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303629 octobre 2016 – Il est vrai que, selon un de nos correspondants, “pour une fois, BBC.News a fait un rapport sur une intervention de Trump sans chercher à trop le ridiculiser comme c’est la coutume dans la presse-Système, mais en exposant d’une façon assez équitable son intervention et le problème qu’il soulève, et en développant l’argument que son analyse est indirectement mais catégoriquement soutenue par des déclarations antérieures du président du Comité des Chefs d’état-major (JCS) US, le général Dunford”. C’était il y a trois jours sur BBC.News et cela concernait l’accusation lancée par Trump que la politique que Clinton veut suivre en Syrie risque très fortement de susciter un affrontement, des USA avec la Russie, c’est-à-dire les conditions immédiates d’un enchaînement dont le terme pourrait être, ou serait d’une façon quasi-inéluctable la guerre stratégique nucléaire.
« Le candidat républicain à la présidence Donald Trump a déclaré que les plans de politique étrangère en Syrie de sa rivale Hillary Clinton pourrait déclencher la Troisième Guerre mondiale. Il a dit également que les USA devrait se concentrer sur l’objectif de vaincre le soi-disant État Islamique (EI) plutôt qu’éliminer le président syrien.
» Mme Clinton a proposé une “No-Fly-Zone” en Syrie. Le chef militaire US de plus haut rang a dit que cela pourrait conduire à un conflit avec les avions de combat russes dans la région. »
Il semble bien que ce thème soit l’un des choix de l’équipe Trump pour sa fin de campagne, comme le montre la plus récente annonce télévisée de la campagne (publicité politique télévisée) qui vient d’être réalisée. Infowars.com la présente le 27 octobre:
« Dans ce qui s’avère être la plus choquante “annonce de la campagne”, on peut voir le dangereux potentiel d’une présidence Hillary Clinton. Alors que Donald Trump essaie de réduire les tensions entre les puissances nucléaires mondiales, Clinton met l’accent sur sa terrifiante rhétorique qui pourrait incontestablement détruire la stabilité mondiale et se terminer en guerre nucléaire. »
Cette annonce reprend directement le thème d’une des plus célèbres “annonce télévisée de campagne”, au tout début de l’utilisation de la télévision dans le cirque électoral des élections US : la “publicité télévisée” dite Daisy Ad qui fut utilisée à partir du 7 septembre 1964 par l’équipe Johnson contre le candidat républicain Barry Goldwater : on y voyait une petite fille dans un champ en train d’“effeuiller la marguerite”, puis brusquement interrompue par le décompte final d’une attaque nucléaire, puis avec la vision de la détonation d’une arme nucléaire. (La scène de départ de l’annonce télévisée de Trump est exactement du même esprit : une jeune fille, vue de dos, contemplant une ville en train d’être pulvérisée dans les flammes d’une explosion nucléaire.)
Ces dernières semaines, ces derniers jours sont en effet marquées au niveau de la communication, mais aussi au niveau d’événements extrêmement concrets, par diverses nouvelles allant dans le sens d’une dramatisation extrême des perspectives de conflit avec la Russie. Même si ces nouvelles sont en général sans rapport direct établi avec la campagne USA-2016 et l’élection possible (“certaine” selon la position-Système classique) d’Hilary Clinton, il ne fait aucun doute que cette possibilité/certitude pèse de tout son poids sur ce courant de communication, avec la tension grandissante qui va avec à cause des positions guerrières et antirusses de la candidate.
• A la réunion des ministres de la défense des pays de l’OTAN de mercredi et jeudi, les ministres ont entendu les autorités militaires de l’Alliance leur dirent leur analyse de la situation russe. Pour ces autorités, la Russie “se prépare activement à la guerre”, parlant en cela de la grande guerre conventionnelle de haut niveau, avec les prolongements possibles que l’on imagine (le nucléaire). Il s’agit d’un constat qui vaut pour le temps présent, et dont on imagine l’effet qu’il a sur la psychologie collective surchauffée et immergée totalement dans la narrative régnante de l’“agression russe”, sans tentative ni volonté des esprits de l’en faire sortir parce qu’enfermé totalement à cet égard. (Il est évident par ailleurs que la responsabilité totale de cette situation se trouve du côté de l’Alliance, du bloc-BAO, de son déterminisme-narrativiste, de son emprisonnement à double tour dans une vision fantasmagorique du monde. Un tel rappel ne change rien au constat qu’on signale [“la Russie se prépare à la guerre”], pire encore il permet de mesurer l’aspect totalement verrouillé de cette psychologie collective du bloc-BOA, absolument entraîné dans la seule vision qu’on signale ici, – même si certains esprits, ici ou là, manifestent parfois des velléités de révolte contre ce déterminisme-narrativiste.)
