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497• Hier devait être une journée importante où l’on discuterait, – sans les Russes, bien sûr, – du “plan Kellogg” pour l’Ukraine. • Il s’agissait de rallier l’Ukraine, au moins au principe de la discussion, et pour le clan neocon-light de l’administration Trump, de stopper le processus de rapprochement avec la Russie. • Zelenski, qui ne participait pas à la discussion, l’a sabotée à l’avance en rejetant catégoriquement des points essentiels du plan. • Du coup, pas de réunion, tout le monde rentre chez soi et Zelenski est de plus en plus détesté par Trump.
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La journée de mercredi fut donc épique. On s’y attache parce qu’on y trouve tous les éléments permettant de faire immédiatement un tableau métapolitique de la situation. Comme on le voit, les personnages ont tenu des rôles incohérents, stupéfaits, grotesque et grossiers, tandis que les événements s’imposaient inéluctablement comme ils le font depuis des mois. C’est bien un “stratagème” Yang-Yi, telle que nous tentons de la présenter dans un autre texte d’aujourd’hui. Les événements priment tous, ils sont très rapides, les acteurs ne servent que de messagers de ces forces puissantes, ou des faire-valoir, sinon de simples spectateurs.
Donc, à Londrès, mercredi, se tenait une réunion décidée par les Britanniques pour discuter du “plan de paix” type-Kellogg présenté par les USA. Participaient à cette réunion, à un très haut niveau, les Anglais, les Français, les Ukrainiens et les Étatsuniens. Comme à Djeddah, les USA avaient pris soin d’écarter Zelenski, subodorant que sa seule présence dans la salle constituerait une bombe à retardement promise à pulvériser la rencontre. Mais Zelenski les prit tous de court, dans un contrepied dont il a le secret. Commentaire de Mercouris :
« ... A bien des égards, en fait, à presque tous les égards, c'est probablement la meilleure résolution de la guerre qu'ils [les Ukrainiens] pouvaient raisonnablement espérer obtenir à ce stade [...] Eh bien, hier, avant même que les pourparlers ne commencent, le président ukrainien Zelenski lui-même a rejeté catégoriquement le plan Kellogg et l'a fait dans les termes les plus extrêmes et je dois dire que j'ai jugé que c'était même les plus insultants possibles. »
Dans ces conditions, la réunion devenait inutile, futile et vaine, sinon une perte de temps lié à un acte malhonnête et vicieux du président ukrainien. Il s’ensuivit ce qui devait s’ensuivre : récriminations, consultations, annulations, jusqu’au Financial Times publiant un article Fake de bout en bout pour tenter d’impliquer la Russie et le retirant très rapidement pour n’avoir pas trop l’air de ce qu’il est. Un extrait de presse résume le déroulement des événements qui conduisit, – surprise, surprise, – les organisateurs de la conférence à se retirer de la conférence.
« L'échec des négociations dans la capitale britannique s'est produit dans un contexte de colère de Washington face au refus de Kiev d'accepter les propositions de cession de territoires à la Russie. Les autorités américaines ont également désapprouvé le fait que Zelenski préfère discuter d'un cessez-le-feu complet d'abord, et tout le reste, selon elles, plus tard.
» Selon le New York Times, Rubio et Witkoff ne se sont pas rendus à Londres en raison du refus de Zelensky de reconnaître la Crimée comme faisant partie de la Russie. Rappelons que cette condition est l'une des conditions clés du plan du président américain Donald Trump pour mettre fin au conflit.
» La situation a pris une tournure encore plus scandaleuse après que l'hôte, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy, a annoncé sa non-participation à la réunion. L'initiateur a « baissé les bras » et a fait marche arrière. « Après que Rubio a appelé l'organisateur de la réunion de Lammy pour l'informer de l'annulation de la visite, ce dernier a rapidement renoncé à sa participation », a rapporté Sky News. »
Tout a donc tenu une fois de plus au comportement de Zelenski. Ses amis franco-anglais n’espéraient pas que le plan Kellogg, – qu’ils désapprouvent d’ailleurs car malgré les avantages qu’il donne aux Ukrainiens, il prévoit la reconnaissance de l’annexion de la Crimée par la Russie, – serait adopté, mais qu’il serait rejeté à cause de la position des Russes qui n’ont jamais caché leur hostilité à ce plan. Mais non ! C’est Zelenski qui est le principal responsable du capotage.
