Le complot de la vertu

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Le complot de la vertu

• Un article de l’hebdomadaire Time s’impose comme sensationnel, même s’il ne fait pas sensation dans une époque où l’on a appris à faire silence sur les situations qui peuvent susciter des questions embarrassantes. • Sous le titre « L’histoire de la campagne clandestine qui sauva l’élection de 2020 », l’article décrit dans le plus menu détail ce qui est qualifié sans aucune hésitation comme  « une conspiration qui se déroulait dans les coulisses [de l’élection] ». • C’est-à-dire qu’il est ainsi confirmé, d’une source absolument ‘honorable’ dans la presseSystème et le système de l’américanisme, qu’il y a bien eu un complot contre Trump dont l’enjeu était le kidnapping de l’élection, et qui fut une opération tout à fait réussie. • Nous sommes absolument assurés, par expérience et connaissance des caractères qui prédominent dans notre époque, que l’article ne changera rien, absolument rien, dans notre jugement sur les USA et sur les présidentielles USA2020. • Peu importe, tout cela fait partie de l’immense simulacre en cours, dont l’issue ne peut être que catastrophique pour les opérateurs.

9 février 2021 – Ce n’est pas un événement sensationnel, ce n’est pas un événement crisique de plus, ce n’est pas un complot maléfique (même si les moyens y laissent penser), c’est tout simplement une promenade tranquille et assurée dans un univers parallèle. S’ils ne sont pas fous, alors nous le sommes, – “Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous”... Par ailleurs, un dément avec un entonnoir sur la tête peut fort bien faire “une promenade tranquille et assurée” dans les superbes allées d’un jardin paisible qui aurait la forme aisément reconnaissable d’“un univers parallèle”, tout autour d’un hôpital psychiatrique déguisé en maison de repos si richement aménagée et grandiose qu’on dirait d’elle qu’elle a la fort belle allure du château de la Belle au Bois Dormant.

Et puis il y a, pour nous indiquer le chemin, le fameux ‘Lapin blanc’, qui croise le chemin de la petite fille, « portant un gilet bleu et une montre à gousset, et en répétant “en retard, toujours en retard”. Alice le poursuit jusqu’à tomber dans un terrier qui l'emmène au pays des Merveilles. »

... Et puis non, enfin ! Il s’agit tout simplement d’un article de Time Magazine daté du 4 février 2021, de Molly Ball : « The Secret History of the Shadow Campaign That Saved the 2020 Election » ; autrement diut : « L’histoire de la campagne clandestine qui sauva l’élection de 2020 ».

C’est donc l’histoire, détaillée d’une façon très convaincante, depuis ses perspectives les plus lointaines, de la “conspiration” qui permit à l’élection présidentielle de 2020 de donner le résultat qu’elle a donné. Le mot “conspiration” est effectivement employé, sans la moindre hésitation ni retenue, et encore moins, sans le moindre remord ni soucis des parentés avec les affreuses choses telles que ‘complotisme’ et le reste... Ceux qui l’ont montée, produite, opérationnalisée et menée à bien n’éprouvent strictement aucun besoin de s’en cacher. Ils n’ont rien de ‘complotiste’ (celui qui voit des complots partout, comme un obsédé compulsif) puisqu’ils sont les maîtres d’œuvre de ceci : « There was a conspiracy unfolding behind the scenes… »

Nous allons simplement communiquer ici l’introduction générale, mais pourtant déraillée, de l’article de Molly Ball. Les détails, c’est plutôt de l’intendance, d’ailleurs fort bien faite, – mais comme l’on sait et l’on dit, “l’intendance suivra”. Voici donc la description de plus beau ‘Coup’ (dans le sens de ‘coup d’État’) jamais réalisé, une ‘révolution de couleur’ de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel LGTBQ.

