Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
2615Ce texte intéressant et bien documenté représente une démarche à la fois importante et absurde. Rien ne dit que d’autres démarches, en sens contraire, ne soient pas également à la fois importantes et absurdes. Peu importe, finalement, dans un monde où cohabitent, en toute impunité, sans soulever la moindre objection fondamentale, sans inquiéter outre mesure, dans tous les cas officiellement ou dans les milieux scientifiques, plusieurs vérités bien structurées, cohérentes, semblant tenir sur leurs fondements. D’une façon générale, cette diversité ne soulève que bien peu d’interrogations, et des objections que dans la mesure où, ici ou là, elles transgressent l’un ou l’autre article de foi de sa propre vérité ; mais en général, on s’ignore...
Il s’agit d’un long texte du site WSWS.org sur la préparation d’un coup d’État militaire, plus spécifiquement avec l’aide des forces spéciales, du président Trump, par ailleurs battu à plate couture selon le site trotskiste. Ce n’est certes pas la première fois que WSWS.org attaque Trump sur ce terrain d’une entreprise illégale de coup de force, surtout sinon essentiellement durant les 18 derniers mois.
Auparavant, les attaques prenaient pour cible surtout le camp démocrate et le DeepState pour leurs tentatives de coup de force contre le président-élu Trump (Russiagate, diverses tentatives et pressions de déstabilisation en 2017 particulièrement), tout en gardant une distance très critique du même Trump. Dans cette confusion qu’on ne reprochera pas à WSWS.org, – tout le monde se trouve à la même enseigne, selon la ‘vérité’ choisie, – une ligne a fini par se dégager pour les trotskistes, tracée nettement dès la fin 2018 : le choix de porter tout le poids de l’attaque contre Trump qualifié de ‘fasciste’ et de ‘dictateur’ voulant installer un pouvoir personnel, – sans plus expliquer, d’ailleurs, pourquoi il ne l’avait pas fait jusqu’alors.
Cette ligne est aujourd’hui fermement verrouillée, mais elle se heurte à certaines contradictions. On mentionnera celles-ci :
• une position très nette a été prise en faveur des protestations de rue suivant la mort de George Floyd (BLM [Black Lives Matter], Antifas), contre les violences policières ‘fascistes’ attribuées à Trump. Ces protestations étaient attribuées par WSWS.org à une manifestation de mécontentement et de colère des classes pauvres et défavorisées, également contre les inégalités et les pressions des capitalistes. Pourtant le mouvement a été et est piloté essentiellement par BLM au nom des doctrines du Wokenisme, sociétales, indigénistes, LGTBQismes, etc., que WSWS.org repousse comme étant une diversion de l’affrontement de classe ; de même, ces manifestations avaient et ont le soutien d’une caste moderniste-progressiste des ultra-riches et des capitalistes du domaine (notamment les GAFAM, dont Facebook qui a suspendu l’accès à son compte de WSWS.org et poursuit le site d’une vindicte épouvantable) ;
• bien entendu, WSWS.org s’oppose au bellicisme impérialiste de la politiqueSystème, que Trump a tenté par intermittences de modérer. L’équipe de sécurité nationale de Biden, que WSWS.org défend de facto puisqu’il dénonce le(s) coup(s) d’État de Trump, est un extraordinaire rassemblement de bellicistes, neocon, R2P, etc., qui annoncent déjà une reprise renforcée de cette même politique avec une administration Biden ;
• WSWS.org soutient la politique de confinement généralisée développée par les démocrates, contre la politique de Trump, et cette position lui fait rencontrer dans nombre d’occurrences les intérêts de l’industrie pharmaceutique (Big Pharma) ;
• enfin, WSWS.org dénonce les démocrates essentiellement sinon exclusivement parce qu’ils ne dénoncent pas Trump comme étant un ‘fasciste’ et un ‘dictateur’.
On comprend bien toutes ces positions de WSWS.org mais on constate tout autant l’affluence et les pressions de ces contradictions dont les trotskistes ne veulent pas entendre parler au nom de la pureté de la doctrine. Ainsi le texte dénonce-t-il les “théories du complot” de Trump (« Trump et ses partisans mènent une campagne de propagande agressive pour délégitimer l’élection par des allégations mensongères de fraude électorale et des théories du complot de plus en plus fascistes ») en développant lui-même ce qui est d’une façon éclatante une “théorie du complot” à propos de la préparation d’un coup d’État militaire du président. Il y a certainement, sans le lmoindre doute, toujours l’un et l’autre complots en action par les temps qui courent, mais il est absurde de les qualifier selon une théorie dynamique étrange (« des théories du complot de plus en plus fascistes »), surtout lorsqu’il s’agit de Trump dans la position où on le voit aujourd’hui.