• La logique de l’OTAN implique évidemment un renforcement continuel de l’Alliance sur son côté oriental, le long de la frontière russe. Là encore, il y a le fait présent et la cause du fait, et l’on retrouve la même approche que précédemment. Mais cette logique et cette raison sont perdues depuis longtemps dans le “bruit de fond” de la narrative alarmiste, largement alimentée par la pléthore de membres de l’Alliance (essentiellement sur son Est) sans responsabilité ni réelles puissances, et qui semblent n’exister que pour jouer leur rôle de boutefeu sans trouver la moindre résistance chez ceux qui sont censé exercer des responsabilités et cultiver la logique et la raison qui vont avec. Tout cela, – responsabilité, logique, raison, sans parler de “sagesse”, – a disparu depuis longtemps, aussi bien que la réalité elle-même. Ainsi le renforcement se poursuit-il, dans une atmosphère politique qui illumine l’âme du secrétaire général, le robot glacé et norvégien Stoltenberg (« I am actually very inspired by the meeting today... »).
• Il est par ailleurs évident, sans nécessité d’une analyse secrète de la planification des militaires du bloc-BAO ni d’un état d’âme du “SecGen”, que la Russie se prépare effectivement à la possibilité d’un conflit. Elle fait ce qu’il faut pour le montrer, notamment en nous détaillant le nouveau “monstre” qui va bientôt entrer en service, l’ICBM RS-28 Sarmat qui sera aisément le missile stratégique intercontinental le plus puissant qui ait jamais existé, avec autour de dix tonnes de têtes nucléaires (dix à quinze têtes selon le modèle et la charge, dont certaines à capacités inédites, avec des leurres pour tromper les défenses antimissiles). A côté de ce déploiement de modernisation et d’accroissement de puissance, dont le Sarmat n’est que le dernier signe en date, les Russes continuent à suivre une diplomatie de proposition de conciliation tout en expliquant que c’est l’activisme de Washington qui « a poussé la Russie dans une course à l’armement nucléaire, la forçant à développer ses systèmes d’attaque nucléaire » (Poutine).
• Le fait est donc que l’on discute désormais ouvertement de la possibilité d’une guerre entre les USA (au moins) et la Russie, d’une façon parfois presque technique. De même, le sentiment des chefs US sont diversement interprétés et diversement utilisés, selon ce qu’on le veut montrer ou démontrer. Ici, Jason Ditz, de Antiwar.com, les présente comme acceptant sans la moindre hésitation la probabilité d’une guerre, sinon la guerre d’ores et déjà acquise entre les USA et la Russie...
« With some Obama Administration officials openly advocating starting a war with Russia over Syria, it is noteworthy that a lot of top Pentagon officials are treating the conflict as all but inevitable. Army Chief of Staff Gen. Mark Milley hyped Russian modernization efforts, but declared that they “will lose to the American Army.”
» Russian officials have been cognizant of the possibility, insisting that Russia “can now fight a conventional war in Europe,” comments which Gen. Milley dismissed as “bluster, hubris, bravado.” and insisting that war with other nation-states “is almost guaranteed.”
» Joint Chiefs chairman Gen. Joe Dunford also complained about recent modernization efforts within the Russian military, claiming that they are threatening American interests with their capabilities, while Deputy Defense Secretary Bob Work referred to them as America’s “competitor.”