« Une chose étrange s’est produite juste après l’élection du 3 novembre : rien.
» La nation était prête pour le chaos. Des groupes libéraux [progressistes] avaient juré de descendre dans la rue, planifiant des centaines de manifestations dans tout le pays. Les milices de droite se préparaient à la bataille. Dans un sondage effectué avant le jour des élections, 75% des Américains avaient exprimé leur inquiétude face à la violence.
» Au lieu de cela, un calme sinistre s’est installé. Le président Trump ayant refusé de concéder [sa défaite], la réponse n’a pas été une action de masse, mais quelques stridulations. Le 7 novembre, lorsque les médias ont annoncé la victoire de Joe Biden, la jubilation a éclaté. Les gens ont envahi les villes américaines pour célébrer le processus démocratique qui avait abouti à l’éviction de Trump.
» Une deuxième chose étrange s’est produite au milieu des tentatives de Trump pour inverser le résultat : le Corporate Power américain s’est retouyrné contre lui. Des centaines de grands chefs d’entreprise, dont beaucoup avaient soutenu la candidature de Trump et appuyé ses politiques, l’ont appelé à concéder. Pour le président, quelque chose n’allait pas. “Tout cela était très, très étrange”, confia M. Trump [à son équipe] le 2 décembre, “quelques jours après l’élection, nous avons assisté à un effort orchestré pour acclamer le vainqueur, alors même que de nombreux États clés étaient encore en pleine comptabilité des résultats.”.
» D’une certaine manière, Trump avait raison.
» Il y avait une conspiration qui se déroulait dans les coulisses, une conspiration qui a à la fois réduit les protestations et coordonné la résistance des PDG. Ces deux surprises étaient le résultat d’une alliance informelle entre les activistes gauchistes et les titans du Corporate Power. Le pacte a été officialisé dans une déclaration conjointe laconique et peu remarquée de la Chambre de commerce américaine et de la centrale des syndicats AFL-CIO, publiée le jour des élections. Les deux parties en sont venues à le considérer comme une sorte de marché implicite, – inspiré par les protestations massives, parfois destructrices, de l’été en matière de justice raciale, – dans lequel les forces du travail se sont unies aux forces du capital pour maintenir la paix et s’opposer à l’attaque de Trump contre la démocratie.
» Le marché entre le Corporate Power et les syndicats n’était qu’un élément d’une vaste campagne multipartite visant à protéger l’élection, – un extraordinaire effort [clandestin] destiné non pas à gagner le vote mais à s’assurer qu’il soit libre et équitable, crédible et non corrompu. Pendant plus d’un an [avant l’élection], une coalition peu structurée d’acteurs divers s’était efforcée de consolider les institutions américaines alors qu’elles subissaient les attaques simultanées d’une pandémie impitoyable et d’un président à tendance autocratique. Bien qu’une grande partie de cette activité se soit déroulée à gauche, elle était distincte de la campagne Biden et a dépassé les lignes idéologiques, avec des contributions cruciales d’acteurs non partisans et conservateurs. Le scénario que les militants de l’ombre voulaient désespérément arrêter n’était pas une victoire de Trump. Il s’agissait d'une élection si calamiteuse qu’aucun résultat n’aurait pu être dégagé, conduisant à un échec de l'acte central d’auto-gouvernance démocratique qui est la marque de fabrique de l’Amérique depuis sa fondation.
» Leur travail a touché tous les aspects de l’élection. Ils ont amené les États à modifier les systèmes et les lois électorales et ont contribué à obtenir des centaines de millions de dollars de financement public et privé. Ils ont repoussé des procès pour suppression d’électeurs [contestés], recruté des armées de travailleurs électoraux et obtenu que des millions de personnes votent par correspondance pour la première fois. Ils ont réussi à enrôler [Big Tech] dans leur croisade en adoptant une ligne plus dure contre la désinformation et en utilisant des tactiques basées sur les données de leurs utilisateurs pour lutter les campagnes de rumeurs. Ils ont mené des campagnes nationales de sensibilisation du public qui ont aidé les Américains à comprendre comment le décompte des votes se déroulerait sur plusieurs jours ou semaines, empêchant ainsi les théories de conspiration de Trump et les fausses déclarations de victoire de prendre de l’ampleur. Après le jour de l’élection, ils ont surveillé chaque point de pression pour s'assurer que Trump ne puisse pas renverser le résultat. “L’histoire inconnue de l’élection est celle des milliers de personnes des deux partis qui ont permis le triomphe de la démocratie américaine dans son fondement” a déclaré Norm Eisen, un éminent avocat et ancien fonctionnaire de l’administration Obama qui a recruté des républicains et des démocrates au conseil d'administration du Voter Protection Program. »

