Le déclin du dollar ou la fin de l’orgueil de la puissance

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Il est vrai qu’en matière économique, qui est le domaine de la “science sociale” (l’économie) la plus rocambolesque du monde, nous faisons notre profession de foi de l’affirmation de l’importance écrasante du facteur psychologique. Ainsi, sans aucun doute, du déclin du dollar. D’où l’intérêt critique que nous attachons au texte du 24 décembre du Washington Post qui démarre en parlant du déclin du dollar comme s’il n’allait pas citer une seule fois la valeur actuelle de la monnaie US ni parler de ses problèmes immédiats, bref comme s'il allait en venir à l'essentiel. L’article est présenté comme traitant du “déclin du dollar depuis 2000”, ce qui est une vision plus significative que les soubresauts des deux derniers mois. Certes, il s’agit d’une perception, comme celle que nous restitue l’économiste C. Fred Bergsten, cité dans l’article.

«“The dollar was the dominant force in world economics for 100 years – we had no competition,” said C. Fred Bergsten, an American economist and director of the Washington-based Peterson Institute for International Economics. “There was no other economy close to the size of the United States. But all that is now changing.”»

L’article évoque encore bien ce qu’il promettait, par une ligne ou l’autre («The chink in the dollar's armor has dealt a blow to American pride – at least to the kind of pride that comes with buying power.»), – il évoque ce sentiment de puissance, cette manifestation constante de la fierté américaniste, cette conception d’exercer ainsi un empire sur le monde, qu’a constitué le dollar dans la psychologie américaniste. Cela fut sans doute bien plus fort que le fracas des armes, qui s’abîme aujourd’hui dans l’incertitude la plus atroce. Pour l'essentiel, le déclin du dollar n’a rien à voir avec l’économie. A contrario, il nous dit tout sur la psychologie américaniste, sur les conceptions américanistes, sur cet artefact étrange de l’Histoire dont Tocqueville disait, dans ses carnets de Voyage en Amérique, au 1er juin 1831 (le souligné est de l’auteur lui-même): «Il n’existe point ici de souvenirs communs, d’attachements nationaux. Quel peut donc être le seul lien qui unisse les différentes parties de ce vaste corps ? L’intérêt

Ainsi ce fait absolument mercantile est-il devenu absolument une “valeur”. Comment voudrait-on que cela puisse résister à l’Histoire, à part au gré de circonstances trompeuses et factices (la victoire de 1945 et la Guerre froide)? A part cette remarque ou l’autre que nous avons mise en évidence, l'article nous restitue pour l'essentiel (!) une analyse caricaturale, une analyse américaniste, incapable de saisir l’essence de la chose, du déclin du dollar. Il ne fait que laisser deviner à ceux qui s'en préoccupent l’essentialité du phénomène. L'essentiel est évoqué ici et là, exactement comme s’il s’agissait de l’accessoire. C’est une bonne mesure de notre temps.

«The sharp decline of the U.S. dollar since 2000 is affecting a broad swath of the world's population, with its drop on global markets being blamed at least in part for misfortunes as diverse as labor strikes in the Middle East, lost jobs in Europe and the end of an era of globe-trotting rich Americans.

»It marks a shift for Americans in the global economy. In times of strength, a mightier dollar allowed Americans to feed their insatiable appetite for foreign goods at cheap prices while providing Yankees abroad with virtually unrivaled economic clout. But now, as the United States struggles to fend off a recession, observers say the less lofty dollar is having both a tangible and intangible diminishing effect.

»“The dollar was the dominant force in world economics for 100 years – we had no competition,” said C. Fred Bergsten, an American economist and director of the Washington-based Peterson Institute for International Economics. “There was no other economy close to the size of the United States. But all that is now changing.”»

( …)

»The chink in the dollar's armor has dealt a blow to American pride – at least to the kind of pride that comes with buying power.

»Nowhere is that more visible than with Americans overseas. “It's changed our lifestyle,” said Lauren Amlani, 48, who moved to Paris from California with her husband and young son in March 2006. “A meal with pizza and drinks for the three of us comes to over $75. That's ridiculous!”

»Amlani's husband, Aslam, a project manager at Disneyland Paris, is paid in dollars. To compensate for the plunge of the dollar against the euro, the Amlanis are buying clothes and electronics in the United States and hauling them back to Paris.

»With the exception of November, when the dollar dropped sharply after bearish remarks by Chinese officials, the fall has been gradual. It is unclear what will happen in the future. The dollar has fallen because of a combination of fears over the U.S. economy, including the subprime mortgage crisis that may worsen.»


Mis en ligne le 26 décembre 2007 à 09H17