» Of course, the United States spends many, many times what Russia does on its military, but the fact that Russia has a proper military capable of defending the nation at all puts it in a total different category from most of America’s recent wars, and Russia’s massive nuclear arsenal makes it clear this is one war which, if the US launches it, they won’t be able to win outright. »
En fait, la caste des chefs militaires aux USA représente le milieu le plus énigmatique concernant la possibilité d’un conflit, et il est très difficile de déterminer un jugement sur le fait de savoir s’ils sont ou ne sont pas partisans d’un conflit, – et d’ailleurs en se demandant ce que cela signifie, à ce niveau, qu’“être partisan”. En effet, “être partisan” signifie qu’il s’agit d’un conflit dont on attend des résultats, des avantages, des acquis, alors qu’il s’agit d’une sorte de conflit où, selon une conception plus ancienne qui ne manquait pas de mesure et de sagesse, les conditions de réalisation sont telles que l’on parle d’une issue nécessairement catastrophique pour tous les protagonistes...
(Cela en souvenir de cette remarque que faisait Henry Kissinger, qui montre la différence entre le climat de la véritable Guerre Froide, beaucoup plus mesuré, beaucoup plus contrôlé, beaucoup plus rationnel, et celui de la période que nous vivons aujourd’hui, qui n’est en aucun cas une “Guerre Froide 2.0”, comme l’on dit souvent, parce que privée de toute la mesure, toute la maîtrise de soi qu’on était obligé de montrer. Au cours d’une discussion interne en 1973 sur les négociations SALT de limitation des armements stratégiques où les chefs militaires US disaient leur crainte de voir l’URSS acquérir “la supériorité stratégique” [nucléaire, certes] sur les USA, Kissinger s’exclama
« Mais au nom de Dieu, qu’est-ce que cela signifie, la supériorité stratégique, à un tel niveau de puissance ? »)
• Le sujet d’une possible Troisième Guerre mondiale est avec nous depuis mars 2014 et il ne quitte pas l’esprit des commentateurs, revenant régulièrement sous leur plume. On doit convenir que c’est une question vertigineuse et souvent l’on a du mal à penser qu’elle puisse se poser sérieusement, de cette façon, sans raison majeure sinon cet emportement psychologique extraordinaire, diluvien, hors de tout contrôle... Ainsi Pépé Escobar : ce n’est la première fois qu’il aborde, effectivement, cette vertigineuse question ; cette fois, il le fait à propos d’Hillary Clinton, et il s’emploie à démontrer par tous les arguments disponibles « Pourquoi Hillary ne déclenchera pas la Troisième Guerre mondiale », – la puissance de la Russie, “la faiblesse de la surpuissance” des USA, la raison finalement de ces acteurs extrême, tout y passe. Au terme, pourtant, un point d’interrogation angoissé...
« ...Moreover, as much as the Pentagon may continue to be infested by neocon cells, sound generals are also able to identify key Russian signals – such as the unveiling of the RS-28 Sarmat nuclear missile, which NATO calls Satan 2. The Sarmat delivers monster warheads of 40 megatons; boasts a top speed of seven kilometers per second; and is able to outfox any anti-missile shield system anywhere.
» Hot war? Hillary Clinton may have pulled a Julius Caesar over Gaddafi. But she’s realist enough to not pull a (nuclear) Hitler over Moscow. Or is she? »
Assistant à l’explosion de Trinity, la première bombe atomique, le 17 juillet 1945, James M. Farrel nota pour son compte-rendu officiel :
« Les effets lumineux défièrent toute description. Tout le paysage fut illuminé par une lumière écrasante d'une intensité plusieurs fois supérieure à celle du soleil de midi. Elle était dorée, mauve, violette, grise et bleue. Elle éclaira chaque pic, crevasse et crête de la chaîne de montagne voisine avec une clarté et une beauté qui ne peut être décrite mais doit être observée pour être imaginée... »