Devant cette avalanche d’affirmations jusqu’ici considérée comme étant de type complotiste, et donc indicible, on reste soit interloqué, soit incertain. Tous les ‘complotistes’, les trumpistes et conservateurs considérés comme tels lorsqu’ils dénonçaient les manipulations de l’élection USA2020,  restent sans voix que l’on puisse ainsi dérouler cette avalanche, – et encore en avons-nous interrompu le cours dans notre traduction-adaptation,– sans la moindre hésitation, sans la moindre interrogation, comme si cela allait de soi. « Wow ! » titre le TheGatewayPundit.com ; « Ils n’ont pas truqué l’élection, ils l’ont fortifiée, estime Time Magazine », selon Epoch Times.

(D’ailleurs, cet article a paru sans vraiment soulever de poussières d’une protestation intelligible du côté de la presseSystème, qui l’a apprécié comme l’on suce une très bonne pastille pour la toux, – et contre la Covid, d’ailleurs. Bref, l’article, le récit et la conspiration allaient d’eux-mêmes.)

Alors, s’interrogent les ‘complotistes’ (les proTrump), à quoi cela correspond-il de nous désigner comme ‘complotistes’ ? Et plus encore, une fois remis de leurs émotion : pourquoi Time, qui fait partie de la presseSystème, donc du Système, a-t-il fait cela, justement avec l’approbation de facto du Système ? Voyons ce que nous en dit Jeff Charles, un Africain-Américain proTrump, animateur du ‘Red + Black Show’, dans sa chronique du site RedStates.com du 6 février 2021

 « Selon l’article, plusieurs acteurs et organisations différents étaient impliqués dans la conspiration. Des agents politiques progressistes, des activistes des médias se faisant passer pour des journalistes objectifs, des politiciens démocrates, de grandes entreprises, des brigades de censure de Big Tech et bien d’autres encore ont travaillé ensemble pour assurer la victoire de Biden. Après des années à se moquer des conservateurs et des républicains pour avoir souligné le rôle que ces diverses institutions jouent continuellement dans la promotion de l’agenda de gauche, le TIME Magazine a décidé de faire enfin la lumière sur cette affaire.
» Comme je l’ai dit dans la plus récente émission du “Red + Black Show”, l’article n’a rien révélé que les conservateurs ne savaient déjà. Après tout, nous avons vu tout cela se dérouler sous nos yeux, n'est-ce pas ? Mais l’article a fourni plus de contexte, de perspective et de détails, et il prive maintenant l’extrême gauche de tout semblant de déni plausible.
» Mais la question à laquelle personne ne répond, c’est “pourquoi” ? Pour quelle raison TIME a-t-il décxidé de jeter le masque pour montrer  que le coup de baguette du Magicien d’Oz progressiste ne fut rien d’autre qu’une fraude de masse ? La publication n’est pas vraiment connue pour son honnêteté sur ces questions. Quel bénéfice pourraient-ils tirer d’une telle décision ?
» Nous supposons peut-être à tort qu’ils croient qu’ils en tireraient profit alors que la véritable réponse est sous nos yeux. S’il est impossible de lire dans les esprits, il est possible de lire dans les actes, et le raisonnement de la décision du magazine TIME de dévoiler la conspiration est plus simple que ce que la plupart des gens pensent.
» Tout cela revient à dire que l’extrême gauche est devenue trop arrogante pour son propre intérêt. Nous avons déjà vu leur excès de confiance se manifester dans leur volonté d'obtenir une seconde mise en accusation [de Trump] qui se soldera certainement par un échec total. Dans leur arrogance, ils ne voient pas comment le fait d'essayer, – et d’échouer, – de destituer un président qui est déjà hors fonction les fait apparaître aux yeux d’un public qui veut simplement aller de l’avant à partir de 2020.
» Les démocrates de la Chambre des représentants viennent de voter pour dépouiller une députée du GOP [Marjorie Taylor-Green] de sa position au sein des commissions alors que traditionnellement, c’est aux républicains qu’il revient d’effectuer ce type d’action. Leur orgueil les rend aveugles à l’éventualité que cela puisse, – et reviendra, – les hanter une fois que les républicains auront repris le contrôle de la Chambre.
» Maintenant qu'ils contrôlent la Maison Blanche et les deux chambres du Congrès, les démocrates et leurs proches amis et alliés dans les médias militants semblent croire qu’ils sont désormais intouchables. Par conséquent, il n’importe plus que nous, les plébéiens, connaissions enfin la vérité sur leurs machinations pas si secrètes. C'est un peu comme si un super-vilain faisait un monologue vantard une fois qu’il croit avoir vaincu son ennemi. Pour faire simple, ils disent : “Oui, nous avons mis en place une conspiration de masse pour virer votre homme du bureau ovale, et alors ? Qu’allez-vous faire contre ça ?” »