« ...Malgré le fait que le plan Kellogg est franchement très bénéfique ou du moins fonctionne fortement dans l'intérêt de l'Ukraine à l'heure actuelle, Zelenski a systématiquement refusé de revenir sur l'une quelconque des diverses demandes qu'il a formulées tout au long de la guerre depuis l'échec des négociations d'Istanbul en avril 2022. Il continue d'être attaché à son soi-disant plan de paix, c'est-à-dire un plan pour le retrait complet de toutes les forces russes, de tous les territoires ukrainiens... » (Mercouris encore)
Cette intransigeance incroyable, surtout dans le contexte de l’avancée irrésistible des forces russes, est un caractère tout fait remarquable de Zelenski. Il prive ses amis et alliés européens d’arguments qui pourraient leur permettre de “récupérer” Washington et de regagner une partie de son soutien. Au contraire, il renforce Trump et son administration dans leur hostilité à Zelenski et dans leur volonté de se rapprocher de la Russie, en dépit de l’Ukraine. Hier, le général Kellogg et son plan paraissaient bien seuls au milieu de sa conférence désertée.
Qu’est-ce qui pousse Zelenski à une telle attitude, qui répond certes à une stratégie que l’on comprend même si on peut la trouver déraisonnable, mais qui développe une tactique absolument catastrophique en interdisant tout progrès vers des alliés qui sont de plus en plus gênés ou réticents à son égard ? C’est une question intéressante parce qu’elle n’est pas dénuée de sens métapolitique justement.
• Une question de caractère, accentué sinon hystérisée par la prise de substance propice à l’exaltation et à la mission déformée du monde en même temps qu’elles instituent une totale dépendance. Cette interprétation se calque sur un destin, à partir d’une position de médiocre vedette médiatique, qui encourage ces excès. On retiendra cette idée comme formant un terrain fécond sur lequel se développent les autres hypothèses.
• Les événements depuis février 2022, notamment le comportement également hystériques des Européens-UE et des USA-Biden, le culte et l’idolâtrie qui ont enveloppé Zelenski dans la presseSystème et les élites-Système ont influé son jugement du caractère qu’on a vu, d’une aura d’irréfragabilité et d’irréfutabilité qui le placent dans son esprit hors de toute atteinte, de toute critique, et en position de ne rien voir lui être refusé.
• Dans le même registre mais à l’autre extrême, son caractère radical a réuni autour de lui un cercle de personnalités de cette sorte, y compris sinon surtout les ultra-nationalistes bandéristes et les ukronazis type-Azov, qui sont puissants et n’hésitent pas devant la violence la plus brutale. Bien entendu, ils exigent de lui une politique hyper-extrémiste. Les conditions générales étant ce qu’elles sont, Zelenski n’a aucune marge de manœuvre, d’autant qu’il ne peut attendre aucune aide extérieure, y compris des Américains trumpistes qui ne cessent de s’éloigner de lui.
• On fera enfin la remarque qu’entre mille, Zelenski est le meilleur choix possible du point de vue d’une métapolitique qui a en charge une évolution radicale des événements vers des changements radicaux et l’effondrement de la modernité qui actera dans notre histoire-conformiste, si elle survit et intéresse encore les citoyens des temps nouveaux, le terme du quatrième élément Kali Yuga de notre cycle métahistorique. La rapidité stupéfiante des événements exige des acteurs humains malléables, arrogants, vaniteux et stupides, et qui ne craignent pas tous les radicalismes possibles pour tenter de se hausser à la mesure de l’ouragan qui les emporte.
Mis en ligne le 24 avril 2025 à 17H10