Bainbridge dit à Oppenheimer :
« Maintenant nous sommes tous des fils de pute. »
Oppenheimer dit qu’il avait pensé à ce verset du Bhagavad-Gita :
« Si dans le ciel se levait tout à coup la Lumière de mille soleils, elle serait comparable à la splendeur de ce Dieu magnanime... »
Plus tard, en 1965, pour la constitution des Atomic Archives, il précisa longuement en modifiant d’une manière significative la citation, passant de l’illusion de l’éclair à la pénombre de la méditation au bord des abysses du Mordor :
« Nous savions que le monde ne serait plus le même. Certains ont ri, certains ont pleuré. La plupart étaient silencieux. Je me suis souvenu d'une ligne du texte hindou, le Bhagavad Gita ; Vishnou essaye de persuader le Prince de faire son devoir et, pour l‘impressionner, prend son apparence aux multiples bras et lui dit : “Maintenant je suis la Mort, le destructeur des mondes”. Je suppose que nous avons tous pensé cela, d'une façon ou d'une autre. »
Peut-être avons-nous perdu ce qui fait le sens métaphysique de cette monstrueuse splendeur qu’est une explosion atomique et nucléaire, ce déchaînement de la Matière en une beauté qui prétendrait presque à la divinité de l’esthétique, – la Matière devenue Dieu. Tous ceux de la Guerre Froide qui suivit en avaient été marqués à jamais, n’ignorant pas qu’il y avait là-dedans à la fois quelque chose du sacré et quelque chose du sacrilège, et qu’ainsi l’homme et son pari faustien se trouvaient au terme de ce quelque chose d’inimaginable qui clôt une civilisation. Cet accident terrible se marquerait dans les bureaucraties et les stratègies par des doctrines d’interdiction d’emploi ou de non-emploi des armes nucléaires, dont la plus célèbre fut la doctrine MAD (Mutual Assured Destruction, l’acronyme pouvant aussi bien signifier “mad”, ou “fou” en anglais) énoncée par le secrétaire à la défense McNamara à Ann Harbor en 1964. Pour notre compte, pour ceux d’après la Guerre Froide, pour les hommes devenus mémoire-courte sinon mémoire-zéro, et devenus dirigeants-Système, il ne subsiste plus rien de ce souvenir, comme disparaît une mode liée à la seule écume des jours ; seuls les Russes, en tant qu’entité constituée à la forte tradition, gardent une mémoire vive de l’événement nucléaire...
Tout cela forme un territoire inimaginable pour l’esprit de celui qui a effectivement gardé la mémoire des choses. En effet, les termes nous manquent pour décrire le spectacle de ce monde prétendant à la recette de la civilisation-ultime, jouant comme un aveugle-drogué pris d’alcool avec une perspective qui recèle à son terme la possibilité du déchaînement de cette Matière devenue folle de la folie des hommes. La façon dont nous jouons, depuis plus de deux années précisément (depuis mars 2014), avec la possibilité d’un événement dont l’ultime issue peut être pour tous ce « je suis la Mort, le destructeur des mondes », sans jamais s’arrêter à ce fait-là, cette façon est absolument vertigineuse et passe toute explication rationnelle, toute compréhension de la logique de l’esprit. On ne peut que chuchoter, à-la-Poutine, “Mais comprenez-vous ce que vous êtes en train de faire ?”, sans espoir de voir s’allumer au fond de l’œil cette petite lumière rassurante qui nous dit que l’âme existe encore et qu’elle est prête à remplir son office ; au contraire, le silence de mort pour toute réponse, ou bien la vision hallucinée d’une Clinton martelant qu’elle, au moins, elle saura appuyer sur le bouton de l’arme nucléaire, contrairement à cette chose molle et pachydermique de Trump.