Enfin, en parallèle à ces considérations sur lesquelles nous revenons plus loin, on doit rappeler un caractère essentiel de notre époque, dont nous parlons souvent et qui pourrait s’opérationnaliser dans le gouvernement de l’administration Biden sauveur de la démocratie aux USA, avec un ‘tsar de la Réalité’, façon-Orwell et son ministère de la Vérité. Il ne s’agit pas ici d’une chicanerie sarcastique ou d’une mésinterprétation d’un jaloux, mais d’une proposition du solennel et imposant simulacre de référence, le New York Times...

On rappelle ici la considération qu’en fait Alastair Crooke, avec une nouvelle définition de cette démarche correspondant aux agitations présentes de notre civilisation, et à la démence qui caractérise son comportement, qu’on retrouve dans ce cas toujours aussi vigoureuse. Cela figure dans son plus récent article (de Crooke), et nous croyons volontiers que la démarche de Time Magazine s’apparente à cela :

« Étant incapables de traiter directement les preuves de défaillances systématiques et de ‘truquage’ économique (sujet bien trop sensible), les dirigeants occidentaux s’efforcent plutôt de modifier la perception de la réalité.  Lorsque vous essayez d’étendre une économie imaginaire en imprimant de plus en plus de dettes, malgré l’échec historique de la méthode, il n’est pas étonnant que vous deviez faire taire les dissidents.
» Ceux qui n’adhèrent pas à la propagande que les grandes entreprises technologiques [Big Tech] et les médias [de la presseSystème] diffusent sans relâche doivent être mis hors d’état de nuire (‘déplateformé’) et repoussés en marge de la société.  Dans un écho-miroir  frappant de cette époque italienne de tensions psychiques du XVème siècle, le New York Times demande maintenant que l’administration Biden nomme un “Tsar de la Réalité” qui sera habilité à s’occuper de la “désinformation” et de “l'extrémisme” (fantômes de l’Inquisition) ? »

Êtes-vous “autogouvernant démocratique” ?