Cet activisme interprétatif de WSWS.org, qui veut à tout prix réorganiser la ‘réalité’ selon la conception trotskiste, n’a qu’un seul effet : la perte complète de la capacité d’analyse nécessaire dans ces temps de désordre. Ce sont effectivement des temps étranges, et il est plus que jamais nécessaire, et préférable dans tous les cas, de tenter d’identifier les mouvements convulsifs des uns et des autres, plutôt que de passer follement son temps à coller des étiquettes préfabriquées sur les dos inconscients des différents acteurs, en croyant fiévreusement que cela influencera les événements selon les lois historiques marxistes.
Effectivement, WSWS.org a totalement perdu la capacité d’analyse objective que nous lui connaissions, du temps où les trotskistes renvoyaient toutes les tendances de l’establishment dos à dos par multiplication. En prenant position au nom d’une chimère, – chimère parmi les chimères, – le site et ses trotskistes s’est totalement intégré au Système, dans la catégorie “idiots inutiles”. Du coup, il justifie et adoube involontairement toutes les initiatives en cours au sein du grand mouvement du Wokenisme, dont nous observions hier de quelle soupe néo-marxiste sans le moindre sens il prétend être la recette pleine de sens :
« Le ‘Wokenisme’ est, à [notre] sens, et sans peur et sans reproche d’être dénoncé par le ‘nonsèmes’ ou “non-sens”, l’installation opérationnelle ultime d’une catégorie de la pensée qui se tient dans le vide, au-dessus du néant, rythmant selon le rire sardonique de ce qui serait un plaisantin explosif et publié, l’abondance des restes de l’anéantissement d’une chimère incompréhensible. Tout ce baratin ne prétend pas seulement accrocher cette ‘école’ grandiose des déconstructeurs à ses descendants du début XXIème, nous précipitant de Badiou en Žižek pour nous faire déboucher sur le ‘Wokenisme’ ; il est là pour faire résonner les grands appels que nous dispense cette pensée-masquée, annonciatrice de l’ère covidienne... Ne cherchez pas de correspondance de sens là où il n’y a que le non-sens, mais cherchez plutôt les signes de l’ultime équipée de l’Effondrement du Système. Le ‘Wokenisme’ est une bonne piste à cet égard et il faut souhaiter qu’elle puisse mener à la destination promise, exactement comme l’on attendait que s’épanouissent les Cent-Fleurs (“Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent !”). Le ‘Wokenisme’ est l’entrée en majesté dans la gare du terminus, en croisement de Mao et Foucault. »
Par contre, et c’est dommage, WSWS.org a mis en évidence dans ce texte une information passée inaperçue, et certainement pas commentée pour ce qu’elle vaut : la création d’un commandement spécifique des forces spéciales, qui rendra compte directement au secrétaire à la défense au travers de son chef militaire. Il s’agit d’un arrangement un peu à l’image de celui du Corps des Marines, dépendant théoriquement de la Navy, mais qui a sa propre hiérarchie, et son chef siégeant à l’égal les trois autres chefs des trois services principaux au Comité des Chefs d’État-Major. Il sera très difficile de revenir sur cette décision (si un éventuel futur président Biden y songeait) ; il s’agit d’abord d’un acte bureaucratique, et l’on sait que la bureaucratie ne lâche jamais un avantage qu’elle a pu acquérir.
Ce nouveau commandement autonome, regroupant les forces combattantes les plus efficaces et les plus habituées aux situations incertaines, renforce une parcellisation des forces armées correspondante à l’évolution d’une situation de plus en plus insaisissable et incertaine des Etats-Unis, et aussi la possibilité que des factions au sein de ces forces armées décident des interventions autonomes dans la situation intérieure des USA. Ce n’est pas le ‘dictateur fasciste’ Trump que cette décision avantage, mais plutôt la possibilité d’un ‘Coup’ des militaires, ou d’une faction des militaires, dans le but d’établir un pouvoir militaire. Un tel projet en tant que tel n’a aucune chance d’aboutir aux USA, selon la structure, la mentalité, la tension psychologique de ce pays ; par contre il aurait toutes les chances ( ?) de pousser à une désintégration du pays ou à des sécessions en chaîne dans une situation de tension comme l’on en connaît actuellement
... Ci-dessous, publié sous le titre « Le remaniement du Pentagone vise à ouvrir la voie au coup d'État de Trump », le texte de WSWS.org du 23 novembre 2020, version française d’un texte de Bill Van Auken du 21 novembre en anglais.