L’absence de pensée, de débat, d’argumentation, sur cet aspect du risque nucléaire dans cette longue crise de paroxysme de russophobie qui s’est ouverte avec notre agression en Ukraine nous suggère, dans le cadre pour nous avéré d’une pathologie indiscutable de la psychologie-Système collective, – “indiscutable” parce que ce qui dépend du Système ne peut être que cela, pathologique, – l’image d’un colossal épisode maniaque. Nous parlons de cet épisode de la pathologie nommée d’une maniaco-dépression (ou “trouble bipolaire” mais nous préférons l’énoncé initial qui établit une différence dans la hauteur au lieu de l’apparente neutralité scientifique des “deux pôles”)... Une maniaco-dépression réduite à l’épisode maniaque qui serait sans fin, cantonnée pour les élites-Système à l’exaltation à la fois jubilatoire et totalement halluciné par la terrorisation qu’exerce le Système, fille constituée dans l’épisode maniaque depuis la fin du XXème siècle et 9/11 ; cela, comme nous en faisons l’hypothèse dans notre Glossaire-dde.crisis du 15 mars 2015 :
« Ce fut cette direction politique, spécifiquement, qui réagit à 9/11 dans le sens maniaque. L’effet de l’attaque, qui démontrait la vulnérabilité des USA, le désordre de ses structures, fut [effectivement] de provoquer une production extraordinaire d’[hybris] comme l’on dirait de la production organique d’une masse imposante d’adrénaline... Cette réaction provoqua des distorsions psychologiques graves, entraînant la création d’un univers fictif relevant [en effet] de la mégalomanie, allant jusqu’aux épisodes bien connus de déclarations sur le fait que les USA désormais créait l’histoire à leur guise (“We’re an empire now, and when we act, we create our own reality“). Nous baptisâmes cette réaction “virtualisme” pour désigner l’“opérationnalité” de la chose, et il est évident que ce terme concerne l’activité maniaque en soi. C’est dire qu’il n’y aucune machination, aucune fabrication faussaire, – même s’il y eut complot, et alors ce serait un complot accomplissant effectivement un dessein métahistorique qui conduirait “l’Empire” à sa perte, – ce qui est manifestement la voie suivie avec un entêtement, également, absolument maniaque depuis plus d’une décennie. Il y eut donc bien, dans les directions politiques au service du Système (les autres suivant Washington, en rang d’oignons), un épisode maniaque qui dure encore... »
Bien entendu, cette dimension maniaque qui affecte la psychologie n’est, comme la psychologie elle-même, que la voie de passage, l’outil de l’affaiblissement et de l’inversion que subit l’esprit. Comme nous en faisons l’hypothèse dans le texte en référence, sa dimension spirituelle, ou plutôt anti-spirituelle, est manifestée par l’ouverture que l’épisode maniaque ménage à l’influence déstructurante et dissolvante qui caractérise le Système, c’est-à-dire l’opérationnalisation du Mal. De ce point de vue, et notamment selon cette perception de l’attaque contre la spiritualité, le fait nucléaire est particulièrement vulnérable dans ce qu’il a, dans les réactions humaines, d’agression contre le sacré comme on le distingue dans la réaction d’Oppenheimer, — à condition que subsiste ce sens du sacré. Ainsi s’explique-t-il que, par perte du sens du sacré que l’épisode maniaque rend aussi évidente que l’oxygène qu’on cesse de respirer, l’on perde la perception du sacrilège et, par conséquent, de l’opérationnalité de la destruction du monde que représente l’arme nucléaire. La perte du sens du sacré entraîne nécessairement la perte du sens de la possibilité de la catastrophe, ou disons de la menace cosmique qu’implique le fait nucléaire parce que seul le sens du sacré autorise la perception de la vérité du cosmos dans toute sa dimension hors des limites de notre perception.
La psychologie soumise à l’épisode maniaque est d’autant plus inclinée à écarter cette interprétation, donc la perception de la menace cosmique que représente le fait nucléaire, que l’arme atomique (puis nucléaire) telle qu’elle s’imposa à partir de 1945 et selon les remous terribles qu’elle provoqua dans le monde scientifique, marqua pour ce monde scientifique, et donc pour la notion du Progrès, la plus terrible mise en question qu’ait jamais connue la modernité. La psychologie est ainsi “protégée” de cette perception par l’épisode maniaque qu’elle expérimente, qui est alimentée par les armes du Système, particulièrement le système de la communication dans sa dimension-Système, ainsi que par les nécessités de la protection du mythe du Progrès. Ainsi en arrive-t-on à une situation où le fait nucléaire, dans toute sa dimension cosmique de menace catastrophique, tend inconsciemment à être nié, dans tous les cas dans le monde absolument inverti que représentent les directions et élites-Système du bloc-BAO. Il s’agit d’une situation absolument menaçante, comme on le comprend, sans aucun rapport ni avec la stratégie, ni avec les compétitions politiques au niveau des relations internationales.