On nous permettra de revenir sur quelques aspects remarquables de l’extrait introductif de l’article de Time, déroulées dans un ordre différent pour tenter de donner un sens à cette démarche extraordinaire du magazine. (Comme l’écrit Jeff Charles : « Mais la question à laquelle personne ne répond, c’est “pourquoi” ? Pour quelle raison le TIME déciderait-il de jeter le masque... ? »)

• Que s’est-il passé ? Il fallait garantir la paix contre le désordre autocratique de Trump, inspirés en cela (les ‘faiseurs de paix’) par l’exemple pacifique des protestations “massives, parfois destructrices”, de l’été, – d’ailleurs organisées et soutenues par les mêmes ‘faiseurs de paix’ se justifiant ainsi de l’argument du désordre qu’eux-mêmes organisaient pour établir la paix... Ouf, le labyrinthe de l’argument est bien aussi remarquable que l’article lui-même, et l’adage en est transformé : “Si tu veux la paix, fais la guerre toi-même et arrête-la pour rétablir la paix”..
« Les deux parties en sont venues à le considérer comme une sorte de marché implicite, – inspiré par les protestations massives, parfois destructrices, de l’été en matière de justice raciale, – dans lequel les forces du travail se sont unies aux forces du capital pour maintenir la paix et s’opposer à l’attaque de Trump contre la démocratie. »

• Les institutions de la démocratie américaine étaient mises en périls, et il importait dès lors de les consolider. Quoi qu’il en soit, il importe de bien apprécier qu’il n’y avait là-dedans aucun aspect partisan (anti-Trump), malgré ce qu’on dit par ailleurs, mais le simple constat d’une attaque, laquelle venait non pas d’un, nommé Trump mais d’“un président à tendance autocratique”, et encore, comme l’on dit, “mais pas que...” :
il s’agissait d’« un extraordinaire effort [clandestin] destiné non pas à gagner le vote mais à s’assurer qu’il soit libre et équitable, crédible et non corrompu », il s’agissait de « consolider les institutions américaines alors qu’elles subissaient les attaques simultanées d’une pandémie impitoyable et d’un président à tendance autocratique ».
Ne pourrait-on aller jusqu’à argumenter que c’est à cause de la Covid, dont il a été effectivement infecté, que Trump avait sa tendance autocratique, et donc que lutter contre Trump c’était lutter contre la Covid ?

• Si l’on avait laissé faire, les institutions auraient été effectivement en péril mortel à cause de cette “élection calamiteuse” : « Le scénario que les militants de l’ombre voulaient désespérément arrêter n’était pas une victoire de Trump. Il s’agissait d’une élection si calamiteuse qu’aucun résultat n’aurait pu être dégagé, conduisant à un échec de l’acte central d’autogouvernance démocratique qui est la marque de fabrique de l’Amérique depuis sa fondation. »
...Il s’agit surtout d’une remarque énigmatique, ne nous disant pas en quoi cette élection “calamiteuse” n’aurait pu dégager “aucun résultat”. Est-ce à dire qu’une victoire de Trump, qui est l’autre terme de l’alternative comme dans toute élection, n’eût pas été un résultat ? Ou bien est-ce que les adversaires de Trump eussent effectivement considéré sa victoire comme inacceptable, donc comme un non-résultat, ou bien, comme un non-résultat parce qu’inacceptable ?

• Mais la réponse est sous nos yeux, renforcée par une autre remarque un peu plus loin : d’abord écarter la menace contre l’« l’acte central d’autogouvernance démocratique qui est la marque de fabrique de l’Amérique depuis sa fondation » ; ensuite, on a la remarque de Eisen, homme d’Obama, saluant ces « milliers de personnes des deux partis qui ont permis le triomphe de la démocratie américaine dans son fondement ».
Est-ce à nouveau énigmatique ? Il n’y a pas de vainqueur, en vérité, Biden pas plus que Trump : c’est l’“acte central d’autogouvernance démocratique”, ou encore “la démocratie américaine dans son fondement”, – voilà le vrai et seul vainqueur. La messe est dite.