_______________________
Alors que le président américain Donald Trump tente d’annuler les élections de 2020 par un coup d’État extra-constitutionnel, ni Biden, les démocrates ou les médias d’entreprise américains n’ont jugé bon d’alerter l’opinion publique américaine et mondiale sur les développements inquiétants au sein de l’armée américaine et de son centre de commandement du Pentagone.
President Donald Trump under enLe président Donald Trump lors d’un appel téléphonique avec les dirigeants du Soudan et d’Israël dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, le 23 octobre 2020, à Washington [Crédit: AP Photo/Alex Brandon] telefonsamtale med ledere i Sudan og Israel, i Det ovale kontoret i Det hvite hus i Washington, 23. oktober 2020 [Foto: AP Photo/Alex Brandon]
Ces derniers jours ont mis en lumière le schéma de ce coup d’État. Il ne s’agit pas seulement là des intentions de Trump, mais bien plutôt d’actions visant à exécuter ce coup d’État, qui se produisent en temps réel.
Vendredi, Trump a invité des législateurs républicains de l’État du Michigan à la Maison-Blanche, mettant en évidence une stratégie bien précise pour l’établissement d’une dictature présidentielle. Trump et ses partisans mènent une campagne de propagande agressive pour délégitimer l’élection par des allégations mensongères de fraude électorale et des théories du complot de plus en plus fascistes afin de donner un prétexte aux parlement d’État contrôlés par les républicains, comme le Michigan, pour répudier le vote populaire et sélectionner des électeurs pro-Trump.
Ils escomptent que cette opération extrajudiciaire finira devant la Cour suprême des États-Unis dont Trump a nommé un tiers des juges et où a déjà été crée un précédent par le jugement de 2000 dans l’affaire Bush contre Gore. Celui-ci avait mis fin au décompte du vote populaire en Floride et avait attribué la présidence au républicain George W. Bush, sans aucune opposition du Parti démocrate.
Une tentative aussi effrontée de renverser une élection provoquera inévitablement une résistance explosive, en particulier dans les zones urbaines fortement ouvrières où des millions de gens ont voté pour chasser Trump. Une telle attaque contre les droits démocratiques fondamentaux et les derniers vestiges de formes constitutionnelles de gouvernement ne peut se faire sans un recours à une répression massive.
C’est dans ce contexte qu’une cérémonie tenue mercredi à Fort Bragg, en Caroline du Nord, au siège du Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine — comprenant les Bérets verts, les SEALs de l’US Navy et d’autres unité d’intervention d’élite — constitue un avertissement extrêmement sérieux. Le nouveau secrétaire à la Défense «par intérim», Christopher Miller, y a annoncé l’élévation du commandement des opérations spéciales à un statut équivalent à celui des autres branches de l’armée, armée de terre, marine, armée de l’air, etc.
Comme l’a expliqué le site militaire en général bien informé breakingdefense.com: «Le point essentiel de cette transformation sera de faire en sorte que le plus haut responsable des opérations spéciales au Pentagone puisse s’adresser directement au secrétaire à la Défense sur… les questions opérationnelles, y compris les raids secrets contre des cibles de grande valeur. Le bureau n’aura plus à passer par l’appareil plus large de la DoD Policy pour atteindre le secrétaire».
Miller, qui a refusé de répondre aux questions des médias depuis son installation à la tête du Pentagone, a déclaré à un auditoire de troupes: «Je suis ici aujourd’hui pour annoncer que j’ai ordonné à la direction civile des opérations spéciales de me rendre compte directement, au lieu de passer par les voies bureaucratiques actuelles».
Miller n’a pas été confirmé par le Sénat américain, et ne le sera pas, à un poste qu’il occupe depuis un peu plus d’une semaine. Colonel à la retraite et officier des forces spéciales depuis 30 ans, il n’a aucune qualification pour occuper ce poste en dehors de sa loyauté indéfectible envers Trump.
Dans des circonstances normales, Miller céderait son poste à une personne nommée par Biden en à peine deux mois et, pendant l’interrègne, il collaborerait étroitement avec son remplaçant. Au lieu de cela, il annonce le changement le plus profond de la chaîne de commandement militaire de mémoire récente.
L’installation de Miller en tant que secrétaire à la Défense est le résultat d’une purge générale de la haute direction civile du Pentagone, initiée par Trump avec le congédiement via tweet du secrétaire à la Défense Mark Esper. La détermination de Trump à évincer Esper remonte à juin dernier où le président américain avait déployé des forces de sécurité fédérales et des troupes pour réprimer les manifestations anti-violence policière près de la Maison-Blanche. Il avait menacé d’invoquer la Loi sur l’Insurrection qui lui aurait permis d’envoyer des troupes dans les villes du pays pour réprimer les protestations de masse contre le meurtre de George Floyd par la police.