L’aspect “positif“ (du point de vue de l’antiSystème) est que cette “situation absolument menaçante”, surtout étendue sur une période de temps considérable (depuis mars 2014) par rapport à ce qu’elle génère de tension permanente, contribue par cette tension à rendre de moins en moins opérationnelle pour l’avantage du Système les psychologies concernées. C’est en ce sens que nous persistons à avancer l’idée que plus dure, s’affirme et grandit cette tension littéralement cosmique, à la mesure de cette menace cosmique qu’est le nucléaire, – et elle ne fera que durer, s’affirmer et grandir puisqu’on ne cesse de parler de la possibilité d’une guerre nucléaire, – plus l’équilibre des directions-Système est menacé comme on peut le constater dans divers cas, et avec lui (l’équilibre) la capacité de maîtriser et de déclencher jusqu’à la décision finale la situation bureaucratiquement organisée que nécessite absolument la possibilité opérationnelle et planifiée d’un conflit nucléaire. (*) C’est donc cette même hypothèse dans sa dynamique conflictuelle qui est déjà évoquée le 3 mars 2014 lorsque nous nous faisons l’écho des premières évocations sérieuses d’un possible conflit nucléaire, deux semaines après le coup d’État de Kiev et alors que s’installe la possibilité d’une confrontation directe entre les USA/l’OTAN/le bloc-BAO et la Russie. Les facteurs constitutifs de cette dynamique que nous évoquions alors ont fortement changé depuis cette date référencée mais cette dynamique à double effet antagoniste, avec le dilemme qu’elle recèle, est aujourd’hui inchangée et elle est plus forte que jamais :
« Ainsi notre analyse est-elle que la possibilité du pire est en train de naître avec la crise ukrainienne... [...], qu’elle existe peut-être désormais, mais que cela ne signifie pas que l’évolution de la situation va nécessairement dans ce sens du pire exprimé en un conflit nucléaire inéluctable. Cela signifie d’abord la possibilité, sinon la probabilité de ce “formidable choc psychologique” qui devrait changer toutes les conditions du jugement et même, en amont de la réflexion, de la perception elle-même, et par conséquent du comportement, des décisions, de la soumission à des événements à la course complètement nouvelle et inattendue débouchant plus sur le désordre cul-par-dessus tête que par l’impasse de l’apocalypse. »
Ainsi, dans notre perception, la menace cosmique de la guerre nucléaire n’est pas une simple dynamique inéluctable et catastrophique de l’événement, c’est bien une dynamique à effet double antagoniste qui se constitue en une source de tension maximale (source non identifiée puisque filtrée par l’épisode maniaque et l’absence de mémoire) pour la psychologie des dirigeants-Système. Les nombreux épisodes catastrophiques pour le Système, jusqu’aux remous épouvantables de la candidature Trump avec pourtant l’évocation de la catastrophe nucléaire, renforcent selon notre analyse cette hypothèse. Cette fantastique indifférence au fait nucléaire ne peut avoir d’autre cause qu’une faiblesse devenue absolument pathétique de la psychologie, au rythme de l’aggravation incessante de la crise de l’effondrement ; mais cette faiblesse suscite également des vulnérabilités de plus en plus extrêmes aux poussées antiSystème, comme on le voit dans les élections USA-2016 ... (L’on doit bien comprendre que les USA, et le Système par conséquent, plongés dans le chaos ne seraient plus dans la situation opérationnelle, bureaucratique et planificatrice nécessaire à un affrontement nucléaire à cause des procédures extrêmement rigides qui sont établies, comme en témoigne indirectement l’avertissement du général Dunford.) Une course est engagée entre ces deux courants nés de la même dynamiques, et l'épisode USA-2016 nous montre que l’option la plus satisfaisante tient très largement la distance et a une belle réserve de souffle.
(*) Malgré les très nombreux incidents et accidents, provocations, interférences, crises, etc., qui ont marqué la Guerre Froide, on n’est jamais parvenu au seuil critique de l’emploi d’armes stratégiques nucléaires, même dans le cas d’un isolé selon l’exemple des films Dr. Strangelove/Dr. Folamour et Fail-Safe/Point Limite tournés dans la même période du début des années 1960. Cela implique effectivement l’existence de processus et de procédures bureaucratiques à cet égard, et la durabilité sinon la transmission par automatismes de ces processus et procédures qui font de l’usage de l’arme nucléaire un phénomène extrême, extrêmement difficile à mener à son terme.