A partir de ces remarques qui ne craignent en aucune façon, ni le paradoxe contradictoire, ni l’inversion, ni la contrefaçon, nous en venons à proposer une autre explication à la publication de cet extraordinaire article. Certes, on acceptera qu’il y a chez les gauchistes, wokenistes, etc., une réelle arrogance qui vient de la certitude d’être juste et de représenter la ‘réalité réelle’ dont nous parle Crooke. De même dit-on aujourd’hui que le wokenisme est d’une telle puissance dans sa certitude de soi et d’une telle sottise dans la conscience de soi qu’il ne craint plus d’appliquer une censure systématique, sans se percevoir comme un censeur, ou sans percevoir cette censure-là comme indigne, anti-démocratique, liberticide, etc. La démence qui les caractérise leur offre à cet égard un cocon protecteur et une cuirasse impénétrable contre lesquels viennent s’abîmer les stupides vérité-de-situation.

Les arguments sont nombreux à cet égard, disons dans la dialectique de cette position telle qu’elle est évoquée dans l’article. Mais il y a au départ une conviction réelle, qui est vécue comme une vertu : les antiTrump ne sont plus en l’occurrence caractérisée par leur haine contre Trump, qui semble comme évaporée, devenue presque comme inexistante ; ils sont les messagers de quelque chose de supérieur, qui les assure évidemment de la justice et de la vérité, et qui semble être opérationnalisé par une sorte de machinerie évidemment produite par le système de l’américanisme, et le Système lui-même : l’ « auto-gouvernance démocratique », ou « la démocratie américaine dans son fondement », – qui semble pouvoir se passer de l’être-président (sans doute est-ce la raison de l’élection de Biden, comme de son choix comme candidat).

Ainsi serions-nous conduits à penser que l’arrogance et l’orgueil dont parle Charles, – ou l’hybris si l’on veut, qui nous semble préférable, – n’est pas un trait de leur psychologie collective, mais un produit de leur conviction. C’est cette conviction qui produit l’hybris plus qu’elle n’est produite par l’hybris, et il n’y a plus rien en eux de partisan ni de parti-pris. Ils sont l’exceptionnalisme de l’américanisme, comme l’on est d’essence divine, et par conséquent essentiellement divins, cela autorisant d’ailleurs le port de l’entonnoir sans aucune restriction. Il est ainsi assuré, selon notre perception et notre conviction :

• qu’ils ne céderont sur rien ni en rien, assurés d’être les acteurs d’une ontologie qui les renvoie, selon notre rangement, au Système lui-même : ils sont acteurs du Système, ils sont en l’occurrence le Système lui-même, et s’ils sont évidemment déments jusqu’à refaire la réalité c’est encore mieux ;
• puisqu’assurés d’être le Système, assurés d’être à la fois justice et progrès sociaux, et sans aucun vice ni corruption même s’ils sont absolument vice et corruption ; et donc exempts des nécessités humaines et des compromis d’une vie politique qui n’existe que par eux et pour eux ;
• enfin, ennemis mortels des ‘autres’, appelez-les ‘trumpistes’, ‘populistes’, ‘Deplorables’, comme il vous plaira, avec lesquels aucun arrangement n’est concevable ni même souhaitable...

Tous ces constats sont faits sans souci des variations politiques et politiciennes, de corruption, de trahison, de haine, etc., qui continueront à caractériser le comportement courant de tous ces gens, entre eux et avec les ‘autres’, à Washington D.C. ou à ‘D.C.-la-folle’. Ce qui nous importe ici, c’est le constat que le simulacre qui embrase leur psychologie conformément à leur démence, et les conduit à élaborer une autre ‘réalité’ à partir des contraintes qu’ils appliquent à leur perception, a désormais pris la première place dans la détermination de leur position. On n’échappe pas à un tel emprisonnement, à moins d’une catastrophe dans le sens du grec ancien (“bouleversement” et “fin, dénouement”), qui peut être aussi apocalyptique. Quoi qu’il en soit, nous sommes désormais, aux USA, dans un domaine politique qui échappe complètement aux lois humaines du genre.