient à un redoublement des tempêtes, de l’instabilité climatique par rapport aux tendances admises, donc du désordre. Et dès qu’il y a une tempête aujourd’hui, gémissent les climatosceptiques, on l’attribue au “changement/réchauffement climatique du/indu aux activités humaines” ; eh oui, et qui t’a fait roi ? Voilà la deuxième chose très importante de la polémique du climat : le désordre psychologique est parmi nous, quand on mélange la perception du désastre et le “tout va très bien, misses la marquise”.
» Je parle, moi, du Système et pas du climat, car c’est lui, le Système, qui règne et règle tout dans les conditions que je décris par ses caractères (son hermétisme, son monopole de surpuissance), et qui constitue les données essentielles de ma réflexion. Si les climatosceptiques l’“emportaient” (hypothèse farfelue, que j’évoquais dans dde.crisis pour l’image développée, car personne n’emportera rien dans ce débat), cela ne signifierait pas que le climat est conforme à leurs calculs fiévreux mais que l’équilibre au sein du Système a penché vers eux, c’est tout, et cela sans que le Système ne change rien de sa course, et cette modification de fortune de l’équilibre interne grâce aux activités médiatiques notoirement efficaces et vertueuses du groupe Murdoch, au temps de sa splendeur et maintenant. Je ne participe pas à ces débats-là, parce que j’estime qu’une participation serait une marque d’allégeance au Système, donc une victoire du Système sur moi, – outre que ces débats m’abaisseraient considérablement parce que ce sont des débats réglés par le Système, pour poursuivre son simulacre type-Derrida, Deleuze & Cie. De là l’inconnaissance : je n’ai pas besoin de prendre connaissance de ces débats au sein du Système, et de “me situer” (de me compromettre) par rapport à eux, qui n’ont aucune réalité ontologique (Derrida, Deleuze & Cie, entrepreneurs en destruction d’ontologie par définition). Je ne veux pas m’exposer sans défense, dans mon humaine faiblesse dont je ne peux être tout à fait assuré, au piège de la séduction de la fascination du Mal, car c’est bien cela que représente le Système. (Pour écouter les sirènes, rappelle Mattei, Ulysse avait bien pris soin de se faire lier au mat.) J’ai mes priorités, dont l’essentielle est de résister. Je réserve mon attention à d’autres choses plus importantes, qui dépendent du savoir et de l’intuition haute que privilégie l’inconnaissance, où l’on peut fermement s’appuyer ; et enfin c’est être en dehors, alors que c’est désormais et nécessairement en dehors du Système qui tient le monde dans ses griffes que se trouve la vérité.
» Je veux refuser absolument l’idée d’une substance du Système, lui dénier absolument la moindre essence et le moindre sens, lui opposer, du dehors, hors de portée de sa subversion, une fermeté intraitable, qui le fasse hurler de rage, – et puis, le renvoyer au grand magasin des simulacres, avec ses proches, Derrida, Deleuze & Cie. Cela ne m’empêche pas, inconnaissance et savoir aidant justement, de ne pas ignorer à qui j’ai affaire, et comment... (On peut se reporter à dedefensa.org au jour le jour, ci-dessous.) L’important est d’opposer une frontière à l’imposture. »
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