Esper, un ancien lobbyiste de l’industrie de l’armement, avait exprimé son opposition, déclarant qu’un tel déploiement de l’armée pour réprimer la population ne pouvait être ordonné qu’en «dernier recours». Sa position, partagée par le chef d’état-major des armées, le général Mark Milley, exprimait la crainte qu’un tel usage des troupes ne provoque une résistance incontrôlable et ne déchire l’armée. Depuis son éviction, Esper, Milley et le numéro trois du Pentagone ont tous fait des déclarations rappelant avec insistance au personnel militaire américain qu’il avait prêté serment à la Constitution.
De telles invocations n’auront aucun effet sur la cabale des loyalistes et semi-fascistes que Trump a placés en charge au Pentagone depuis l’élection. Lors d’une audience de confirmation pour un autre poste de sécurité nationale, Miller a clairement indiqué qu’il n’avait aucun scrupule à utiliser les ressources des services de renseignement fédéraux pour poursuivre les manifestants sur ordre de la Maison-Blanche.
Le nouveau chef civil des opérations spéciales, qui jouira désormais d’une collaboration directe et secrète avec le secrétaire à la Défense, sans être encombré par les «voies bureaucratiques», est un certain Ezra Cohen-Watnick, 34 ans, un politicien d’extrême droite. On l’a mis au Conseil national de sécurité en raison de ses liens politiques avec des gens comme l’ancien conseiller fasciste de Trump Steve Bannon, l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, fanatiquement anti-iranien et inculpé, et le gendre du président, Jared Kushner.
Le troisième poste du Pentagone, celui de sous-secrétaire à la politique, est occupé par Anthony Tata, général à la retraite et commentateur fréquent de Fox News, dont la précédente nomination à ce poste avait dû être retirée après sa dénonciation d’Obama comme «dirigeant terroriste», «candidat mandchou» et «musulman».
Miller s’est donné une figure similaire comme principal conseiller, le colonel en retraite Douglas MacGregor, un autre commentateur de Fox News. Ce dernier est connu pour avoir attaqué les pays européens qui avaient admis des «envahisseurs musulmans indésirables» déterminés à «transformer l’Europe en État islamique». Il a condamné les tentatives de l’Allemagne pour sa volonté de repentance dans l’Holocauste comme le produit d’une «mentalité malade» et a demandé la loi martiale et l’exécution sommaire des migrants à la frontière mexicaine.
Trump s’est particulièrement adressé aux forces d’opérations spéciales qui ont désormais un statut élevé dans la chaîne de commandement. L’année dernière, il est intervenu de manière agressive dans le procès militaire du Navy Seal Eddie Gallagher pour crimes de guerre en Irak. «Nous entraînons nos garçons à être des machines à tuer, puis nous les poursuivons quand ils tuent!» a-t-il protesté.
À la fin de sa campagne, cinq jours avant les élections, Trump s’est rendu à Fort Bragg pour des réunions à huis clos avec les troupes des forces spéciales et leurs commandants. Au vu des développements ultérieurs, il y a tout lieu de croire que le but de ce voyage était d’évaluer le niveau de son soutien au sein des unités militaires qui y sont stationnées et chez leurs commandants, et de discuter des plans d’une réponse armée à une explosion de résistance à son projet de voler l’élection et d’établir une dictature présidentielle.
La tactique employée par la Maison Blanche a été répétée d'innombrables fois à l'étranger sous des administrations démocrates et républicaines. Des allégations fabriquées de fraude électorale ont été utilisées pour justifier les coups d'État soutenus par les États-Unis, évincer des présidents et fomenter des «révolutions de couleur» entre autre au Honduras, en Bolivie, au Venezuela, en Ukraine et en Géorgie.
Aujourd’hui, ces mêmes méthodes sont appliquées aux États-Unis mêmes, dans les conditions d’une crise économique et sociale insoluble, caractérisée avant tout par des inégalités sociales stupéfiantes et exacerbée par la pandémie de COVID-19, par l’«immunité collective» et la politique de retour au travail homicides de la classe dirigeante capitaliste.
Biden et le Parti démocrate craignent une éruption de protestations populaires et une résistance de masse venue d’en bas contre Trump et ses alliés conspirateurs bien plus que le danger de coup d’État et de dictature. Quelles que soient leurs différences tactiques avec Trump, ils représentent les intérêts de Wall Street et de l’appareil militaire et de renseignement.
La classe ouvrière doit intervenir dans cette crise sans précédent en tant que force sociale et politique indépendante, en s’opposant aux conspirations de la Maison-Blanche de Trump et de ses alliés militaires par les méthodes de la lutte des classes et la lutte pour la transformation socialiste de la société.